Accusée d’espionnage, Kaoutar Fal a décidé de porter plainte contre l’Etat belge

Par Saad Bouzrou

Kaoutar Fal, présidente d’associations et influenceuse marocaine, était détenue, le 29 mai 2018, pendant 56 jours dans le centre fermé de Caricole, en Belgique. Les autorités belges lui ont reproché d’être une « espionne du Maroc ». Une accusation sans fondement que la marocaine de 32 ans a décidé de contester en attaquant en justice l’Etat belge devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg.

Une détention arbitraire

La détention par l’Etat belge de Kaoutar Fal dans un centre fermé près de deux mois, a été à deux reprises, jugée illégale par les tribunaux belges et par la Sûreté de l’Etat de la Belgique. La jeune marocaine qui disposait d’un visa Schengen valable jusqu’au mois de décembre 2019, a été arrêtée par la police à son arrivée à Bruxelles, le 29 mai 2018, dans l’aéroport Charleroi, en plein mois de ramadan. « Contrairement à ce qui a été dit, je suis rentrée volontairement au Maroc, j’ai acheté moi-même mon billet, et j’ai décidé de poursuivre l’Etat belge en justice pour le préjudice que j’ai subi pendant les 56 jours passés dans le centre fermé de Caricole, où j’étais privée de tous mes droits et de mes affaires. Cela constitue une violation des Droits de l’homme », nous a-t-elle confié.

Les autorités belges l’ont détenue sous prétexte qu’elle « représente un danger pour la sécurité nationale ». Un chef d’accusation dénué de fondement et sans preuves. Elle a décidé donc, par le biais de son avocat Julien Hardy, de déposer une requête contre l’Etat belge devant la CEDH, « J’ai décidé de les poursuivre en justice, parce que je considère que c’est la moindre des choses. Je leur demande de réparer les dommages qu’ils m’ont fait subir et présenter une excuse officielle vis-à-vis de ma personne ». nous a-t-elle dit.

Elle a affronté, parce que partir était lâche

Kaoutar Fal considère que quelques médias marocains n’ont fait que reprendre, au moment de sa détention, le récit relayé par les autorités belges qui l’ont arrêtée arbitrairement, « j’étais beaucoup attaquée par quelques médias qui ne connaissent rien du dossier et qui ont inventé des histoires. Je dois leur préciser que je pouvais rentrer au Maroc parce qu’on ne m’a pas forcé à aller dans un centré fermé, mais j’ai considéré que partir était lâche. J’ai décidé donc de rester et de les affronter parce que je suis innocente ».

Qu’est ce qui avait motivé la décision des autorités belges ? Mme Fal précise qu’ils ont « un problème avec les jeunes nord-africains qui réussissent, ils ne savent pas que nous avons aussi au Maroc de bonnes écoles, qu’on peut recevoir une bonne éducation, qu’on a de la motivation, de la ténacité et de la persévérance, et qu’on peut réussir notre vie et on peut faire de l’influence et du lobbying » avant de se poser la question de savoir « pourquoi ils ne se plaignent pas quand les Américains, les Russes ou les Chinois font du lobbying ? Parce qu’ils ne viennent pas de l’Afrique ? ».

Rappelons à cet égard que Kaoutar Fal était la première marocaine à faire la promotion de la région de Dakhla au sein du Parlement européen. En outre, l’hymne national marocain a été chanté pour la première fois à l’hémicycle européen à l’occasion de l’un de ses événements.

Outre les ONG autrichiennes et allemandes qui l’ont soutenue au moment de son arrestation illégale et arbitraire, le gouvernement autrichien demande aujourd’hui des explications par rapport à son cas aux autorités belges.

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