Assises de la fiscalité : les cliniques privées attaquent Zouhair Chorfi en justice

Par Saad Bouzrou

Lors des assises de la fiscalité qui ont eu lieu les 3 et 4 mai derniers, le Secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, Zouhair Chorfi, s’est adressé aux médecins et aux cliniques privées qui «minorent leur déclaration pour payer moins d’impôt». Une intervention qui a fortement déplu à l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), qui affirme avoir porté plainte contre le numéro deux du ministère pour «diffamation».

Les troisièmes assises de la Fiscalité ont été marquées cette année par un coup de gueule du Secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, Zouhair Chorfi. Cet ancien DG de la Douane était intervenu pour dénoncer la dissimulation fiscale chez les cliniques privées en déclarant : «Nous ne sommes pas dans des minorations des valeurs de 10% ou de 20%. Personnes n’aime payer l’impôt. Que les gens minorent leur déclaration de revenus de 20%, ce n’est pas grave, mais qu’ils les minorent de 90%, là, j’ai un problème», avait-il dit, avant d’ajouter : «Quand on arrive dans une clinique privée et que cette dernière nous annonce qu’elle ne prend pas les chèques, qu’est-ce que ça veut dire ? Il faut que ça cesse ! La corruption, ça suffit ! Le noir, ça suffit !», avant de conclure : «A quoi sert un ordre ? A quoi sert une association si elle ne peut pas rappeler à l’ordre ses adhérents en cas de manquement ? Chacun doit faire l’effort nécessaire de balayer devant sa porte».

Devenue virale sur les réseaux sociaux, la vidéo de cette intervention n’est pas passée inaperçue pour les membres de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP). Contacté par Maroc Diplomatique, Redouane Semlali, président de l’association, affirme qu’ils ont déjà porté plainte contre Zouhair Chorfi pour «diffamation».

«Comme vous le savez, la communauté des cliniques à travers l’association des cliniques privées, est un acteur actif dans le système de soins marocains, et aussi dans le tissu économique du Maroc. A l’image de ce qui s’est passé avec d’autres secteurs, nous avons étroitement participé aux assises de la fiscalité, en mettant en place un cadrage et il n’était pas question que l’on ne paye pas d’impôt, on a juste dit qu’il va falloir mettre en place des facilitations fiscales pour doper le secteur, dans le but d’améliorer le système de soins au Maroc. Ce cadrage a été beaucoup apprécié par l’administration fiscale avec laquelle nous travaillons toujours. Malheureusement, il y a eu une sortie irresponsable d’un haut commis de l’Etat, qui est le secrétaire-général du ministère des finances, accusant le secteur de dissimulation fiscale de 90%, de refus d’encaissement par chèque, de corruption et bien d’autres mots. Maintenant, ceci est grave, parce qu’un haut responsable de l’Etat qui déclare des choses pareilles met le secteur dans une position désagréable, parce que de tels propos remontent la population contre nous et nous met dans une mauvaise situation.», nous confie Redouane Semlali.

Le représentant des cliniques privées ajoute que «sur la question des 90% de dissimulation fiscale, nous venons de terminer un travail avec l’administration fiscale qui a inspecté tous les comptes des cliniques et le redressement qui a eu lieu à l’échelle nationale n’a pas dépassé 1,5%, ce qui est extraordinaire pour une comptabilité d’une entreprise. Donc, M. Chorfi aurait dû se concerter avec les responsables de la fiscalité du Maroc.».

Concernant le refus des cliniques privées du paiement par chèque, R. Semlali précise : «il a dit qu’on refuse les encaissements par chèque. Aujourd’hui, et de sources bancaires, 85% des encaissements se font par chèque. Bien entendu, lorsqu’il y a un chèque qui présente un problème de solvabilité, nous refusons de l’accepter comme à l’image de ce qui se passe dans toutes les entreprises et les administrations et dans ce cas-là, on exige qu’il soit certifié», poursuit-il.

«3ème point, M. Chorfi confond noir et cash, noir c’est un argent que vous encaissez et que vous ne déclarez pas au fisc. Cash est un mode d’encaissement qui est en espèces et que l’on met dans la banque et sachant que la plupart des marocains ne sont pas bancarisés, aujourd’hui nous faisons des encaissements cash que l’on déclare. Mais ce qui est le plus grave,  c’est que M.Chorfi a dépassé ses prérogatives en annonçant qu’il est capable de renoncer à toute fraude fiscale ne dépassant 20% et ça nous interpelle en tant que citoyen», s’indigne R.Semlali qui tient à souligner que l’ANCP a porté plainte contre Zouhair Chorfi pour «diffamation» et saisi les partis politiques pour les «informer de toutes ces déboires».

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