L’étrange coup de poker de Mustapha Ramid ou le torpillage d’un processus électoral

Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des libertés serait-il en train de jouer à l’apprenti-sorcier ? Tout à son émerveillement empathique pour les réseaux, ne violerait-il pas la règle de réserve et de la discipline gouvernementale ? En publiant sur sa page Facebook un post pour dénoncer son « écartement » de la Commission de coordination pour la supervision des prochaines élections législatives, il pèche par un double déni : celui du procédé choisi pour le faire savoir, celui ensuite de fourvoyer les citoyens dans ce qui pourrait être interprété comme une manœuvre dilatoire pour discréditer et la Commission de coordination et l’enjeu national du scrutin.

Mustapha Ramid a affirmé qu’il n’était pas consulté, et le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a démenti ce post de la manière la plus ferme, dans une déclaration qui se veut solennelle, officielle et ferme. Dans une déclaration à notre confrère Le360, il rappelle que « ce n’est pas la première fois que je travaille avec M.Ramid dans le cadre d’une commission. Sa Majesté le Roi nous a assigné la mission de travailler dans le cadre de cette Commission et être à la hauteur de cet important rendez-vous démocratique que notre pays attend le 7 octobre prochain » ! Autant dire que la présence du ministre de la Justice et des libertés dans cette instance, en ce moment crucial et en conformité avec les règles de la loi, est plus qu’effective.

Le ministre de l’Intérieur s’est fait donc un devoir – et bien sûr un point d’honneur – de mettre en exergue la place de son confrère de la Justice et de lui rappeler sa mission et son engagement définis par les instructions royales. Il a confirmé s’être entretenu avec lui, dans le cadre d’une séance de travail, précisant qu’il a eu « un échange avec lui et décidé de rester mobilisés dans le cadre de la mission que nous a confiée Sa Majesté le Roi ». L’attachement au respect du processus pré-électoral a donc été réaffirmé entre les deux hauts responsables, le ministre de la Justice et des libertés ravalant ainsi la teneur de son post sur Facebook où il laissait entendre qu’il se « dégageait de toute responsabilité dans le cadre des préparatifs des élections législatives du 7 octobre, regrettant ne pas être consulté à cet égard, contrairement aux élections communales du 4 septembre 2015 ».

Le post sur Facebook de Mustapha Ramid , la mise en cause des préparatifs de la campagne, au prétexte fallacieux qu’il n’y serait pas associé et consulté constitue un précédent plus que grave. Jamais responsable de ce haut niveau, membre du gouvernement de surcroît, membre qui pèse de son poids de la Commission de coordination, désigné par le Souverain, n’est autorisé à mettre en doute les préparatifs de la campagne pour l’un des plus importants – ou le plus important – scrutins d’une nation démocratique. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les conséquences de ce dérapage de Mustapha Ramid qui eut pu mettre en péril non seulement le processus électoral, mais la confiance que le peuple marocain lui fait…Sans compter le discrédit qu’encourait notre système démocratique sur la scène internationale.

 

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