Économie

Bruxelles frappe Glovo et Delivery Hero d’une amende de 329 millions d’euros pour entente illicite

La Commission européenne a infligé, lundi 2 juin, une sanction d’ampleur à Glovo et Delivery Hero, deux acteurs majeurs de la livraison de repas en ligne, pour des pratiques jugées contraires aux principes fondamentaux de la concurrence au sein de l’Union européenne. Le montant de l’amende, fixé à 329 millions d’euros, marque la volonté de l’exécutif européen de réaffirmer l’intégrité du marché unique face à des ententes illégales.

Selon les conclusions de l’enquête menée par la Commission, Glovo et Delivery Hero ont échangé des informations sensibles et conclu des accords de non-embauche réciproques, destinés à limiter la mobilité des employés entre les deux entreprises. Ces pratiques concertées visaient également à se répartir les marchés au sein de l’Espace économique européen (EEE), violant ainsi les dispositions des traités garantissant la libre concurrence et la liberté d’établissement.

Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne en charge de la concurrence, a dénoncé « des comportements inacceptables qui ont porté atteinte à la dynamique concurrentielle du secteur ». Elle a précisé que ces ententes, loin d’être anodines, ont eu pour effet de restreindre le choix des consommateurs et d’entraver le bon fonctionnement du marché intérieur.

La somme de 329 millions d’euros, répartie entre les deux entreprises, se veut exemplaire. Elle illustre la détermination de l’Union européenne à réprimer fermement les atteintes aux règles de concurrence, en particulier dans un secteur aussi stratégique que celui de la livraison de repas, où la pandémie de Covid-19 a exacerbé la demande et la rivalité entre plateformes.

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Le commissaire européen chargé de la concurrence a souligné que la coopération des deux entreprises avec les enquêteurs n’a pas suffi à atténuer la gravité des infractions. Si la Commission a déjà sanctionné par le passé des comportements similaires dans d’autres secteurs, cette décision met en lumière la vigilance accrue des autorités européennes à l’égard des plateformes numériques, soupçonnées de multiplier les ententes tacites.

Un coup dur pour deux géants de la livraison

Glovo, entreprise espagnole fondée en 2015, et Delivery Hero, groupe allemand présent dans une cinquantaine de pays, ont connu une croissance fulgurante ces dernières années, soutenue par la numérisation des services et les changements d’habitudes de consommation. Mais cette amende pourrait entamer leur image de marque et affaiblir leur position concurrentielle sur le Vieux Continent.

Si les deux entreprises n’ont pas immédiatement réagi à la décision de la Commission, les analystes s’accordent à dire que cette sanction aura des répercussions sur leurs marges et sur la dynamique de consolidation du marché de la livraison à domicile. La Commission a par ailleurs indiqué qu’elle restait ouverte à de nouvelles enquêtes dans ce secteur, suggérant que d’autres acteurs pourraient, à leur tour, faire l’objet de procédures similaires.

Cette affaire illustre la mission centrale de la Commission européenne en matière de régulation économique : garantir des conditions de concurrence loyale, au bénéfice des consommateurs et de l’innovation. En ciblant les ententes verticales et les échanges d’informations stratégiques entre concurrents, Bruxelles rappelle que le partage de marché et les pactes de non-agression ne sauraient avoir leur place dans l’architecture du marché unique.

Au-delà de la seule livraison de repas, cette décision envoie un signal clair à l’ensemble des entreprises opérant au sein de l’UE : la vigilance des autorités européennes reste de mise, et les atteintes aux principes de concurrence libre et non faussée seront sévèrement punies.

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