Biden et Ben Salmane : le retour du pendule

Joe Biden s’est entretenu jeudi, pour la première fois, avec le roi Salmane. Un échange cordial, rapportent les proches des deux dirigeants, avant la publication du rapport de la CIA sur l’affaire Khashoggi.

Pour la Maison Blanche, l’interlocuteur du président américain sera désormais le roi Salmane et non plus le prince héritier Mohamed Ben Salmane (MBS). Une approche qui s’inscrit dans la logique de la nouvelle administration à vouloir « recalibrer » les relations entre les deux pays, mais aussi à marquer une véritable rupture avec la politique étrangère du prédécesseur, dont le gendre était proche de MBS.

C’est ainsi que les deux dirigeants ont eu leur premier échange téléphonique hier, cordial, évoquent leur entourage proche, avant la publication par la Maison Blanche d’un rapport des renseignements américains, jugé « explosif », selon les informations révélées par l’agence de presse Reuters, sur le meurtre et la décapitation du journaliste Khashoggi. Si durant leur appel, les deux dirigeants n’ont pas mentionné cette affaire et que l’échange se serait « bien déroulé » rapporte le média CNN, Biden aurait toutefois insisté sur l’importance du respect des droits de l’Homme et des efforts diplomatiques à déployer pour mettre fin notamment à la guerre au Yémen, rapporte le média CNBC. Cet échange à par ailleurs été l’occasion de discuter également de l’Iran, accusé par les deux pays de soutenir les rebels Houthis au Yémen notamment dans les attaques contre l’Arabie Saoudite.

« Comment Biden mettra fin aux complaisances de Trump envers Israël et l’Arabie Saoudite »

Les experts et la presse internationale sont très attentifs à l’évolution des relations entre la nouvelle administration américaine et les pays du Moyen-Orient, et n’ont pas hesité à maintes reprises à pointer du doigt une certaine « complaisance » à l’égard de ces pays par l’ex-président américain. D’ailleurs, pour marquer le coup, Biden n’a pas manqué de mettre fin au soutien américain à l’Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen entamée par le prince il y a six ans, et d’ordonner la fin de la vente d’armes à l’Arabie Saoudite.

Dans ce contexte, le média Politico explique alors comment « après des années à obtenir tout ce qu’ils voulaient, les plus gros égos du Moyen-Orient, devront apprendre à obtenir moins, avec un nouveau président davantage centré sur les crises internes ». Si Biden ne cherche pas forcément à altérer ces relations traditionnelles avec ses alliés, il chercherait tout de même à « rééquilibrer » et à « restaurer leur respect envers les Etats-Unis, disparu durant les années Trump » en rappelant qu’ils ne sont désormais plus les centres du monde américain, et qu’ils devront « réfléchir à deux fois avant d’entreprendre toute action pouvant impacter les intérêts américains » estiment les auteurs de cet article.

Ces derniers n’hésitent pas non plus à rappeler le contraste entre la position de Trump et de Biden sur ce dossier. Trump a toujours refusé d’accuser MBS d’être impliqué dans l’assassinat du journaliste en déclarant « maybe he did, maybe he didn’t », tandis que Biden, n’a pas hésité à avancer lors d’un débat présidentiel démocrate en novembre 2019, que « Khashoggi a été tué, et décapité, je pense, sous les ordres du prince héritier ». L’Amérique serait-elle déjà « de retour » ?

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