Le PLF-2019, « une ébauche de la mise en place du nouveau modèle de développement socio-économique »
Le projet de loi de finances (PLF-2019), qui accorde la priorité aux politiques sociales, devrait jouer le rôle d' »une ébauche de la mise en place du nouveau modèle de développement socio-économique« , a souligné Omar Hniche, professeur de l’enseignement supérieur à l’Université Mohammed V de Rabat.
Ce texte est « censé asseoir les bases du renouveau du modèle économique dont la finalité majeure est la conciliation entre une croissance économique forte, durable et inclusive, une satisfaction des besoins des citoyens et de toutes leurs attentes et une réduction des inégalités sociales et des disparités entre les territoires« , a relevé Hniche dans un entretien accordé à la MAP, à l’occasion de la rentrée économique marquée par la publication de la note de cadrage du PLF.
Cette note, à vocation essentiellement social et économique, place les politiques sociales au centre des priorités de l’action de l’Etat, notamment dans l’enseignement, la santé et l’emploi, a-t-il fait observé, expliquant que « l’objectif visé est d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, en particulier celui de la classe moyenne et des couches sociales en situation précaire, de réduire les inégalités sociales et les disparités entre les territoires et de réaliser la justice sociale« .
Ce document met aussi l’accent sur la poursuite des réformes sectorielles avec une convergence des stratégies y afférentes, le soutien à l’investissement et le rehaussement de la compétitivité de l’entreprise et du secteur productif, tout en veillant à la préservation des équilibres macro-économiques (stabilité du déficit budgétaire et maitrise du volume de l’endettement par rapport au PIB), a ajouté le professeur universitaire.
Également directeur du Centre interdisciplinaire de recherche en performance et compétitivité (CIRPEC) et chef du département d’Économie et de gestion à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociale-Souissi, Hniche relève que l’enjeu majeur du PLF-2019 est de concilier croissance économique, bien-être des populations et justice sociale, d’assurer une égalité des opportunités à tous les citoyens et d’atténuer les inégalités économiques, sociales et territoriales.
« Au rang des mesures primordiales du PLF-2019, la réforme de l’enseignement, conformément à la Vision stratégique 2015-2030 et l’adoption par le Parlement du projet de loi-cadre visant une nouvelle gouvernance du système éducatif, avec la mise en place des décrets d’application et des arrêtés nécessaires à sa concrétisation« , a-t-il souligné.
Et de noter qu’il est attendu une refonte des programmes visant le soutien de la scolarisation, la lutte contre le décrochage scolaire, la généralisation du préscolaire et de l’enseignement fondamental, outre la démocratisation de l’enseignement « pour que l’école marocaine soit une institution de l’égalité des chances avec une éducation intégrée et solidaire dépourvue de toute discrimination« .
Il est aussi prévu une révision des contenus et des programmes pédagogiques, une refonte de l’enseignement supérieur et une promotion de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, a fait remarquer Hniche.
→ Lire aussi : Projet de loi de finances 2019: l’exécutif espagnol en quête d’un compromis
Une autre mesure prioritaire de ce texte, a-t-il poursuivi, concerne la réforme du système national de santé qui vise à généraliser la couverture médicale aux professionnels, indépendants et non-salariés, à garantir un accès équitable de l’ensemble des citoyens à des services médicaux de qualité sans disparité entre milieux et régions, ainsi qu’à procéder à une révision profonde du Régime d’assistance médicale (RAMED).
En outre, le directeur du CIRPEC a souligné que le PLF-2019 se focalisera sur la promotion de l’emploi qui reste « confrontée aux déséquilibres structurels que connaît le marché du travail« , précisant qu’il « est envisagé de mettre en place des actions visant le financement pour les jeunes porteurs de petits projets et de projets innovants et l’amélioration des mécanismes de médiation et de soutien de l’auto-emploi« .
Hniche a aussi passé en revue d’autres mesures et actions prioritaires du projet de loi portant notamment sur l’encouragement de l’intégration du secteur informel au tissu économique, le renforcement de la compétitivité du secteur privé et la mise en place de politiques sectorielles cohérentes.
Il s’agit aussi d’une restructuration approfondie des programmes et des politiques nationales de soutien et de protection sociale, avec la mise en place du Registre social unique et le lancement de la 3è phase de l’Initiative nationale pour le développement humain, de l’engagement et/ou la poursuite des réformes dans plusieurs chantiers : fiscalité, régimes de retraite, lutte contre la corruption, gouvernance des prestations de l’administration et des entreprises publiques, fonctionnement des centres régionaux d’investissement, le secteur vital de l’eau, la justice, la promotion des droits de l’Homme, la régionalisation avancée et la gouvernance territoriale.
« Les attentes sont nombreuses et les retombées potentielles sont importantes« , fait observer Hniche, soulignant en ce sens la nécessité d’ »une consolidation du rôle social du secteur privé ainsi que la responsabilité sociale et citoyenne des entreprises privées, d’une réorganisation des territoires et d’une régionalisation efficace, source de développement économique et de satisfaction du bien-être social et économique des citoyens avec une administration régionale forte par ses ressources, ses moyens et ses compétences« .
Il a également mis l’accent sur l’importance de l’efficacité du système économique et des politiques publiques et la convergence des stratégies sectorielles, la modernisation de la société et le renforcement de l’Etat de Droit, le développement du capital humain et le renforcement du capital social.
« La concrétisation des réformes et des engagements sociaux induira des coûts importants et des dotations financières conséquentes. Pour tenir ses engagements, le ministère des Finances sera dans l’obligation de transférer des sommes importantes du budget général vers le financement des priorités sociales. A cela s’ajoutent les coûts liés à la poursuite de la réforme d’autres chantiers« , a relevé Hniche.
« Le grand défi du gouvernement est de trouver les ressources financières suffisantes pour honorer tous ces engagements avec une rationalisation des dépenses publiques, une optimisation des ressources fiscales avec une fiscalité juste, équitable et rentable, et une bonne gouvernance des finances publiques« , a-t-il conclu.