Algérie : Saïd Bouteflika voulait-il renverser Gaïd Salah ?

Par Saad Bouzrou

L’affaire du «complot» tramé en Algérie par Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag contre «l’autorité de l’Etat» connaît un nouveau rebondissement. Le frère cadet de l’ex-président Bouteflika aurait effectué un appel téléphonique avec le directeur de la chaîne de télévision Ennahar TV, Anis Rahmani, pour le convaincre de préparer une campagne médiatique à l’encontre du chef d’Etat-Major de l’ANP afin d’amener les Algériens à croire qu’il préparait un «Coup d’Etat» militaire contre le chef de l’Etat.

Saïd Bouteflika, jeune frère de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, aurait tenté de faire croire aux Algériens que le chef d’Etat-Major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, s’apprêtait à destituer son frère et prendre le pouvoir par la force, à en croire le site Maghreb Intelligence qui, dans un article publié ce mardi 28 mai, rapporte qu’un «appel téléphonique a été effectué -entre Saïd Bouteflika et le patron d’Ennahar TV- deux jours avant la décision finale de Gaïd Salah, chef d’Etat-Major de l’Armée algérienne, de décréter la destitution officielle d’Abdelaziz Bouteflika contre lequel des millions d’algériens manifestaient chaque vendredi depuis le 22 février dernier».

Citant des «sources» sécuritaires, l’article en question ajoute que lors de cet appel «Saïd Bouteflika aurait clairement demandé à son interlocuteur Anis Rahmani de se préparer « pour la guerre » ! L’injonction est claire, nette et précise. Saïd Bouteflika voulait lancer une offensive politique et médiatique à l’encontre de l’Etat-Major de l’Armée algérienne qui avait décidé de libérer l’Algérie des Bouteflika.»

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La stratégie de l’ex-puissant conseiller du président algérien déchu consistait à fomenter un contre-coup d’Etat pour maintenir son frère grabataire à la tête du pays et, en même temps, se débarrasser de Gaïd Salah qui avait à l’époque haussé le ton contre le clan présidentiel. La chaîne d’information Ennahar TV, régulièrement en tête des audiences et dont le directeur est un fervent supporteur des Bouteflika, se trouvait donc dans un coffret à outils idoine pour cette manœuvre : «Le plan de Saïd Bouteflika consistait à employer Ennahar TV et son allié Anis Rahmani pour dissuader les Algériens de suivre l’appel de Gaïd Salah et les convaincre qu’il s’agit d’un Coup d’Etat», poursuit le même site.

Un plan qui a rapidement viré au fiasco puisque «les proches de Gaïd Salah ont été avertis à temps de ce complot et Anis Rahmani fut convoqué officiellement par la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA) pour qu’il soit entendu sur cet enregistrement», lit-on dans le même article.

Un peu plus d’un mois après, Saïd Bouteflika a été placé avec les généraux Bachir Athmane et Mohamed Mediene dit Toufik, deux anciens chefs des services de renseignement, sous mandat de dépôt par le tribunal militaire de Blida pour «atteinte à l’autorité de l’armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat». Ils seront jugés devant cette juridiction, en vertu de l’article 25 du Code de justice militaire.

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