Ce que peut cacher et révéler le drame d’Al Hoceima

L’accident tragique qui a coûté la vie à feu Mouhcine Fikri, vendredi 28 octobre à Al Hoceima , a bien sûr, soulevé l’ire du peuple marocain et suscité une impressionnante levée de boucliers. Aucune personne un tant soit peu humaine ne peut rester indifférente devant ce dramatique destin venu s’abattre sur le poissonnier. Une compassion unanime du peuple, toutes classes et catégories confondues – à commencer par le Roi – est venue signifier et souligner la solidarité avec le défunt, accompagnée d’un vaste mouvement de colère.

Je dirais d’emblée qu’il a été le révélateur d’une profonde prise de conscience collective, symbole dans ses exigences de ce Maroc nouveau qui émerge dans le flot tentaculaire des libertés et des réseaux d’expression.

Tant mieux !

Il convient cependant d’attendre les conclusions de l’enquête diligentée sur instructions du Roi pour en tirer les enseignements qui s’imposent et fixer les responsabilités, et d’abord de respecter la procédure de la justice, celle-ci étant sommée d’être rigoureuse!  Ceux qui se sont empressés de reprendre à leur compte cette histoire de  » than mou« , dans l’objectif douteux de jouer avec le feu, cautionnent ainsi le déni de vérité ! Ils ne perdent sans doute rien à attendre que la lumière soit faite! À attendre une vérité qui pourrait ne pas être ce slogan repris comme une antienne, qui anticipe gravement la conclusion finale de l’enquête !

La parole du Roi a force de loi, il a exigé l’exemplarité extrême et la justice totale dans cette affaire. Il a appelé à l’application « stricto sensu » de la loi.

Il reste que le nouveau Maroc qui ne baisse plus garde, incarné par une jeunesse libre et responsable, n’est pourtant pas à l’abri de manipulations et de sordides complots. A l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières. Les retombées de l’accident d’Al Hoceima provoquant mort d’homme nous ont fait découvrir par-devers les risques de manigances avérées par quelques-uns, prompts à instrumentaliser la tragédie pour, slogans et « dénonciations aidant », enflammer la toile et s’en prendre à la fois aux valeurs de notre pays, à la culture de solidarité qui est la sienne voire aux institutions. Il n’est que de voir comment, relayant les manifestations, la presse étrangère n’a pas hésité à faire ses choux gras de l’affaire d’Al Hoceima, lui consacrant manchettes, reportages et émissions – une heure entière sur France 24 – , des articles fleuve qui nous interpellent.

On en arrive à cette interrogation incontournable : pourquoi cette orchestration si amplifiée qui s’apparente à une « curée » organisée ? L’autre question subséquente est de savoir si derrière cette mobilisation il n’existe pas – comme d’aucuns l’ont invoqué – une volonté affichée de mettre de l’huile sur le feu en invoquant le devoir de protestation, mais donc de nuire à l’esprit de solidarité lui-même et au lien social qui le sous-tend ? Si dans la foule comme on dit, ne se cachent pas des « loups », si encore le projet de déstabiliser le pays ne trouvait pas là l’occasion de se réveiller, si enfin ses promoteurs intérieurs et extérieurs dévoilaient ici et maintenant leur volonté d’embraser le pays, passant outre la traditionnelle sagesse ou la simple raison garder qui caractérise notre éthique.

Les deux antiennes proférées de « Hogra » et « Than mou » ont été largement et abondamment usitées et ont couvert les espaces des villes du Royaume par l’effet d’émotion suscité et l’ampleur de la colère. Leur dimension reste émotive, mais elle servirait – si l’on ne prenait garde – de caisse de résonance aux instigateurs des désordres qui se frottent les mains, frustrés privés depuis 2011 de leur « printemps » à la marocaine.

La mobilisation à laquelle l’accident horrifiant d’Al Hoceima a donné lieu et sur lequel aussi se penchent sans concessions les enquêteurs comme l’exige le Roi, est d’autant plus digne de notre démocratie que celle-ci n’est le fait ou le monopole de personne, d’aucune force, moins encore d’un parti !

Pourtant, tandis que le peuple dans sa diversité est descendu crier sa colère, d’aucuns – les islamistes du PJD – et non des moindres ont préféré s’abstenir dans un premier temps et se sont même vu interdire de prendre part aux manifestations !

Ce n’est pas seulement le souci de préserver la stabilité du pays qui les anime, mais un secret plan de récupération et l’affirmation d’une posture : ne pas afficher leur soutien aux fauteurs et aux instigateurs de troubles !
En février mars 2011, ils se faisaient passer pour les  » sauveurs » du Maroc, menacé par une imminente révolution sociale! L’objectif aujourd’hui, de toute évidence, est de consolider leurs acquis engrangés depuis leur arrivée au pouvoir qu’ils n’entendent pas perdre, et de protéger leurs intérêts comme aussi de paraître également comme les défenseurs de l’ordre voire de la monarchie !

Les fauteurs de troubles, ce sont les autres !

Ce cynisme politique est payant, il marginalise encore plus les partis adverses, dont le PAM notamment, exposé et mis à l’index sous cape !
Comme quoi, même une mort tragique d’un citoyen peut nourrir l’opportunisme politique le plus pervers. N’oublions pas enfin que la presse algérienne, tout à sa hargne du Maroc et de son peuple – s’en donne à coeur joie dans cette triste tragédie, réveillant le démon des régionalismes d’antan, l’irrédentisme entretenu autrefois par les colonialistes, du particularisme rifain flatté à tout bout de champ, et à présent , avec une mauvaise foi caractérisée, n’hésitant guère à désigner les autorités marocaines comme les coupables !

Or, n’oublions jamais que la première tournée que le Roi Mohammed VI a entreprise immédiatement après son accession au Trône fin 1999, a été dans le nord du Maroc, et notamment dans le Rif où il rendit visite – qui avait valeur de symbole – à la famille et aux enfants de Abdelkrim al-Khattabi, héros de la guerre du Rif contre l’Espagne coloniale. C’est peu dire que le Rif, et Al Hoceima en particulier, constituent pour le Roi le « coup de cœur », et sa présence physique pendant plusieurs jours lors du tremblement de terre qui a cruellement frappé cette ville en 2003, sa sollicitude envers les populations en témoignent avec force.

Depuis quelques mois, circulent non sans insistance les rumeurs, fondées ou non, sur l’hypothèse de complots qui pèsent sur le Royaume du Maroc. Une machine infernale, un projet dont même le Roi Mohammed VI s’est fait l’écho dans le discours qu’il a prononcé le 20 avril dernier à Ryad. Et l’invocation de la Libye, de l’Irak et de la Syrie. C’est peu dire que ces funestes projets s’appuient à coup sûr sur cette 5ème colonne intérieure qui s’agite et s’excite.

L’enquête attendue avec impatience dira définitivement les tenants et aboutissants de la triste et déplorable affaire du jeune poissonnier. Elle nous révélera à coup sûr l’inattendu, au-delà des mots, des slogans, et des perverses manipulations qui, enterrant le chagrin de la famille du défunt et du peuple, n’ont d’autre objectif avoué désormais que de semer le désordre et de déstabiliser le pays.

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