ANALYSE : Le discours de SM le Roi à Bruxelles, une profession de foi, une leçon de gouvernance mondiale et des objectifs fixés

Par Hassan Alaoui

Sa Majesté le Roi a adressé ce vendredi 18 février un important discours aux participants au VIème Sommet Union européenne(UE)-Union africaine(UA), organisé à Bruxelles et dont lecture a été donnée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Il convient de souligner d’emblée que la portée de l’allocution royale est unique et, en l’occurrence, exemplaire. Le Roi a porté son regard et concentré son attention particulière sur les problématiques concrètes de l’Afrique et, en corrélation avec les préoccupations de l’Union européenne.

« C’est tout naturellement en s’inscrivant dans le sens de l’histoire et de l’exigence d’un destin partagé que le Maroc s’adresse simultanément à l’Afrique à laquelle il appartient et à l’Europe, partenaire voisine et immédiate », a déclaré le Souverain dans son discours. Le sens de l’histoire invoqué ici est bel et bien celui qui fonde un lien irréversible voire profond entre les deux continents et au cœur duquel le Royaume du Maroc se positionne comme l’acteur majeur et privilégié. La géographie est également un élément de confluence qui confère à notre pays une singularité exceptionnelle.

Le Roi Mohammed VI a usé pour ainsi dire de la didactique pour aborder, sans langue de bois, les questions majeures de l’heure, à savoir l’éducation, la culture, la formation professionnelle, la mobilité et la migration. Ces thèmes ne sont pas des clauses de style et constituent de véritables enjeux de ce nouveau siècle. Il y va de l’avenir immédiat des peuples d’Afrique et d’Europe. Ils sont une courroie de transmission des politiques publiques de développement de part et d’autre. Le Souverain le souligne avec force : « D’abord et avant tout, affirme-t-il, parce que c’est sur la jeunesse – notre capital humain – que ces thématiques convergent et que c’est pour elle ( la jeunesse) que le Partenariat entre les deux continents doit investir pour atteindre son plein potentiel ». Le constat étant affiché, les causes sont ensuite dénombrées, identifiées  : « C’est parce que ces secteurs majeurs ont été touchés de plein fouet par la pandémie, ce qui exige de nous une action commune d’envergure… », dit encore le Souverain.

→ Lire aussi : Sommet UE-UA : discours Royal orienté dans le sens de « l’histoire et de l’exigence d’un destin partagé »

Suit dans la foulée, chiffres et exemples concrets à l’appui, une analyse pertinente de la problématique de l’éducation. Après avoir alerté sur la dure réalité selon laquelle « 94% des élèves du monde ont subi les fermetures des établissements au plus fort de la pandémie », le Roi appelle, à cet égard, à la nécessité de « sanctuariser la continuité de l’enseignement, en tenant compte du nouveau contexte de transformation digitale de l’éducation ». Le volet de la culture est abordé par le Souverain avec la même exigence économique, prospective et, ajoutera-t-on , perspectiviste : « Il s’agit, affirme-t-il, de rétablir les coopérations culturelles afin de relancer le secteur – véritable levier de rapprochement en Afrique, en Europe et entre l’Afrique et l’Europe »…Sur le troisième axe qui constitue la trame du discours du Roi Mohammed VI adressé aux participants du Sommet auro-africain, la même rigueur préside aux postulats édictés. Il s’agit naturellement de la mobilité qui, dans la bouche du Souverain, ne constitue pas un concept fétiche. Le Roi, du haut de sa tempérance, estime que « la pandémie a démontré qu’en termes de mobilité, les migrants ne portent pas atteinte à l’économie ».

A ceux qui , ici et là, se font les parangons du rejet, de l’exclusion xénophobe, du racisme même, à ceux qui font tout simplement de l’émigré un bouc émissaire dans la crise économique qui frappe l’Europe et l’Afrique, le Roi rappelle non sans force et conviction que « les immigrés ont même un impact positif pour les pays d’accueil – où ils sont souvent « travailleurs essentiels » et pour leurs pays d’origine… ». Le clin d’œil du Roi dans ce cadre relève là également d’une remarquable pédagogie à l’endroit des Etats européens : « Il faut appréhender la question de la migration, dit-il, pour ce qu’elle est : non pas seulement un défi , mais bien plutôt un condensé d’opportunités » .

Plus qu’une volonté de sensibilisation , c’est un appel solennel à une coresponsabilité euro-africaine que le Roi proclame, en sa qualité de Leader de l’Union africaine sur la Question de la Migration, impulsée et créée sous ses soins,  c’est aussi le devoir de « dissiper les malentendus » . Le Roi Mohammed VI s’est toujours inscrit dans la dynamique de l’Observatoire Africain des Migrations qu’il préside avec dévouement, une conviction chevillée au corps, une compétence saluée par tous, et une fidélité aux sacro-saints principes de l’humanisme, de la solidarité et de l’efficience.

La conclusion du discours adressé par le Roi aux Africains et Européens réunis à Bruxelles est d’autant plus magistrale et pragmatique qu’elle s’apparente – sans sacrifier au cliché – à une leçon de gouvernance mondiale. Elle met en exergue le rédhibitoire engagement du Royaume du Maroc d’adosser le partenariat entre les deux continents sur une vision politique, économique, diplomatique où le voisinage et le brassage multidimensionnel prennent tout leur sens.

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