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Aïd Al Adha 2025 : Les grandes surfaces misent sur la vente intégrale des moutons

La tension monte dans les rayons des grandes surfaces à quelques jours de l’Aïd Al Adha 2025. Malgré l’appel à la modération et la fermeture quasi-généralisée des abattoirs à travers le Royaume, certaines enseignes ont choisi de maintenir la vente de moutons complets, contournant ainsi les recommandations officielles et les usages sociaux de sobriété en cette période sacrée.

L’Aïd Al Adha, moment de partage et de piété, s’accompagne traditionnellement d’un pic de consommation, cristallisé par l’achat du mouton destiné au sacrifice rituel. Cette année, toutefois, le contexte revêt un caractère particulier : l’Invitation Royale à la tempérance, voire à l’abstinence du sacrifice, visait à alléger la pression économique sur les ménages et à prévenir les risques sanitaires associés à une consommation incontrôlée de viande.

La plupart des abattoirs du pays ont répondu à cet appel en fermant leurs portes, signe d’une volonté collective de respecter l’esprit de modération et de solidarité. Mais à rebours de cet élan, les grandes surfaces semblent avoir opté pour une stratégie plus opportuniste. Dans plusieurs points de vente, le mouton complet s’affiche à un prix approchant les 2 300 dirhams, une offre calibrée pour répondre à la forte demande des ménages désireux de perpétuer la tradition coûte que coûte.

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Cette initiative commerciale, en contradiction apparente avec l’orientation générale des autorités, a ravivé le débat sur la place des intérêts économiques face aux principes sociaux et spirituels. Les grandes surfaces, en maintenant la vente des moutons, réactivent les tensions latentes entre les impératifs de rentabilité et la responsabilité sociale des entreprises. D’un côté, elles répondent à un besoin réel des consommateurs, soucieux de respecter un rite ancestral. De l’autre, elles s’inscrivent dans une logique de profit qui pourrait alimenter une surenchère des prix, au détriment des ménages les plus vulnérables.

Dans ce contexte, la question de l’éthique commerciale prend une résonance particulière. Peut-on parler de liberté d’entreprendre lorsqu’elle s’exerce en décalage avec des directives officielles visant la sobriété collective ? Les grandes surfaces, en s’engouffrant dans la brèche laissée par la fermeture des abattoirs, ne risquent-elles pas de dénaturer l’esprit de l’Aïd, en le réduisant à un acte de consommation plutôt qu’à un moment de recueillement et de partage ?

La situation est d’autant plus préoccupante que le pouvoir d’achat des ménages est mis à rude épreuve par l’inflation persistante. À l’heure où les prix des denrées alimentaires connaissent une hausse généralisée, l’offre des grandes surfaces pourrait accentuer les tensions, suscitant un sentiment d’injustice chez ceux qui peinent à joindre les deux bouts. La flambée des prix des moutons pourrait se transformer en un fardeau supplémentaire pour les plus modestes, à rebours des objectifs affichés par l’appel à la modération.

Face à ce constat, la responsabilité sociale des entreprises est de nouveau sur la sellette. Les grandes surfaces, en tant qu’acteurs majeurs de la distribution, doivent-elles se contenter de répondre à la demande, ou au contraire, s’inscrire dans une dynamique de solidarité et de respect des recommandations nationales ? Le dilemme est d’autant plus aigu que l’Aïd Al Adha demeure un moment fondateur de la vie collective, où la dimension spirituelle devrait primer sur les logiques marchandes.

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