Benkirane : Moi ou le chaos

Et c’est reparti pour un quinquennat de controverse, de division, de discours de dérision, de démagogie populiste, de chantage affectif et de menaces ?

Fidèle donc à ses sorties médiatiques inopinées, le chef de gouvernement revient avec son air de victimisation dans une vidéo qui date du 5 novembre et qui n’a été sortie du tiroir que le 14 du mois pour une raison que seul le PJD connaît. Et rebelote pour les clashs dont seul Abdelilah Benkirane détient le secret ! L’objet du lynchage « politique » cette fois-ci ? Le Rassemblement national des indépendants. Ainsi soit-il ! Après l’avoir approché pour le « séduire », le voilà qui s’en prend à lui , lui administrant une leçon d’arithmétique à laquelle ne manquait que des bûchettes pour lui rappeler que se sont les chiffres qui lui accordent à lui, en tant que chef de gouvernement, le pouvoir de tirer les ficelles à sa guise. C’est dire que Abdelilah Benkirane ignore ce que veut dire le scrutin proportionnel où chaque formation – quel que soit son poids – a droit de cité !

Pourtant, on espérait que le premier mandat lui aurait procuré de l’expérience et surtout un certain savoir-faire politique. Or le népotisme bat son plein encore et encore à un moment où , nommé par le Roi, le chef de gouvernement doit faire montre de tact et de diplomatie pour fédérer les partis politiques et former sa majorité en vue de constituer un gouvernement qui se fait attendre, capable de relever les défis et de refléter une configuration consensuelle.

Aujourd’hui, c’est le RNI qui est dans son viseur ou pour être plus précis Aziz Akhannouch, puisque Abdelilah Benkirane se noie toujours dans cette confusion des partis et des personnes. D’ailleurs quand il menace de « rendre les clés », il fait abstraction des autres membres du PJD tout en grossissant son égo qui lui fait croire que le parti Justice et Développement c’est lui. N’est-il pas arrivé le temps où il doit lever sa mainmise sur le parti puisque c’est de cela qu’il s’agit ? Ne doit-il pas comprendre que s’il n’est pas arrivé à constituer une majorité c’est qu’il n’en est pas jusqu’ici capable et qu’il devrait céder la place à quelqu’un d’autre pour le faire ? Le parti islamique a désormais gagné sa légitimité socio-économique mais pas forcément son secrétaire général. Par ailleurs, d’autres profils qu’il ne laisse pas émerger peuvent faire certainement l’affaire et aller de l’avant au lieu d’être bloqués par l’ambition démesurée d’un leader qui , outre respecter la démocratie au sein du parti qu’il réprime, devrait aussi faire émerger des noms et des visages crédibles, expérimentés et surtout compétents.

Si Benkirane ne peut échapper à sa nature d’homme de polémique et de discours populiste, Akhannouch, lui, dans sa réponse réfléchie à notre confrère le 360 a creusé l’écart à tel point que le contraste accroît la maladresse de l’un et la sagesse de l’autre.

Et comme à l’accoutumée puisque c’est devenu un rituel dans la scène politique marocaine, dans son incapacité à amener les partis à s’allier avec lui, le chef de gouvernement s’en tient à son antienne : « ‘On’ me bloque ! ‘On’ ne me laisse pas travailler ! ‘On’ complote pour que je ne puisse pas former la majorité ! »

Mais la voix intérieure qui nous arrive du fond de la toile est : « Moi, Benkirane, les hommes que je veux pour le gouvernement que je veux, sinon RIEN ! »

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