Affaire Parlement européen : lobbying au cœur de Bruxelles

Suite aux allégations de corruption contre Eva Kaili, Transparency International demande instamment que des mesures soient prises. Une commission doit contrôler l’influence exercée sur les députés. Mais vu l’influence de Bruxelles sur certaines décisions concernant d’autres Etats, il sera presque impossible de résoudre le problème de lobbying qui souvent conduit à un jeu d’influence voire même de corruption.

L’affaire dite du « Qatargate » ouvre désormais un autre volet, celui du fonctionnement des institutions européennes, confrontées à une intense épreuve de lobbying. Pourtant, l’ONG de lutte contre la corruption, Transparency International a demandé instamment que des mesures soient prises. Face à cette demande, le Parlement européen s’y est déjà engagé, mais le Conseil européen a jusqu’à présent empêché un comité d’éthique indépendant, déplore Transparency International. La question c’est pourquoi un tel refus ?

Après les allégations de corruption contre la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, Transparency International réclame un « comité d’éthique indépendant ». L’UE devrait mettre en place une telle commission, a déclaré Transparency International qui s’est prononcé en faveur de la création d’une surveillance obligatoire qui contrôlerait à l’avenir l’influence exercée sur les députés de l’extérieur.

Lire aussi : Corruption présumée au Parlement européen: Eva Kaili et trois autres personnes écrouées

Pour rappel, depuis les premiers soupçons contre Eva Kaili, il y a eu de vastes raids contre une organisation criminelle présumée dans laquelle plusieurs responsables de l’UE à Bruxelles et l’État du Golfe du Qatar seraient impliqués. Lors de 16 perquisitions à Bruxelles, des supports de données, des téléphones portables et de l’argent liquide pour un montant total d’environ 600.000 euros ont été confisqués. Selon le journal L’Echo, l’argent était emballé dans plusieurs sacs. Suite à cette découverte une enquête pour « corruption des gangs et blanchiment d’argent », a été ouverte. En conséquence, cinq personnes ont été arrêtées. Parmi eux, la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili.

Bruxelles, capitale européenne du lobbying

L’affaire Eva Kaili a soulevé un débat de fond sur les dessous des institutions européennes, qui sont soumises à d’intenses lobbies. Selon les experts, le travail des institutions européennes, en particulier la Commission européenne, le Conseil européen et le Parlement européen, a fait l’objet d’une forte valorisation et d’une politisation au cours des deux dernières décennies. Jusqu’au milieu des années 1980, Bruxelles était considérée comme l’arène de la politique technocratique. Là, des spécialistes et des experts des domaines politiques concernés ont négocié de nouvelles réglementations pour quelques secteurs économiques (surtout l’agriculture, le charbon, le pétrole et maintenant le gaz). La Commission de l’Union européenne et ses fonctionnaires étaient au centre de ce nouveau type de politique, qui n’était pas contrôlée démocratiquement par l’UE, à cause d’intérêts grandissants des autres pays ainsi que des multinationales sur les décisions de Bruxelles.

Environ 15.000 à 20.000 lobbyistes tentent chaque jour d’influencer le processus législatif de l’Union européenne en leur faveur. Le système à plusieurs niveaux de l’Union européenne est devenu une arène politique dans laquelle les groupes d’intérêts les plus divers veulent articuler leurs intérêts spécifiques et les intégrer dans le processus décisionnel politique. L’échange d’informations entre les parties prenantes et les décideurs au niveau européen est nécessaire et important. Mais où s’arrête la représentation légitime et démocratique des intérêts et où commence l’influence illégitime ? Pour appuyer leurs intérêts et les faire valider, ces groupes souvent font recours à toutes sortes de pressions en connivence avec les parlementaires européens. C’est dans ce sens que Transparency International demande la mise en place d’un comité d’éthique que les parlementaires eux-mêmes ne veulent pas.

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