A Berlin, le G20 lie investissements en Afrique et frein aux migrations

Plusieurs dirigeants africains sont attendus lundi à Berlin, l’Allemagne voulant saisir l’opportunité de sa présidence du G20 pour attirer les investissements vers l’Afrique, étape nécessaire pour réduire les migrations vers l’Europe.

« Avec cette conférence du G20 Afrique, nous offrons aux pays africains une plateforme pour entrer en contact avec des investisseurs et renforcer l’engagement du secteur privé en Afrique », a expliqué le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble dans un communiqué.

Déjà en mars, lors d’un sommet du G20 Finances, les grands argentiers des principales économies du monde avaient convié leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie à se joindre à eux pour mettre sur pied ce partenariat baptisé « Compact with Africa ».

Cette fois-ci, à moins d’un mois du G20 de Hambourg (nord) et dans une démarche qui se veut ouverte « à tous les pays africains », le Ghana et l’Ethiopie se joignent à cette initiative et les dirigeants du Niger, d’Egypte ou encore du Mali, ainsi que le président de l’Union africaine, le Guinéen Alpha Condé, seront aussi reçus par la chancelière Angela Merkel qui ouvrira la conférence lundi après-midi.

Seul un pays du continent, l’Afrique du Sud, fait partie du G20. Et jusqu’à présent, le développement économique africain n’avait jamais vraiment été à l’agenda des principales économies mondiales.

Si le ministère allemand du Développement a annoncé lundi 300 millions d’euros d’aides supplémentaires aux pays notamment soucieux de lutter contre la corruption, cette priorité à l’Afrique voulue par Mme Merkel ne se veut pas un plan d’aide avec argent public mis sur la table mais « une opportunité d’attirer les investissements, les bénéfices et les emplois », selon un responsable du ministère des Finances.

Plus d’une centaine d’investisseurs sont attendus lundi et mardi à Berlin, mais aussi les institutions financières internationales censées apporter un soutien technique aux Etats dans leurs réformes.

Dans une Allemagne qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile ces dernières années, essentiellement de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, et face à une Union européenne qui ne semble pas jusqu’ici en mesure de stopper l’afflux des migrants, pour beaucoup subsahariens rejoignant les côtes italiennes depuis l’instable Libye, Angela Merkel veut s’attaquer aux causes de la migration en offrant des perspectives aux populations dans leurs pays mêmes.

En voyage à l’automne 2016 au Mali et au Niger, pays de transit pour nombre de migrants, et en Ethiopie, où siège l’Union africaine, la chancelière avait affirmé que « le bien-être de l’Afrique (était) dans l’intérêt de l’Allemagne ».

« Il est décisif que se construisent la paix, le bien-être, le développement et la croissance dans les pays d’origine des migrants », a également plaidé la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, dans le quotidien Handelsblatt.

Pour l’ONG One, l’initiative allemande dans le cadre du G20 est à saluer mais « les propositions actuellement sur la table sont insuffisantes » car trop tournées vers les Etats les plus solides et trop concentrées sur les investissements privés.

Samedi, environ un millier d’opposants à la mondialisation ont défilé dans la capitale allemande clamant « l’Afrique n’est pas à vendre » et critiquant la réunion de Berlin comme une nouvelle tentative pour mettre la main sur les ressources africaines.

« Pour offrir des perspectives d’avenir aux 450 millions de jeunes Africains qui arriveront sur le marché du travail dans les 20 prochaines années, les Etats africains doivent certes faire des réformes et des investissements mais le G20 doit aussi augmenter ses aides publiques pour les secteurs clés comme l’éducation », juge One.

Selon son dernier rapport, d’ici 50 ans, le continent africain comptera plus de jeunes que tous les pays du G20 réunis.

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