Caravanes de désespoir en marche vers « l’American Dream »

Hervé B. Pons

Le Mexique et les Etats Unis ont quelque trois mille kilomètres de frontières communes. Pas faciles à contrôler. D’où le problème du trafic de drogues et de l’immigration illégale. C’est cette dernière qui occupe actuellement l’actualité avec les caravanes d’émigrants d’Amérique Centrale qui traversent à pied le Mexique (soit pratiquement la France, l’Espagne et le Maroc réunis) pour se diriger vers le « rêve américain »…

Faut-il que la situation de leurs pays soit désespérante, insupportable, pour que des hommes, des femmes et des enfants, entreprennent une telle marche, avec une telle détermination, et dans des conditions aussi pénibles ! Le Mexique, malgré ses propres problèmes personnels, – et Dieu sait s’il en a-, ne s’est pas opposé à leur passage, et leur a même apporté une aide minimum pour les nourrir et les héberger dans des camps improvisés.

Dans la capitale aztèque où ils se trouvaient encore cette dernière fin de semaine, on a même essayé de les convaincre de faire marche arrière. Et Donald Trump les a avertis  et même menacés. Ils n’atteindront pas leur but. Il a envoyé l’armée pour les en empêcher, tout au long de la frontière. Mais la majorité de ces émigrants (la plupart en provenance d’Honduras) a décidé de ne pas céder et de poursuivre leur marche (toujours à pied). Ils avaient demandé que des moyens de transports (autobus ou camions) leur soient accordés, mais on le leur a refusé sous prétexte qu’on ne peut légalement aider des gens en situation illégale.

Pendant ce temps, d’autres caravanes humaines sont en route depuis le Salvador, le Guatemala et d’autres pays d’Amérique du Sud même, pour tenter l’ « impossible ». Mais que peut-il y avoir d’impossible pour ceux qui n’ont plus rien à perdre et peut-être, avec de la chance, tout à gagner ? On le voit bien avec ceux qui, du continent africain, s’aventurent en mer, au péril de leur vie, pour essayer de rejoindre l’Europe. (Voir entre autres articles sur ce sujet, notre chronique « Tourisme et Migration : la Méditerranée pour le meilleur et pour le pire »).

→ Lire aussi : Des milliers de migrants centre-américains reprennent leur marche vers les Etats-Unis

Alors, que faut-il penser ou faire, face à ce phénomène d’actualité ? Eh bien tout d’abord, s’interroger sur ce qui ne va pas dans ce monde pour en être arrivé à des mouvements migratoires aussi importants et dramatiques. En fait, la réponse peut être simplifiée à une évidence : les différences socio-économiques entre le Nord et le Sud, le déséquilibre existentiel entre certains pays et d’autres.

De nos jours, avec les moyens de communications à la disposition de n’importe quel citoyen de la planète, tout le monde sait quels sont les avantages de vivre là où l’on vit le mieux. Les courants migratoires dans toute l’Histoire de l’humanité ont d’ailleurs toujours eu les mêmes causes et les mêmes raisons. Le désir et le besoin d’améliorer l’existence des moins favorisés.

Il n’y a donc rien  de nouveau ni de surprenant à ce que les plus déshérités du globe veuillent aller chez ceux qui jouissent de privilèges. Matériellement du moins. Il en a toujours été ainsi depuis que la première espèce humaine est partie de quelque part en Afrique pour aller se répandre à travers les siècles dans tous les continents et les moindres recoins de la planète. Ce qui fait que nous sommes tous des descendants de migrants.

Aujourd’hui, 215 millions de personnes, soit plus de 3% de la population mondiale, dont la moitié de femmes, vivent hors de leur pays d’origine. Et ces chiffres ne feront qu’augmenter, en grand nombre, selon les prévisions de tous les experts en la matière. C’est peut-être l’un des signes d’un changement de cycles de sociétés qui ne peuvent plus faire la sourde oreille, le malheur des autres est à leur seuil et frappe à leurs portes…

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