Agressions d’agents de l’État : la Présidence du ministère public appelle à une réponse ferme

Face à la recrudescence alarmante des actes de violence visant les agents de l’autorité publique, la Présidence du ministère public a décidé de durcir le ton. Dans une circulaire adressée à l’ensemble des procureurs du Royaume, le procureur général du Roi, M. Hicham Balaoui, appelle à une application stricte de la loi et à une réponse judiciaire ferme contre toute forme d’agression, qu’elle soit verbale ou physique, à l’encontre des représentants de l’État.
Les données disponibles illustrent l’ampleur du phénomène. Selon le ministère public, entre 2018 et 2024, le nombre de dossiers ouverts pour agressions contre des agents publics est passé de 3.549 à 6.888, soit presque un doublement en six ans. Rien qu’en 2024, les parquets ont engagé des poursuites contre 8.201 personnes impliquées dans ce type de violences. Ces agressions ciblent des profils variés : forces de sécurité, policiers, gendarmes, agents administratifs ou encore agents communaux, tous exposés à des risques réels dans l’exercice de leurs fonctions.
Conscient de la gravité de la situation, le ministère public insiste sur l’importance de protéger ces personnels, garants du respect de la loi et de l’ordre public. Il est désormais impératif, selon la circulaire, de réagir sans délai à chaque incident, en veillant à ce que toutes les procédures soient enclenchées et que les poursuites soient menées avec diligence et rigueur.
La stratégie prônée repose sur plusieurs axes : une instruction minutieuse des dossiers, une collecte systématique des témoignages, l’analyse des enregistrements vidéo lorsqu’ils existent, et la constitution de preuves solides respectant scrupuleusement les règles du droit. Le ministère public attend des magistrats qu’ils mobilisent l’ensemble des outils juridiques à leur disposition pour garantir une réponse à la hauteur des faits.
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Cette volonté de fermeté s’accompagne néanmoins d’une approche différenciée selon la nature et la gravité de chaque cas. L’usage d’une arme, l’état d’ébriété de l’agresseur, la récidive ou encore les blessures causées sont autant de facteurs devant être pris en compte dans l’évaluation judiciaire. Le passé judiciaire des mis en cause doit également peser dans la décision finale, afin d’adapter les sanctions à la dangerosité des comportements.
Autre point essentiel : les parquets sont vivement encouragés à contester toute décision de justice jugée trop clémente. Le ministère public insiste sur l’importance d’utiliser pleinement les voies de recours prévues par la loi, notamment les appels et les pourvois en cassation, avec des mémoires juridiques étayés et des éléments factuels précis.
Au-delà de la seule protection des agents, cette démarche vise à réaffirmer l’autorité de l’État et à préserver la confiance des citoyens dans les institutions. Comme le rappelle M. Hicham Balaoui, chaque agression contre un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions constitue une atteinte directe à la souveraineté de l’État et au bon fonctionnement des services publics.
Le cadre légal existe déjà pour sanctionner fermement ces actes. Les articles 263 à 267 du Code pénal prévoient des peines allant de l’amende à l’emprisonnement pour outrage, menace ou violence envers un agent public.
En envoyant un signal clair de fermeté, la Présidence du ministère public entend renforcer la protection des agents de terrain et garantir que leur mission essentielle de service public s’exerce dans des conditions de respect et de sécurité. C’est aussi un message à l’ensemble de la société : l’autorité de l’État ne peut faire l’objet d’aucune remise en cause, et ceux qui s’y attaquent devront en assumer pleinement les conséquences judiciaires.