Baromètre HCP : de timides signes d’espoir dans un contexte économique incertain
Les résultats de l’enquête du Haut-Commissariat au Plan pour le premier trimestre 2025 révèlent un léger optimisme, mais les inquiétudes demeurent bien présentes. La majorité des foyers s’attend à des jours plus difficiles, avec une baisse du pouvoir d’achat et une augmentation du chômage. L’augmentation continue des prix alimentaires alourdit encore plus la situation, créant une incertitude palpable pour l’avenir.
Les résultats de l’enquête permanente de conjoncture menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) pour le premier trimestre de 2025 offrent un aperçu intéressant sur l’état d’esprit des ménages marocains face à l’évolution de leur situation économique. Cette enquête révèle une légère amélioration du moral des ménages par rapport au trimestre précédent et à la même période l’année dernière.
L’Indice de Confiance des Ménages (ICM), un indicateur clé qui mesure le niveau de confiance des foyers, a atteint 46,6 points, contre 46,5 points au trimestre précédent et 45,3 points au premier trimestre de 2024. Bien que cet indice montre une progression, il demeure dans une zone négative, ce qui indique que la confiance des ménages reste fragile et que de nombreux défis économiques persistent.
Concernant l’évolution du niveau de vie, la situation est loin d’être positive. Près de 81% des ménages rapportent une détérioration de leur niveau de vie au cours des 12 derniers mois. Seuls 14,7% estiment que leur situation est restée stable et une infime proportion de 4,4% considère qu’elle s’est améliorée. Le solde d’opinion, qui mesure l’écart entre les réponses des ménages concernant une amélioration ou une détérioration de leur situation, reste largement négatif, avec une valeur de -76,5 points. Toutefois, cette perception de dégradation semble légèrement moins marquée que lors du trimestre précédent (-78,1 points) ou de l’année dernière, ce qui pourrait suggérer une légère stabilisation, même si la situation globale reste préoccupante.
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Pour les mois à venir, les perspectives des ménages restent également pessimistes. Environ 53% des foyers prévoient une nouvelle détérioration de leur niveau de vie, tandis que seulement 6,7% nourrissent l’espoir d’une amélioration. Plus de 40% s’attendent à une situation stable. Le solde d’opinion sur les perspectives d’évolution du niveau de vie reste négatif à -46,3 points, bien qu’il ait légèrement progressé par rapport au trimestre précédent, où il était de -47,3 points. Cet indicateur témoigne de la persistance d’une inquiétude grandissante face à l’incertitude économique.
Le chômage continue d’inquiéter les ménages, avec des perspectives de hausse alarmantes
Le chômage, qui est un facteur clé de la stabilité économique, continue d’inquiéter fortement les ménages. Environ 80,6% des répondants s’attendent à une hausse du taux de chômage dans les 12 prochains mois. Seuls 7,2% anticipent une baisse, tandis que 12,2% prévoient une stagnation. Le solde d’opinion à ce sujet reste également largement négatif à -73,4 points, bien qu’il ait légèrement progressé par rapport au trimestre précédent (-77,2 points). Cela reflète une inquiétude persistante quant à la capacité du marché du travail à offrir de nouvelles opportunités, surtout pour les jeunes diplômés et les personnes en recherche d’emploi dans un contexte économique tendu.
Sur le plan de la consommation, les ménages restent également très prudents. 80,1% des foyers considèrent que ce n’est pas le moment opportun pour effectuer des achats de biens durables, tels que des électroménagers ou des voitures. Le solde d’opinion sur cet indicateur est également négatif à -72,0 points, très proche des -72,9 points de l’année dernière et des -71,9 points du trimestre précédent. Cette attitude de retenue en matière de consommation s’explique en partie par la situation financière des ménages, qui reste tendue. En effet, 55,8% des foyers déclarent que leurs revenus suffisent à couvrir leurs dépenses, mais une proportion importante de 42% doit recourir à l’endettement ou puiser dans leur épargne pour faire face à leurs obligations quotidiennes. Cela montre à quel point les ménages sont confrontés à des difficultés pour joindre les deux bouts. Le solde d’opinion relatif à cette situation financière reste négatif à -39,8 points, bien qu’il ait légèrement progressé par rapport au trimestre précédent.
Le pouvoir d’achat des foyers marocains est donc fortement impacté par l’inflation, notamment la hausse des prix des produits alimentaires. Environ 97,6% des ménages déclarent avoir constaté une augmentation des prix alimentaires au cours des 12 derniers mois. Cette situation est particulièrement préoccupante, car les produits alimentaires représentent une part importante des dépenses des ménages, en particulier ceux à revenu modeste. Le solde d’opinion sur cet indicateur est resté fortement négatif à -97,4 points, une légère détérioration par rapport à l’année précédente. Pour les mois à venir, 81,6% des foyers prévoient une nouvelle hausse des prix alimentaires, alors que seulement 1,6% espèrent une baisse. Cette anticipation d’une poursuite de l’inflation alimentaire renforce encore les préoccupations concernant le pouvoir d’achat.
Enfin, en matière d’épargne, la majorité des ménages (88,8%) ne prévoient pas de pouvoir mettre de l’argent de côté dans les 12 prochains mois. Le solde d’opinion relatif à cet indicateur reste négatif à -77,6 points, bien qu’il ait progressé légèrement par rapport aux -81,5 points de l’année dernière. Cette incapacité à épargner est un signe supplémentaire des difficultés économiques que rencontrent de nombreuses familles, qui doivent faire face à un environnement économique difficile et incertain.