Archevêque de Rabat : « le Pape François a voulu faire un clin d’œil au Maroc »

Propos recueillis par Yasmine El Khamlichi

Dimanche dernier, le Pape François a nommé l’archevêque de Rabat Cristóbal López Romero nouveau cardinal. Il s’agit d’une première qu’un évêque au Maroc puisse accéder au collège des cardinaux, l’instance chargée d’élire le Pape. Entretien.

 

Aujourd’hui vous faîtes partie des 213 cardinaux présents au Saint-Siège, que représente pour vous cette nouvelle nomination ?

C’était une grande surprise, parce que je ne m’y attendais aucunement et je n’avais aucune information préalable sur ce sujet.

Je vous avoue qu’au moment où j’ai reçu la nouvelle, j’ai senti que mes genoux ne me tenaient plus. C’est avec beaucoup de respect et de peur que je l’ai prise, en raison de la responsabilité que cette nomination implique, ainsi qu’une grande reconnaissance au Pape François, qui a voulu distinguer les églises présentes au Maroc et au Nord de l’Afrique, ainsi que l’archevêque de Rabat.

Il faut savoir qu’il y a un an seulement depuis que je suis devenu évêque, donc pour moi cette distinction revient à la communauté chrétienne au Maroc. D’autant plus, que c’est la première fois dans l’histoire qu’un archevêque au niveau du Maroc soit nommé cardinal.

En tant que nouveau cardinal, quel rôle pourriez-vous jouer dans le renforcement des rapports entre le Maroc et le Vatican ?

La nomination d’un cardinal est une affaire particulièrement religieuse, mais dont les retombées sont à la fois politiques et diplomatiques. Je dirai qu’à travers ma nomination, le Pape François a voulu faire un clin d’œil au Royaume du Maroc.

D’un point de vue diplomatique, c’est une forme de reconnaissance à SM le Roi Mohammed VI et au peuple marocain, pour l’accueil qui a été dispensé au Souverain pontife pendant sa visite au Royaume, et aussi pour l’engagement du Maroc dans la diffusion d’un islam modéré, ouvert et équilibré, ainsi que l’attention que prête ce pays aux personnes en situation de migration.

Quelles sont les tâches qui vous seront assignées dans le cadre de votre nouvelle mission ?

En grande partie, ma mission ne changera pas, je continue d’être l’archevêque de Rabat, gérer les diocèses de Rabat, ainsi que les communautés chrétiennes à Casablanca, Ouarzazate, Rabat, Kenitra, Fès, Agadir, Meknès et Oujda.

Quant à la façon de collaborer avec le Pape, dans mon cas, il s’agit d’aller à Rome deux ou trois fois par an, pour des réunions et des rencontres, parce que nous sommes, en quelque sorte les conseillers du Pape. Il nous appelle pour nous consulter, approfondir quelques thèmes qui lui tiennent à cœur et pour le représenter dans quelques missions.

Est-ce que vous serez amené à participer à la prise de décision au niveau du Vatican ?

Oui, dans certains domaines, parce que je fais partie des 120 cardinaux qui participeront à élire le prochain pape, une décision hautement importante au niveau du Vatican.

Il y a quelques mois, vous étiez chargé d’organiser la visite Papale, quelle évaluation faites-vous aujourd’hui de cet évènement sur la présence de l’église au Maroc ?

Pendant la fête du Trône, quand je me suis approché de SM le Roi, tout de suite, en me voyant il m’a dit que « les souvenirs de la visite du Pape seront inoubliables ».

Certes, le Pape était ici pendant 27 heures seulement, mais sa présence marquera pendant 30 ou 40 ans la vie des chrétiens résidents au Maroc, tout comme la visite du Pape Jean Paul II, en 1985. Je pense que la visite papale était un succès et un événement d’une grande ascendance pour l’église présente au Royaume.

Est-ce que vous estimez que les minorités religieuses installées au Maroc jouissent pleinement de leur liberté de culte ?

Oui, nous vivons tranquillement notre foi et nous sommes acceptés, respectés et appréciés dans ce pays. Aujourd’hui on compte près de 30 000 chrétiens vivant au Maroc, mais c’est un chiffre approximatif, parce qu’il s’agit d’une population très changeante, puisque nous sommes tous des étrangers, dont la plupart sont des étudiants universitaires d’origine subsaharienne.

On va faire un saut en arrière pour revenir à votre parcours professionnel. Vous avez suivi une formation spécialisée en journalisme. Pouvez-vous nous confier, qu’est-ce qui vous a amené vers ce chemin mystique ?

En réalité, c’est la religion qui m’a emmené vers le journalisme, non pas le contraire, parce que je pense que c’est une affaire qui touche directement à l’éducation et la communication de la Foi. C’est pour cette raison que je voulais être journaliste, depuis que j’étais petit.

D’ailleurs, j’ai travaillé pendant 18 ans au Paraguay, où j’étais directeur d’une radio catholique et j’ai fondé une revue pour les jeunes.

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