Allons-nous vers une récession?

Par Gabriel Banon

L’opinion publique s’assoupit tout doucement dans l’anesthésie des vacances. Ce repos nécessaire et bien mérité pour nombre de citoyens, n’arrêtent pas le bon ou le mauvais déroulement des événements économiques.

Les risques d’une récession mondiale s’accumulent pour 2020.

Les observateurs de l’économie sont unanimes. La tourmente qui frappe les bourses mondiales et les devises annoncent la probabilité d’un repli généralisé de l’économie mondiale.

Tous les voyants sont au rouge, tant sur le marché obligataire où les rendements, aujourd’hui, sont négatifs, que sur le front de l’endettement privé et public, à des niveaux sans précédent, dans un contexte de taux négatifs persistants.

Les indicateurs qui s’amoncellent, jour après jour, ne sont pas encourageants, loin s’en faut.

L’Allemagne, moteur de la zone euro, est en train de rentrer, petit à petit, en récession. Ses exportations ont chuté dramatiquement. La croissance américaine pour 2019 serait autour de 1% seulement contre 2,8% l’an dernier.
L’or, valeur refuge, par excellence, en période de crise ou d’incertitude, flambe. Le pétrole chute comme le minerai de fer.

La demande pour de nombreuses matières premières chute et leurs prix dégringolent, signes d’un ralentissement des activités.

L’annonce, par Donald Trump de nouvelles sanctions contre des importations en provenance de Chine, a traumatisé un peu plus les marchés. Pékin a répliqué sans tarder, en laissant filer sa monnaie. À la guerre commerciale et technologique, s’ajoute, aujourd’hui, la guerre des monnaies. L’économie a horreur des incertitudes et réagit en freinant des quatre fers. À mesure que les Etats-Unis et la Chine s’éloignent l’un de l’autre, sur fond de guerre commerciale, les risques de récession globale, déjà nombreux, prennent de l’ampleur.

À ce stade, on ne voit pas la fin du bras de fer sino-américain, qui dure voilà maintenant plus d’une année.

Face à la détermination chinoise, parfaitement incarnée par Xi Jinping, les tweets vengeurs de Donald Trump perdent de leur force. Quant à l’Europe, secouée par ses propres démons, elle ne parvient toujours pas à présenter un front uni et une vision commune. Difficile, dans ce contexte, de savoir où s’arrêtera la surenchère entre les deux grandes puissances de la planète.

Ces conflits commerciaux avec la Chine et d’autres pays, les restrictions sur les migrations, l’investissement direct étranger et les transferts technologiques, vont avoir de profondes conséquences sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et accentuer la menace d’un ralentissement de la croissance et l’augmentation de l’inflation. La diminution de la croissance américaine est réelle, aujourd’hui, la relance associée à la législation fiscale de 2017 a fait son temps.

La fragilité de la croissance en Chine ainsi que sur d’autres marchés émergents, demeure préoccupante, tout comme le sont les risques économiques, législatifs, financiers et politiques en Europe. Un choc économique suffisamment violent pourrait déclencher une récession mondiale, même en cas de réponse rapide des banques centrales.

D’ores et déjà, les tensions actuelles affectent la confiance des entreprises, des consommateurs, des investisseurs, et ralentissent la croissance mondiale.

A mesure que les deux camps, USA et Chine, s’éloignent l’un de l’autre, l’espace propice au compromis se réduit, et le risque de récession ou de crise planétaire se fait croissant, dans une économie mondiale déjà fragile.

« Le monde entier a décidé après 2008 que la récession n’était plus acceptable, et la politique monétaire est expansionniste partout », constate Patrick Artus. Mais cela a des inconvénients car le taux de chômage est devenu faible dans les pays avancés.

Cette situation « crée des taux d’intérêt nuls et négatifs, qui affaiblissent les banques, détruisent le rendement de l’épargne et donc tuent le niveau de vie des futurs retraités. Il se crée des bulles, notamment immobilières», poursuit l’économiste.

Pour lui, « la menace à moyen terme pour l’humanité, c’est que nous avons collectivement décidé (sauf certains comme l’Allemagne) de rester à des politiques expansionnistes avec un faible niveau de chômage. »

Force est de constater que l’économie mondiale tourne au ralenti, avec les conséquences socio-économiques qui vont avec. On sait,quand on entre en récession, mais bien malin qui pourra dire quand on en sort.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page