Algérie : chape de plomb et « plafond de verre » s’envolent…

Hassan Alaoui

En marge des manifestations chaque jour plus massives pour réclamer le départ de Bouteflika et la fin du régime actuel, le peuple algérien est, dira-t-on, « invité » à découvrir par inadvertance une autre grave réalité : l’opacité du pouvoir qui les dirige et que Seddik Chihab, porte parole du Rassemblement national démocratique (RND), parti dirigé par Ahmed Ouyahia, premier ministre congédié il y a moins de 15 jours et jusque là soutien irréductible de Bouteflika, vient de dévoiler à la grande stupéfaction du peuple algérien.

« Des forces inconstitutionnelles dirigent le pays depuis 7 ans », a tout simplement affirmé Seddik Chihab, pince-sans-rire, prenant de court toute la classe politique et le peuple d’Algérie. C’est plus qu’une révélation, mais un séisme. Ce propos qui sonne comme un coup de gong rejoint celui qu’un ancien premier ministre de Bouteflika, Ali Benfils pour ne pas le citer, a lancé il y a deux semaines en invoquant des « pouvoirs extraconstitutionnelles » qui gouvernent l’Algérie. Les deux dignitaires du régime algérien ne se sont pas concertés pourtant pour dévoiler explicitement, même à demi mots, une réalité que tout le monde soupçonnait, à savoir la mainmise réelle des « forces inconstitutionnelles » sur les rouages de l’Etat, la confiscation du pouvoir, à tous les niveaux, la gabegie, la corruption, l’accaparement des richesses et tutti quanti

Il aura fallu la « révolution du 22 février », suivie du cycle ininterrompu de manifestations, marquées par l’insistante et persistante revendication de changement de régime – ce que les partisans de Bouteflika appellent par euphémisme « la 2ème république » – , il aura fallu surtout l’émergence de cette force populaire incarnée par les marées humaines qui vont croissant, pour que les langues commencent à se délier. Le secret d’Alcôve n’en n’est plus un. Pis : D’aucuns  qui dénoncent aujourd’hui le régime en place sont, entre autres, ceux-là mêmes qui constituaient paradoxalement son soutien le plus précieux il y a tout juste quelques jours. En l’occurrence Ahmed Benyahia qui s’évertue à présent à paraître comme le critique du pouvoir et du clan Bouteflika.

La presse algérienne n’hésite guère à le lui rappeler, d’ailleurs et dénonce ses fourberies. Ce sont donc trois pôles qui se soulèvent et s’identifient dans la contestation actuelle : le peuple de plus en plus massif, la classe politique avec la majorité de ses leaders et l’armée – appelée la « grande muette » – au sein de laquelle s’expriment indubitablement des critiques patentes et quasi ouvertes. Tout cela laisse à penser que les fissures se creusent chaque jour de plus en plus , mettant à mal un pouvoir ou le clan d’un pouvoir de plus en plus fragilisé, en quête de soutiens et qui nous suggère l’image de ce « plafond de verre » en pleine explosion…

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