Caricatures du Prophète : Après les propos de Macron, la colère monte dans certains pays musulmans

Indignation de certains chefs d’État, des appels à manifestation et un mouvement de boycott des produits français, voici les réactions de certains pays arabo-musulmans aux propos tenus par le Président Emmanuel Macron lors de l’hommage à Samuel Paty.

« Nous ne renoncerons ni aux caricatures ni aux dessins. Nous continuerons ce combat pour la liberté dont vous êtes désormais le visage. En France, les Lumières ne s’éteignent jamais », c’est ce qu’a affirmé Emmanuel Macron, dans un discours prononcé à la Sorbonne, mercredi 21 octobre, lors de la cérémonie d’hommage à Samuel Paty, l’enseignant assassiné la semaine dernière à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Devenu « visage de la République » et de « la liberté », selon le Président français. Des propos qui ont attisé le mécontentement de plusieurs pays du monde musulman, notamment, la Turquie, l’Iran, la Jordanie ou encore le Koweït, qui ont dénoncé la publication des caricatures du Prophète.

Indignation et colère au Moyen-Orient

En réaction à ce même discours, l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui réunit 57 pays, a précisé sa position, en condamnant, au nom de son secrétaire général, « le discours de certains hommes politiques français, qu’il juge nuisibles aux relations franco-musulmanes, incitant à la haine et ne servant que des intérêts politiques partisans« , rajoutant qu’il « condamnera toujours les pratiques de blasphème et d’insulte aux prophètes de l’islam, du christianisme et du judaïsme » comme il dénonce tout crime commis au nom de la religion.

Du côté turc, la riposte était assez violente. Erdogan a clairement accusé son homologue français d’hostilité envers l’islam, remettant en question sa santé mentale.« Quel est le problème de Macron avec l’islam et les musulmans ? Il a besoin d’un traitement de santé mentale« a déclaré le Président turc lors du congrès au pouvoir du Parti de la justice et du développement. Des propos qui ont été réfutés par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui a écrit sur Tweeter : « Les propos du président RecepTayyipErdogan à l’égard du président Emmanuel Macron sont inacceptables. Appel à la Turquie à cesser cette spirale dangereuse de confrontation ».Plus récemment, lors d’un passage radio ce dimanche, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes a dénoncé, ce qu’il l’appelle, « une volonté de déstabilisation » de la part du président turc, qui « se présente en protecteur des musulmans de façon complètement instrumentalisée ».Cela ne s’arrête pas là, l’ambassadeur de France en Turquie, Hervé Magro, a été rappelé et rentre à Paris dès ce dimanche 25 octobre pour consultation. Alors que le dialogue entre Ankara et Paris est déjà tendu au sujet du conflit au Haut-Karabakh ou encore des ambitions turques en Méditerranée.

Un autre pays musulman a pris position officiellement, celui du Pakistan, où le Premier ministre, Imran Khan, a accusé Emmanuel Macron d’« attaquer l’Islam », en écrivant sur Twitter que « le président Macron aurait pu jouer l’apaisement et refuser l’espace aux extrémistes plutôt que de créer une polarisation et une marginalisation supplémentaires qui conduisent inévitablement à la radicalisation ».

Les appels au boycott se multiplient

Mais ce n’est pas tout. Les expressions de colère contre les propos du Chef d’État français ne cessent de prendre de l’ampleur, notamment sur les réseaux sociaux. De nombreux appels à ne plus acheter les produits français ont été relayés. Le hashtag « #boycottfranceproducts » est en tendance depuis ce matin sur Twitter. De nombreuses photos et vidéos du retrait de produits français des rayons de supermarchés circulent sur la toile, notamment au Koweït, là où près de 430 agences de voyages ont suspendu les réservations de vols vers la France.

Selon l’AFP, en Jordanie, le Front d’action islamique, un parti d’opposition, a appelé les citoyens à boycotter les produits français. La même source indique qu’au Qatar, les chaînes de distribution Al-Meera et Souq al-Baladi ont annoncé qu’elles « retireraient » les produits français des magasins jusqu’à nouvel ordre. Sur Twitter, l’Université du Qatar a annoncé vendredi  le report de la semaine culturelle française après « l’atteinte délibérée à l’islam et ses symboles ». Et sur un ton de menace, le Hamas a dit « prévenir » la France des « conséquences » que pourraient avoir les déclarations du Président français sur les caricatures du prophète. Dans ce contexte, en Libye, les appels à manifester sur la grande Place des Martyrs, dans le centre-ville de Tripoli, se sont multipliés aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Notons que des petits groupes ont déjà protesté samedi dans plusieurs villes libyennes, brandissant des pancartes reprenant le hashtag « Tout sauf le prophète », « le prophète est une ligne rouge » ainsi que des portraits du président français barrés d’une croix rouge.

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