Baisse des taux : le marché obligataire séduit à la fois Trésor et investisseurs

Dans un contexte de désinflation progressive, d’amélioration des finances publiques et de recours accru aux financements internationaux, le marché obligataire marocain poursuit sa tendance baissière des taux d’intérêt. Cette évolution, amorcée depuis début 2024, se confirme au premier trimestre 2025, offrant des conditions avantageuses tant pour le Trésor que pour les investisseurs à moyen et long terme.
Selon la dernière analyse d’Attijari Global Research (AGR), cette dynamique positive s’inscrit dans un cadre macroéconomique plus serein. L’inflation reste maîtrisée, la croissance se redresse progressivement, tandis que la politique monétaire accommodante menée par Bank Al-Maghrib (BAM) soutient la stabilité financière. Ces éléments contribuent à un allègement des coûts de financement de la dette publique.
Un facteur clé de cette amélioration est le retour du Maroc sur les marchés internationaux en mars 2025, avec une émission d’Eurobond de 2 milliards d’euros, après deux années d’absence. Cette opération a permis de réduire la pression sur le marché intérieur en couvrant près de 89 % des besoins nets de financement du Trésor à l’étranger, limitant ainsi la dépendance aux emprunts domestiques.
Sur le plan économique, les perspectives s’améliorent : la croissance est révisée à la hausse, passant à 3,9 % en 2025 et 4,2 % en 2026, portée par une meilleure campagne agricole et une reprise vigoureuse de la demande intérieure. Ces facteurs stimulent la progression des recettes fiscales, qui ont augmenté de 19,3 % en glissement annuel à fin avril 2025.
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La situation budgétaire gagne en solidité : le déficit est ramené à 17 milliards de dirhams (MMDH), contre 27 MMDH un an plus tôt. Cette réduction s’explique par une maîtrise plus rigoureuse des dépenses, notamment celles liées à la subvention des produits de première nécessité, ainsi que par un solde ordinaire positif de +2,5 MMDH, renforçant la crédibilité des finances publiques.
Sur le marché des bons du Trésor (BDT), les investisseurs ont toutefois adopté une posture plus prudente. Dans un contexte international marqué par des incertitudes géopolitiques et commerciales, la préférence s’est portée sur les maturités courtes, qui représentent désormais 20 % des émissions du Trésor, contre seulement 3 % au premier trimestre 2024. Parallèlement, la part des titres à long terme a reculé à 31 %, contre plus de 60 % un an plus tôt.
Malgré cette prudence accrue, la demande globale en BDT demeure solide, même si elle a légèrement diminué à 86 milliards de dirhams (-13 % par rapport à la même période en 2024). D’après le rapport, le taux de satisfaction des souscriptions s’est amélioré, atteignant 51 %, contre une moyenne historique autour de 40 %. Le Trésor a ainsi largement dépassé ses objectifs de levée de fonds, avec un taux de réalisation de 120 %.
Sur le plan des rendements, la baisse du taux directeur de BAM en mars 2025 (-25 points de base) associée à la diminution des exigences de rendement des investisseurs a entraîné un recul général des taux obligataires. Les rendements des titres à long terme ont diminué en moyenne de 32 points de base sur le marché primaire, tandis que la courbe des taux s’est aplatie, traduisant un resserrement des écarts entre les taux courts et longs. AGR prévoit la poursuite de cet aplatissement, permettant au Trésor d’optimiser la gestion de ses échéances à moindre coût.
Dans ce contexte, AGR recommande aux investisseurs d’augmenter leur exposition aux maturités moyen et long terme, afin de profiter pleinement de la détente attendue des taux et d’améliorer la performance globale de leurs portefeuilles obligataires en 2025. Cette stratégie offre une opportunité attractive dans un environnement de marché en pleine évolution.