Algérie : la grande bourde de Saleheddine Mezouar

Saleheddine Mezouar a été rappelé à l’ordre. Il a jugé opportun de donner son avis sur la crise politique que traverse l’Algérie. Or, la position officielle du Maroc est la « non-ingérence ». Comment un ancien diplomate a pu commettre une telle bourde ?

L’arroseur arrosé. De par ses précédentes fonctions diplomatiques, Saleheddine Mezouar est tenu de savoir les sujets à commenter et ceux auxquels il se doit s’abstenir de tout commentaire public.

Flash-back. Alors ministre des affaires étrangères, M.Mezouar avait tancé, en décembre 2016, l’ancien secrétaire général du parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, pour ses déclarations « dangereuses » et « irresponsables » au sujet des frontières de la Mauritanie. Des propos qui « manquent de retenue et de maturité ».

« Ces déclarations portent atteinte aux relations avec un pays voisin frère et démontrent une méconnaissance profonde des orientations de la diplomatie marocaine, tracées par le roi, et qui prônent le bon voisinage, la solidarité et la coopération avec la Mauritanie sœur », souligne un communiqué du ministère des affaires étrangères, datant du 26 décembre 2016.

L’ancien chef de la diplomatie a également recadré Abdelilah Benkirane, alors chef de l’Exécutif pour ses critiques au sujet de l’intervention de l’armée russe en Syrie. Des propos qui ont causé un incident diplomatique avec Moscou.

« Les prises de positions officielles du Maroc interviennent à la suite d’une évaluation réfléchie et d’un processus d’interaction et de validation impliquant plusieurs acteurs et institutions. Elles ne peuvent, de par leur complexité et leur gravité, faire l’objet d’improvisations hasardeuses, ni exprimer des points de vues personnels », précise-t-il dans un communiqué, datant du 5 décembre 2016.

L’ironie du sort veut que Mezouar se fasse maintenant rappeler à l’ordre. Le président de la CGEM a commis un impair en s’immisçant dans les affaires internes de l’Algérie.

Lors de son intervention à la World Policy Conference, dont les travaux se sont ouverts samedi dernier à Marrakech, Mezouar a jugé opportun de donner son avis sur la crise politique que traverse le pays voisin. Or, la position officielle du Maroc est la « non-ingérence ».

« Ce que j’observe en Algérie est porteur d’espoir. Le pouvoir militaire devra accepter de partager le pouvoir. La solution à la problématique algérienne est d’amener le pouvoir à accepter la solution du partage du pouvoir. Mais il doit composer avec ceux avec lesquels il a mené une guerre interne pendant dix ans ».

Des propos qui lui ont valu les foudres du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’étranger.

La CGEM « ne peut se substituer au gouvernement de SM le Roi dans la prise de positions sur les questions internationales et notamment le développement dans ce pays voisin », précise le département de Nasser Bourita. Il a rappelé à cette occasion la position « claire et constante » du Maroc à ce sujet.

« Le Royaume du Maroc a, en effet, décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie. Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit ».

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