Ce que le dernier rapport de la CIA ne dit pas

 Par Gabriel Banon

Le dernier rapport de la CIA pour les années 2030 est surtout un catalogue des applications des der­nières avancées de la science. Il annonce l’ar­rivée de l’ère des Hu­manoïdes et la proémi­nence de l’intelligence artificielle dans notre vie de tous les jours. Quelques allusions sur le robot-soldat nous font entrevoir ce que serait demain la guerre, avec l’arrivée des armes nu­cléaires tactiques. Mais sur l’évolution de la so­ciété, on ne trouvera au­cune allusion.

C’est que les années 30 vont être mar­quées par la sinisation du monde occi­dental. Le développement économique de la Chine s’est poursuivi et son in­fluence s’est accrue dans tous les do­maines.

Utilisant les mêmes techniques éprouvées du « Nouveau monde » pour étendre son influence, on assiste à une véritable relève d’un monde en déclin, par un monde, nouveau dans son genre, la Chine. Avec des milliers d’années d’Histoire derrière lui, l’Empire du milieu, dans une renaissance triomphante, est en train, par petites touches, de siniser l’Occident.

Les années 30 vont être marquées par la sinisation du monde occidental.

Il y a quelques années, les Parisiens, déjà, se disaient : « si on est optimiste, il faut apprendre le russe, si on est pes­simiste, il faut apprendre le chinois. »

Partout, les restaurants chinois sont en train de supplanter les « Mc Do », les cinémas affichent de plus en plus souvent, des films où la guerre des écoles d’arts martiaux a remplacé celle des gangsters de Chicago. Les samou­raïs ont remplacé les cow-boys et on se passionne pour « La cité interdite » de Zhang Yimou, après avoir pleuré dans « Autant en emporte le vent » de Victor Fleming.

En haute couture, les défilés abondent en créatrices et créateurs venus de l’Extrême Orient. Les poitrines avanta­geuses de Jane Russel laissent la place à celles plus discrètes de Liu Yifi ou encore Liu Tao, deux stars internatio­nales chinoises.

La Chine, aujourd’hui la première puissance commerciale au monde, sera alors devenue la première puissance mondiale, assurant la relève de l’hégé­monie américaine sur le recul.

Nombreuses grandes entreprises sont  devenues chinoises ou contrôlées par un actionnariat asiatique. On y retrouve des cadres chinois réputés pour maîtriser l’art de conduire les réformes en douceur. Les jeunes di­plômés européens ne regardent plus vers l’Amérique, mais plutôt vers Hong Kong et Pékin. Le rêve chinois aura remplacé le rêve américain. La Chine aura mis en place, progressive­ment, les droits de l’Homme, la liber­té d’expression et la propriété privée. Une évolution qui lui ouvre les portes d’une collaboration intellectuelle avec les faiseurs d’opinions du monde occidental.

 La vision chinoise du monde, place la collectivité devant l’individu, alors que la vision occidentale fait l’inverse.

La vision chinoise du monde, place la collectivité devant l’individu, alors que la vision occidentale fait l’in­verse. Les années 30 vont en fait, faire la synthèse de ces deux mondes, chacun se rapprochant de l’autre.

L’Afrique sera devenue chinoise par l’importance de la présence finan­cière, commerciale, économique et humaine de la Chine dans ce conti­nent.

La décadence démographique du Japon, l’attrait des routes de la soie lancées à coup de milliards de dollars par Xi jumping, le président chinois, les déboires des Américains avec la Corée du Nord, les retournements d’alliances avec les Philippines en tête, font de la Chine, les maîtres du jeu dans le Pacifique.

L’omission par la CIA de cette si­nisation de l’Occident est bien natu­relle. Cet organisme a, entre autres missions, celle de pérenniser l’hégé­monie américaine.

Mais, durant les années 30, l’image de l’Amérique continuera de payer le passage de Donald Trump à la Maison Blanche.

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