CEDEAO : le Maroc toujours à l’Ouest

Par Mostafa NAZIH

Plus que quelques jours avant la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) devant examiner la demande d’adhésion du Maroc à cet espace économique ouest-africain.

Disons-le tout de suite : le Maroc est situé au nord-ouest africain et la grande partie de son territoire se trouve dans la partie Ouest du Continent. C’est la géographie telle quelle !

Une position doublement stratégique

Ce niveau géographique, au même titre que le niveau économique,  a été, en effet, évoqué après que Rabat ait demandé officiellement à intégrer la CEDEAO, le 23 février 2017.

A cet égard, il y a peut-être lieu de rappeler que le Maroc jouit, effectivement, d’une position doublement stratégique sur la Méditerranée et l’Atlantique, faisant du Royaume le pont privilégié entre l’Afrique et l’Europe. S’il est ancré dans son continent, le Maroc est aussi à deux pas de l’Europe, à moins de 15 Km du vieux continent, par le détroit de Gibraltar, ce qui consacre son rôle de pont avec l’Europe. SM Hassan II ne disait-il pas que « le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe » ?

En fait, dans le sillage de la demande d’adhésion, adressée par le Roi Mohammed VI à la Présidente en exercice de la CEDEAO, la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, le président de la Commission de la CEDEAO, le Béninois Marcel de Souza, a notamment déclaré à Radio France Internationale que « juste après le Roi, c’est la Tunisie également qui m’a envoyé l’ambassadeur pour dire qu’elle voulait être membre à part entière».

Heureuse nouvelle dénotant de l’engouement pour la CEDEAO, qui témoigne de la bonne santé de cette Communauté et du succès de cet ensemble économique. Reste cette question « géographique » : qui était toujours à l’Ouest et qui ne l’était jamais ; c’est encore une fois la géographie telle quelle!

Une forte présence économique

En tout état de cause, l’adhésion comme membre à part entière du Maroc à la CEDEAO, qui lui a octroyé le statut d’observateur en 2005, ne sera que la concrétisation d’une réalité, du fait que géographiquement parlant, il se trouve indéniablement à l’Ouest de l’Afrique et qu’économiquement parlant, son intégration à cet espace économique sera en droite ligne des multitudes d’accords et de conventions signés et des projets phares réalisés ou en cours entre le Royaume, d’une part, et la quasi-totalité des pays de cet espace ouest-africain, d’autre part.

Concernant ce volet de relations économiques, Marcel de Souza a, d’ailleurs, souligné la forte présence économique marocaine, ancienne après tout, dans les pays de la CEDEAO tout en précisant que la « décision relève de la Conférence des Chefs d’Etat. »

Sur le plan économique toujours, on ne peut ne pas souligner l’importance et l’impact positif du projet de gazoduc Nigeria-Maroc sur plus de 300 millions d’habitants de 13 pays ouest-africains, projet du siècle annoncé début décembre 2016 et devant acheminer le gaz du Nigeria au Maroc, le long de l’Atlantique, pour atteindre l’Europe.

Liens séculaires

Faut-il rappeler, par ailleurs, l’implication solidaire marocaine dans la région ouest-africaine, et partout en Afrique, à travers la participation des Forces Armées Royales à des opérations de maintien de la paix et aux efforts de médiation pour la résolution des conflits ? Implication qui répond non seulement aux attentes de l’Organisation des Nations unies mais qui obéit, en même temps, aux liens forts séculaires aux niveaux politique, humain, historique, religieux, de solidarité et économique du Maroc avec le reste du continent et avec les pays membres de la CEDEAO en particulier.

Aussi, sur le plan de la démocratie et de la transparence du processus électoral, l’expérience du Maroc, l’un des premiers pays en Afrique et dans le monde arabe à avoir opté pour le multipartisme dès son accession à l’indépendance en 1956, ne pourra qu’enrichir celles des pays de la CEDEAO.

L’adhésion du Maroc à la Communauté en tant que membre à part entière sera certes « une aubaine pour les deux parties », comme l’avait relevé, le 22 mars 2017, le ministre sénégalais du Budget, Birima Mangara, cité par le quotidien « Le Soleil », et apportera un « nouveau souffle » à ce groupement régional, comme l’a déclaré le 19 mai 2017 à Bamako, l’ancien ministre malien des Affaires étrangères, Sadio Lamine Sow. Toujours est-il que ce sont les chefs d’Etat qui statueront sur la demande marocaine lors de leur 51ème Conférence ordinaire, le 4 juin 2017 à Monrovia, au Libéria.

Déjà si l’on en croit le journal ivoirien « La Diplomatique d’Abidjan », qui a rapporté, le 19 mai 2017, l’information dans son Site, la quasi-totalité des pays membres de la CEDEAO ont donné leur accord en vue de l’intégration du Maroc en qualité de membre statutaire et à part entière de leur espace économique ; but wait and see.

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