Algérie : le pouvoir fait obstruction à l’enquête sur les élections présidentielles
Suite aux récentes élections présidentielles du 7 septembre en Algérie continuent de provoquer des remous au sein de la société et du gouvernement. Les allégations de fraude électorale et la gestion controversée des résultats par l’Autorité Nationale Indépendante des Élections (ANIE) ont révélé les pratiques opaques du régime algérien, renforçant les critiques sur son manque de transparence et son approche autoritaire.
D’après des informations recueillies par Maghreb Intelligence, la brigade de Recherche de Bab Jedid de la Gendarmerie Nationale avait entrepris discrètement une enquête approfondie sur les nombreuses incohérences ayant émaillé le scrutin. Cette initiative, bien que prometteuse, a été brusquement avortée, laissant transparaitre une volonté manifeste du pouvoir de préserver le statu quo. Les auditions, sensées débuter avec plusieurs membres de l’ANIE, ont été annulées, renforçant l’idée que la transparence n’est pas encore une priorité pour le régime.
La tenue de ces élections apparemment libres et équitables a en réalité été entachée par un fort sentiment de méfiance et de frustration parmi la population et les figures de l’opposition. Abdelmadjid Tebboune, le président sortant, qui a rempilé à sa propre succession, a pu compter sur une infrastructure politique déjà décriée. Ce contexte a amplifié les appels à réformer un système qui, selon les opposants, ne représente qu’une façade démocratique masquant en vérité des pratiques autocratiques soigneusement orchestrées.
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L’enquête de la Gendarmerie avait pour but d’examiner les dysfonctionnements attribués à l’ANIE, présidée par Mohamed Charfi, l’ancien ministre de la Justice. Cependant, cette initiative s’est heurtée à une opposition interne qui a fait pression pour démobiliser cette opération révélatrice. Au cœur du scandale se trouve la volonté du régime de maintenir la perception d’un système électoral fiable tout en évitant toute remise en question de l’autorité en place.
Les efforts de Mohamed Charfi pour naviguer dans cette tempête politique l’ont conduit à jouer un rôle controversé. Tandis qu’il aurait dû répondre des dysfonctionnements électoraux, il a paradoxalement été associé à la cérémonie d’investiture de Tebboune, une stratégie visant à étouffer les dissensions internes et conserver une image de stabilité.
Le président Tebboune, présenté à la fois comme le bénéficiaire et la victime des dysfonctionnements électoraux, fut averti par ses collaborateurs des risques à engager des mesures controversées contre Charfi. Ces conseils ont visé à empêcher l’opposition et la presse internationale de s’emparer de cette affaire pour mettre en cause la légitimité de son second mandat.
Derrière ces manœuvres, l’Algérie se retrouve confrontée à un vaste éventail de défis, parmi lesquels une économie en stagnation et un mécontentement social de plus en plus grand. Alors que le régime s’attache à projeter une façade de normalité politique, le mécontentement gronde, alimenté par les pratiques antidémocratiques et une gouvernance répressive. Certaines organisations affirment que ces machinations accroissent la fracture entre un pouvoir conservateur et un peuple en quête de réformes et d’un avenir meilleur.