Affaire Ikram : justice indispensable pour la réparation psychique de la victime

Ikram, la fillette de 6 ans  qui a été violée par un quadragénaire dans un village situé dans la province de Tata. Son histoire a secoué l’opinion publique ces derniers jours. Une affaire de pédophilie qui nous rappelle, encore une fois, la nécessité de rendre justice à l’enfant comme étant « une partie intégrante du processus de la réparation psychique ».

A cet effet, nous avons fait réagir la pédopsychiatre Imane Oukheir, qui insiste sur le fait que la poursuite judiciaire est primordiale pour la réparation psychique de l’enfant afin qu’ « il réapprenne à faire confiance au système, à l’adulte et en lui-même et personne n’a le droit de décider à la place de l’enfant  ni d’abandonner ses droits », précise-t-elle.

« Le procès judiciaire est une partie intégrante du processus de la réparation psychique, c’est ce qui permet à l’enfant de tirer le rideau sur cette expérience douloureuse et de retrouver la paix intérieure », explique docteur Oukheir, en signalant que dans le cas contraire, « la non-réparation des dommages alimente l’envie de vengeance chez l’enfant ».

Quelle prise en charge pour les cas comme celui de Ikram ?

« La prise en charge consiste à aider l’enfant à mettre des mots sur leurs émotions afin de prévenir l’installation d’un syndrome psycho-traumatique, or, les enfants peuvent dans certains cas se sentir coupables et complices de ce qui leur a été infligé », explique la pédopsychiatre, en indiquant que le rôle du thérapeute consiste ainsi à aider les victimes à « se déculpabiliser, responsabiliser l’agresseur de leurs souffrances et arrêter d’idéaliser le monde des adultes, et comprendre que certains peuvent avoir un comportement malsain ».

Les parents doivent aussi bénéficier d’une prise en charge, d’après docteur Oukheir, pour qu’ils puissent « comprendre la souffrance de leurs enfants ».

→Lire aussi : Affaire Ikram : une nouvelle audience le 23 juillet

Les lourdes conséquences des viols subis dans l’enfance…

Quant aux séquelles psychologiques que l’abus sexuel peut laisser chez les enfants, docteur Oukheir explique qu’il s’agit d’« un psycho-traumatisme qui risque d’impacter profondément le psychisme de l’enfant et ce dernier peut en garder des séquelles pouvant persister jusqu’à l’âge adulte ».

L’ampleur de cet impact, selon cette psychothérapeute, dépend du « niveau de maturation sexuelle et affective de l’enfant et de l’attitude de l’entourage, principalement celle des parents ». Lorsque la souffrance de la victime n’est pas reconnue, « l’enfant ressent l’abondance et la solitude », dans ce cas, l’abus peut entrainer « une perturbation de l’identité seuxelle de l’enfant ».

Selon docteur Oukheir, « on remarque souvent que les enfants victimes d’abus développent des attitudes violentes envers les autres  et envers eux-mêmes et qui pourraient se traduire par des comportements d’autopunitions et de mises en danger, pouvant aller jusqu’à des tentatives de suicide ». Et d’ajouter : « La plupart de ces enfants développent un système de clivage entre une partie douloureuse et blessée et une partie qui refout toute émotion, comme tentative de contenir les sentiments  et les images violentes et complexes ».

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