Brésil : l’étrange inconnue après le départ de Dilma, « maman du peuple » !

Le Brésil, le grand pays et le grand peuple que nous aimons – qui n’est pas seulement et encore ! la terre du football – vient d’assister à un véritable coup d’Etat institutionnel.  On l’attendait, on le soupçonnait, on le subodorait et le craignait même : le vote dimanche 17 avril des députés pour destituer in fine la présidente Dilma Roussef, réélue miraculeusement en octobre 2014, marque un tournant dans l’histoire démocratique du Brésil. Ce sont donc 367 députés sur un total de 513 qui ont voté directement et au vu du peuple contre son maintien, la règle exigeant les 2/3 des voix….

Le Sénat en prendra donc acte et procédera à sa mise en cause pour justifier « l’impeachment ». La « dauphine » du grand leader de gauche, que fut et reste Luiz Inacio Lula da Silva Lula, élue triomphalement en 2011, qui a assuré avec succès la continuité dans les pas de l’ancien président, n’a pas en revanche su juguler la contestation partie en mars 2015 contre se personne, alimentée par une droite revancharde et dont certains élus qui se réjouissent aujourd’hui sont impliqués dans de grands scandales de corruption.

Avec le départ de Dilma Roussef, en attendant que le Sénat brésilien le confirme le 11  mai prochain, le pays s’enfoncera encore dans le marasme économique et financier. La crise économique n’aura guère épargné un pays de 200 millions d’habitants, considéré jusqu’ici comme la potentielle 6ème puissance mondiale. Accusée notamment de « maquiller les comptes publiques » en 2014 et de camoufler la crise que le pays a commencé à vivre, rendue « responsable » des maux par ses adversaires – conservateurs, évangélistes, corrompus jusqu’à l’os dans divers scandales, Dilma Roussef, aura combattu jusqu’au bout contre eux, en vain. Elle a fait face avec courage à une double logique : celle de la règle juridique mise en œuvre depuis des décennies au Brésil, dite « Impeachment » ( Destitution) – analogue à celle qui avait en août 1974 chassé Richard Nixon du pouvoir aux Etats-Unis – , ensuite du complot fomenté par ses adversaires qui, sans scrupules, ont invoqué le non moins contestable terme de « Lava Jato » ( Opération mains propres) ! Ironie de l’histoire, que ce soit Cunha, ancien maire de San Paulo, ou Michel Temer, ancien vice-président de Dilma Roussef jusqu’il y a vingt jours, ou d’autres adversaires actifs, ils sont tous placés en justice dans de rocambolesques scandales de corruption, en particulier celui de Petrobras, le groupe pétrolier d’Etat. Il est vrai que la présidente du Brésil n’a pas su prévoir à la fois la trahison des ses partenaires dans la coalition ni prévenir les grondements d’une classe moyenne montante, négligée au profit des classes pauvres, choyées par Lula qui , pendant son « règne » de 2001 à 2010, a su juguler et réduire les inadmissibles écarts  économiques et sociaux.

Le Brésil est donc en attente, sa démocratie fragilisée mise en veilleuse, tandis que les couteaux s’aiguisent entre les prétendants d’une droite plus revancharde que réaliste. A quelques mois des Jeux Olympiques, la menace plane sur un pays – notamment Rio de Janeiro –, y compris jihadiste, où l’insécurité reprend ses droits.

 

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