Afrique subsaharienne: reprise et risques croissants

Le FMI vient de sortir son rapport sur les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne. Le résumé analytique du rapport définit dans son préambule les impasses et la politique qu’il faut adopter. En voici la quintessence.

L’affermissement de la croissance

Les perspectives macroéconomiques de l’Afrique subsaharienne continuent de s’affermir. La croissance devrait passer de 2,7 % en 2017 à 3,1 % 2018, grâce à des ajustements des politiques nationales et à un environnement extérieur favorable, notamment la persistance d’une croissance soutenue de l’économie mondiale, la hausse des prix des produits de base et des conditions de financement extérieur accommodantes.

L’inflation recule et les déséquilibres budgétaires sont maîtrisés dans bon nombre de pays. À moyen terme, et à politiques économiques inchangées, la croissance devrait s’accélérer pour avoisiner 4 %, soit un niveau trop bas pour créer le nombre d’emplois nécessaires afin d’absorber les nouveaux arrivants qui sont attendus sur les marchés du travail. Cependant, la qualité de l’ajustement budgétaire suscite des préoccupations, et il reste à s’attaquer avec détermination à des facteurs de vulnérabilité fondamentaux.

Améliorer la mobilisation des recettes intérieures

Il est nécessaire de continuer d’améliorer la mobilisation des recettes intérieures afin d’assurer la viabilité de la dette et de créer un espace budgétaire pour les dépenses d’investissement et de développement qui s’imposent. Jusqu’à présent, l’ajustement budgétaire tient dans une large mesure au rebond des prix du pétrole pour les pays exportateurs de pétrole, combiné avec de fortes baisses des dépenses d’équipement dans plusieurs pays.

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À quelques exceptions près, la mobilisation des recettes intérieures a relativement peu progressé ; de nombreux pays ont retardé l’ajustement des prix intérieurs des carburants à la hausse récente des prix du pétrole, d’où la résurgence de subventions énergétiques ; les arriérés intérieurs demeurent élevés, ce qui contribue à une accumulation de prêts improductifs ; enfin, au-delà de l’administration centrale, les entreprises publiques deviennent un risque budgétaire majeur dans certains pays.

 Le secteur financier reste très vulnérable : le niveau élevé des prêts improductifs pèse sur les bilans des banques et entrave le crédit au secteur privé.

Les euro-obligations, une turbulence !

Du côté extérieur, les entrées de capitaux ont été vigoureuses au premier semestre de 2018, avec des émissions records d’euro-obligations, mais les turbulences récentes dans les pays émergents ont entraîné une hausse des écarts de taux d’intérêt. Les réserves n’ont cependant généralement pas été reconstituées et, dans la moitié des pays de la région, demeurent en deçà des niveaux jugés adéquats.

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Les perspectives sont exposées à des risques de dégradation considérables. L’économie mondiale entre dans une période d’incertitude exceptionnellement élevée ; la croissance ralentit déjà dans la plupart des pays avancés et pourrait fléchir plus brutalement si les tensions commerciales s’accentuent, tandis que la montée des prix des produits de base et des pressions populistes à la veille d’élections dans plusieurs pays pourrait faire dérailler les efforts d’assainissement.

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