Affaire de pédophilie à Casablanca : « la Hchouma » et « la misère » font taire les familles des victimes

Il y a quelques mois, la ville de Casablanca a été secouée par un scandale de pédophilie. Connu sous le nom du « pédophile de Lissasfa », l’accusé est désormais poursuivi en justice pour 7 cas de viols d’enfants présumés. Au total, 20 enfants seraient victimes d’agression sexuelle, dans le cadre de cette affaire, mais, la plupart des familles préfèrent garder leur mutisme que le coupable aurait racheté, contre une somme d’argent symbolique.

En octobre dernier, les Casablancais ont été secoués par une affaire de pédophilie, dans le quartier de Lissasfa. Une vingtaine d’enfants seraient victimes de viols répétés, dans cette affaire, plusieurs d’entre elles sont âgées entre 5 et 10 ans.

Aujourd’hui, l’affaire est entre les mains de la justice. Mais les familles des victimes, elles, issues de milieux extrêmement défavorisés, n’ont pas eu le courage de prendre la défense de leurs enfants, d’ailleurs, seulement 7 familles ont poursuivi le coupable.

Pour comprendre les tenants et les aboutissants de l’affaire, MAROC DIPLOMATIQUE a pris contact avec un avocat membre du Comité de défense des victimes. Maître Dakkar Abdelfatah nous a confié que, « d’après les déclarations des victimes, l’accusé serait venu, de temps à autre, chercher ses victimes devant l’établissement scolaire où elles poursuivent leurs études. Il savait très bien que la population qui habite dans le quartier de Lissasfa est défavorisée et profitait de ce fait».

Il poursuit : « en contrepartie de ses actes odieux, ce pédophile aurait donné à ces enfants une somme de 10 à 15 dirhams ou bien des bonbons et des sandwichs  ».

Cette affaire répugnante n’a pas encouragé les familles à dénoncer cette horreur, bien au contraire, quelques-unes d’entre elles se sont carrément désistées. L’avocat de la défense explique que la situation sociale défavorisée de ces familles et la « Hchouma » seraient derrière leur désistement. Selon la même source, « ces familles ont été soudoyées par des sommes de 500 à 1000 dirhams de la part du pédophile, qui leur auraient suffi pour se désister ».

En revanche, le dossier n’a pas laissé la société civile indifférente, notamment l’association Jood, qui a pris le relais pour trouver un avocat pour une maman dont les filles seraient victimes dans cette affaire, ainsi que des pédopsychiatres qui ont offert leur suivi.

Interrogée sur cette affaire, la présidente de l’association, Hind Laidi, affirme sur une note amère que « la situation est tellement désolante. Il s’agit d’une population illettrée, qui n’est même pas consciente de l’importance de défendre ses enfants et de veiller à ce que justice soit faite pour leur équilibre psychologique ».  Et d’ajouter que : « le quartier de Lissasfa comporte 800.000 habitants, dont la plupart vivent dans la précarité totale ».

Par ailleurs, la dernière audience s’est tenue le mardi 7 janvier mais le procès a été reporté pour le 28 du mois courant. D’après Maître Dakkar, « la Cour a reporté le procès pour que les avocats puissent jeter un coup d’œil sur le rapport des médecins légistes et que les familles des victimes, ayant porté plainte, soient toutes présentes lors de la prochaine audience ».

Entendu dès octobre dernier dans le cadre de cette affaire, où il est poursuivi en état d’arrestation, l’accusé risque d’encourir une peine allant jusqu’à 10 ans de prison voire même plus, d’après l’avocat de la défense.

Malgré les efforts déployés par l’Etat pour lutter contre ce fléau, la pédophilie fait toujours, et de façon de plus en plus inquiétante, partie des maux les plus révoltants et abjects qui s’abattent sur notre société.

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