Affaire Hamieddine : les magistrats répliquent au PJD

Par voie de communiqué, le club des magistrats du Maroc rejette « toute forme d’ingérence du politique dans le judiciaire ». Cette riposte intervient trois jours après la sortie médiatique virulente de Mustapha Ramid au sujet de l’inculpation de Abdelali Hamieddine dans l’affaire de Aït Ljid Benaïssa.

Les magistrats réagissent aux propos virulents exprimés sur facebook par le ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme, Mustapha Ramid au sujet de l’inculpation de Abdelali Hamieddine, par le juge d’instruction près de la Cour d’appel de Fès, pour « participation à un homicide volontaire» à l’assassinat en 1993 de l’étudiant Mohamed Aït Ljid Benaïssa.

Par voie de communiqué, le bureau exécutif du club des magistrats du Maroc, qui a tenu une session ordinaire le jeudi 13 décembre 2018, rejette toute forme d’ingérence du politique dans la justice.

Dans son communiqué, publié sur son site internet, (www.club-magistrats-maroc.com), le club rejette « toutes  formes d’ingérence dans les affaires portées devant la justice et toutes tentatives en vue d’influencer ses décisions, quelle que soit leur origine ». Et ce pour « assurer et renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire, dans le respect de la Haute volonté royale et de la constitution ainsi que les conventions internationales ».

Le club appelle ainsi « les autorités chargées de l’application des lois, en particulier le Conseil supérieur de la magistrature, de s’acquitter de leurs fonctions en matière de protection des juges ». Il s’appuie sur  l’article 39 de la loi organique sur le statut des juges qui stipule que « les magistrats bénéficient de la protection de l’Etat contre les menaces, attaques, outrages, injures, diffamations ou toute agression quelle qu’en soit la nature dont ils peuvent faire l’objet pendant l’exercice de leur fonction ».

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Le Club des magistrats du Maroc a tenu à souligner dans son communiqué son « attachement au principe de l’innocence de l’accusé et le droit à un procès équitable, garantis conformément aux chapitres 117, 119 et 120 de la constitution ».

Une source au sein du club, contacté par Maroc diplomatique et qui a refusé de décliner son identité, a précisé que « le communiqué n’est pas une riposte aux propos de Mustafa Ramid ». « D’ailleurs, le communiqué ne nomme personne », poursuit-il. Or, le timing du communiqué semble bien étudié.

La réaction du club des magistrats du Maroc, présidé par Abdellatif Chentouf, intervient trois jours après la sortie médiatique de Mustapha Ramid.

Dans son post daté du 10 décembre, le ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme dit avoir reçu, « avec grande surprise l’inculpation, par le juge d’instruction près de la Cour d’appel de Fès, de Abdelali Hamieddine pour « complicité » dans le meurtre de l’étudiant gauchiste Mohamed Aït Ljid Benaïssa en 1993.

Cette décision, renchérit le ministre péjidiste, constituera « un renversement du parcours de la Justice au Maroc ».

Dans la soirée du 10 décembre, le PJD publie un communiqué, signé par son secrétaire général Saad Eddine El Othmani, dans lequel il exprime sa colère quant à la décision du juge d’instruction de la Cour d’appel de Fès de poursuivre Hamieddine, alors que « la justice avait déjà rendu son verdict en 1993 ». Le PJD a annoncé la constitution d’une commission spéciale qui sera présidée par Mustapha Ramid. Elle aura pour mission « le soutien et l’appui nécessaires à Abdelali Hamieddine» pendant son procès.

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