Alger prend enfin conscience de la menace d’une sécession

Par Taieb Dekkar

«Autant le problème s’amplifie, autant sa solution s’amenuise»*, cet adage populaire marocain devrait nous guider, nous marocains, pour riposter  avec beaucoup de civilité, à la férocité d’un voisin pathétique et schizophrénique qui, au bord du précipice,  développe une stratégie de diversion grave pour détourner l’attention du peuple algérien frère sur ses dérives notoires.

Largement contestée par le peuple algérien, qui clame haut et fort  « Etat civil et non militaire », la junte militaire algérienne a montré ses défaillances flagrantes,  à l’occasion des déplorables feux de forêt de Kabylie.

Elle croit pouvoir occulter la responsabilité des services de sécurité dans le lynchage d’un homme innocent, embarqué dans un fourgon de police, laquelle a été incapable d’assurer sa sécurité et le protéger. Il a été extirpé du fourgon de police, tué et brulé.

Par conséquent, et au lieu de reconnaitre leur débâcle, et d’en tirer toutes les conséquences morales, par le limogeage et l’arrestation des auteurs de ces défaillances, voire même la démission du directeur de la police nationale,  les services de sécurité, avec une crédibilité entachée,  prennent tout de même en charge l’enquête.

Conclusion bien évidemment qui ne surprend personne : la victime a été délibérément tué par le MAK, mouvement qui réclame l’autonomie et l’indépendance de la Kabylie. Dans la logique simpliste du pouvoir, le MAK s’opposerait à l’extinction des feux, dans la région même  qu’il considère comme son fief  et  dont il défend  d’ailleurs l’autodétermination !

→ Lire aussi : Alger préférerait des pertes humaines supplémentaires à l’assistance marocaine

Dans la même logique, il y’a lieu d’inscrire les performances de la police algérienne, en matière d’investigation,  cette police qui  rend compte désormais de ses activités à la hiérarchie de l’armée. La police aurait arrêté à la frontière du Royaume du Maroc, un suspect, impliqué dans le meurtre de la victime du lynchage, qui tentait de s’enfuir chez le pays voisin. Le Royaume ancestral du Maroc se retrouve ainsi dans tous les scénarios imaginés par la junte militaire algérienne, comme ennemi, « assoiffé par le destruction de l’Algérie, qui y écoule la drogue pour empoisonner le peuple algérien, qui y  introduit de faux billets en dinars algériens pour le sabotage d’une économie… en déroute, qui allume la mèche des incendies  dans le pays, qui soutient  le mouvement  kabyle d’autonomie etc….. ».

 Il faut dire que la junte reconnait, du moins en théorie, que le Royaume est la véritable puissance au Maghreb et non l’Algérie. Cela devrait, à priori,  nous réjouir, nous marocains, qui sommes, outre puissants,  présents dans tous les théâtres  de crise en Algérie.

 Je parie que si la junte s’aventure à ouvrir les frontières Ouest, les algériens fuiront par milliers la dictature militaire en Algérie, et viendront se réfugier dans le Royaume où ils seront  les bienvenus, comme lors de l’occupation française et turque. Khawa Khawa. Lors de la réouverture des frontières en 1990, ils étaient 13.000 personnes par jour à rentrer au Maroc, par voie terrestre, contre un grand Zéro dans le sens inverse. L’alternative paradisiaque se trouve à l’ouest.

Je présume que « l’ennemi » extérieur  est une recette caduque, qui ne tient plus debout, face à un peuple déterminé à en finir avec une armée qui a pris en otage l’Algérie pendant plus six décennies, sous le couvert  des menaces virtuelles du Maroc. Tout le monde sait aujourd’hui que c’est l’Algérie qui finance, organise et supervise depuis cinquante ans, la haine, la division, le morcellement et l’animosité contre le Royaume. Chengriha, Tebboune et Laamamra s’emploient à  accentuer  aujourd’hui la pression diplomatique sur le Royaume pour le dissuader de soutenir l’autodétermination de la Kabylie, car l’Algérie prend réellement conscience de la menace d’une sécession, et en mesure l’ampleur,  elle qui n’a jamais arrêté ses intentions belliqueuses contre le Royaume. *adage rendu célèbre par Feu SM le Roi Hassan II.

*Journaliste et écrivain

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