Canada : Justin Trudeau en sursis politique ?

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau pourrait annoncer sa démission dès cette semaine, un départ qui marquerait un tournant majeur dans la politique du pays. Le quotidien The Globe and Mail a rapporté, dimanche, que plusieurs sources proches des coulisses du Parti libéral indiquaient que l’annonce pourrait intervenir dès lundi, en amont d’une réunion nationale de son parti prévue mercredi.

Ce départ imminent s’inscrit dans un contexte de turbulences politiques qui fragilisent davantage le Premier ministre. À quelques mois des élections fédérales prévues pour la fin octobre, l’issue d’une possible démission laisserait son parti sans leader, en pleine période de campagne électorale. Une situation d’autant plus complexe que les sondages actuels placent M. Trudeau en recul de plus de 20 points par rapport à son principal rival conservateur, Pierre Poilievre. Interrogé par l’AFP, le bureau de Justin Trudeau a refusé de commenter ces informations.

Depuis plusieurs semaines, la pression ne cesse de monter sur Justin Trudeau. Son mandat, entamé avec l’espoir d’une gouvernance progressiste et dynamique, semble aujourd’hui en déclin, accentué par une série de crises internes et externes. En premier lieu, le retrait de l’un de ses alliés de gauche, mais aussi un mécontentement grandissant au sein de son propre parti, placent l’ancien jeune leader dans une position de plus en plus précaire.

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Au Parlement, où il est déjà en situation minoritaire, la gestion des affaires du pays semble s’être muée en une suite de polémiques et d’impasses. La démission récente de la vice-Première ministre Chrystia Freeland, qui s’est retrouvée en désaccord avec Justin Trudeau sur la gestion de la guerre économique qui se profile avec les États-Unis, a jeté de l’huile sur le feu. Ce départ inattendu a amplifié le chaos au sein de l’équipe gouvernementale, déjà secouée par la menace d’une nouvelle escalade économique avec les États-Unis.

Loin d’être apaisée, la situation politique se complexifie davantage avec l’escalade des tensions économiques entre le Canada et les États-Unis. Les récentes déclarations de Donald Trump, qui menace de remettre en place des droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes dès son retour au pouvoir, ont jeté une ombre sur l’avenir du pays. Alors que le Canada cherche des solutions pour contrer ces menaces économiques, la popularité de Trudeau continue de se détériorer.

La gestion de la crise inflationniste, qui touche durement le quotidien des Canadiens, ainsi que les difficultés croissantes dans le secteur du logement et des services publics, ont eu raison de l’image de Trudeau, perçu par une partie de la population comme responsable des maux économiques du pays. Ce déclin dans les sondages est le reflet d’un ras-le-bol général, particulièrement alimenté par des prix en forte hausse et une situation de plus en plus préoccupante dans les villes canadiennes.

Justin Trudeau, un parcours en déclin

Lors de son arrivée au pouvoir en 2015, Justin Trudeau avait incarné l’espoir et l’optimisme. Le monde entier observait avec intérêt ce jeune dirigeant qui proclamait fièrement que « le Canada est de retour » sur la scène internationale. Fils de Pierre Elliott Trudeau, l’ancien Premier ministre charismatique, Justin Trudeau semblait alors incarner la relève d’un pays ouvert et progressiste, désireux de renouer avec ses idéaux de multilatéralisme et de droits de l’homme.

Son ascension, marquée par des engagements forts en faveur du climat et des droits sociaux, l’a vu se positionner comme un leader audacieux, notamment en devenant le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis, en instaurant l’aide médicale à mourir et une taxe carbone. Son gouvernement a également initié des enquêtes publiques sur les disparitions et assassinats de femmes autochtones et signé une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Cependant, à mesure que les années ont passé, son mandat a été terni par des échecs politiques et une gestion jugée inefficace de crises internes.

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