Algérie: des porteurs de drapeaux berbères écopent de 6 mois ferme

Un tribunal d’Alger a condamné lundi à six mois de prison ferme 19 personnes arrêtées lors de manifestations antirégime qui agitent l’Algérie depuis fin février, la majorité pour avoir porté des drapeaux amazigh (berbères), ont indiqué des avocats.

Jugée à leur côté, l’étudiante Yasmine Nour el Houda Dahmani, devenue un symbole de la répression du mouvement (« Hirak ») populaire de contestation, a été condamnée à six mois de prison, dont quatre mois avec sursis.

Sa peine couvrant la durée de sa détention provisoire, l’étudiante, arrêtée le 17 septembre, a été libérée lundi, selon des sites d’information en ligne.

La plupart des autres accusés ont été arrêtés fin juin, « ce qui signifie qu’ils resteront en prison jusqu’à fin décembre », a expliqué à l’AFP Me Seddik Mouhous, avocat du collectif de défense.

Le Parquet avait requis deux ans de prison ferme contre les 20 accusés, tous jugés pour « atteinte à l’intégrité du territoire », passible de 10 ans de prison.

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La plupart étaient jugés pour avoir porté un drapeau amazigh, banni des manifestations par le commandement militaire, d’autres pour avoir vendu des badges favorables au « Hirak » et Yasmine Nour El Houda Dahmani pour avoir porté une pancarte dénonçant la corruption.

Le collectif de défense, qui avait boycotté l’audience « faute de conditions permettant un procès équitable », va faire appel du verdict « parce qu’il n’a aucune base légale », a déclaré à l’AFP l’un d’eux, Me Salem Khatri.

Le tribunal de Sidi M’hamed qui a condamné les 20 accusés, « continue de faire exception en prononçant des peines de prison ferme » contre de simples « porteurs de drapeaux », contrairement aux autres tribunaux du pays, selon Me Khatri.

Un tribunal de Sétif (200 km à l’est d’Alger) a acquitté dimanche cinq personnes jugées pour avoir porté un drapeau amazigh.

Les tribunaux se rallient généralement aux arguments de la défense qui plaide qu’aucune disposition légale n’interdit de posséder un tel drapeau et que les éléments de l' »atteinte à l’intégrité du territoire » ne sont pas constitués dans ces affaires.

Le tribunal de Sidi M’hamed avait infligé le 12 novembre six mois de prison ferme à une trentaine de personnes jugées coupables d’atteinte à « l’intégrité du territoire ».

Dimanche, deux personnes, arrêtées à Alger lors d’une manifestation, ont écopé d’un an de prison ferme pour « incitation à attroupement » et « attroupement non autorisé », selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Selon le CNLD, près de 140 manifestants, militants ou journalistes ont été incarcérés depuis fin juin pour des faits liés au « Hirak », en détention provisoire ou condamnés à des peines de prison ferme.

Les arrestations se multiplient depuis le début le 17 novembre de la campagne pour la présidentielle du 12 décembre, dont la contestation refuse la tenue.

Lundi, à Boumerdès (35 km à l’est d’Alger), une vingtaine de personnes ont été arrêtées après avoir crié des slogans hostiles à l’élection, avant un meeting du candidat Abdelaziz Belaïd, chef d’un micro-parti favorable au pouvoir, selon des journalistes de l’AFP sur place.

Avec AFP

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