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Chandler Index 2025 : recul du Maroc à la 75e place dans le classement mondial de la gouvernance

Le dernier classement mondial de la gouvernance met en lumière un recul du Maroc dans ce domaine, soulignant des progrès en leadership mais aussi de profondes fragilités institutionnelles et sociales. Malgré des efforts dans le numérique et la diplomatie, le pays peine encore à répondre aux attentes en matière de transparence, d’égalité et de services publics.

Le Maroc se classe 75e sur 120 pays dans l’édition 2025 du Chandler Good Government Index, un recul de cinq places par rapport à l’année précédente. Avec un score de 0,466 sur 1, le Royaume demeure dans la catégorie des pays à performance moyenne, mais proche du bas du tableau. Ce rapport, publié par l’Institut Chandler basé à Singapour, évalue non seulement les résultats obtenus par les gouvernements, mais aussi leur capacité à gouverner efficacement et durablement, à travers sept piliers et 35 sous-indicateurs.

Sur le continent africain, le Maroc occupe la quatrième position derrière l’île Maurice (51e au niveau mondial), le Rwanda (63e) et le Botswana (67e). Il devance toutefois l’Afrique du Sud (77e) et la Tanzanie (78e). Sur le plan régional, le Royaume se situe derrière les Émirats arabes unis, impressionnants 9e mondial, et l’Arabie Saoudite (38e), mais devant l’Égypte (81e), la Tunisie (87e) et l’Algérie (96e). Il arrive aussi juste après la Turquie (74e), soulignant un positionnement fragile dans un espace Moyen-Orient – Afrique du Nord (MENA) hautement concurrentiel.

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Le Maroc réalise ses meilleures performances dans le pilier « leadership et vision stratégique », où il se classe 50e mondial. Il se distingue particulièrement en « vision à long terme » (28e) et en « leadership éthique » (71e). De plus, sa diplomatie est saluée : le pays se classe 32e pour son action internationale, traduisant l’engagement du Royaume sur des questions migratoires, de développement et de sécurité régionale.

Un autre motif de satisfaction provient des « capacités des données gouvernementales », où le Maroc est considéré comme le pays africain ayant enregistré la plus forte progression depuis 2021. Cette avancée est attribuée à la stratégie « Maroc Digital 2030 », qui vise à moderniser l’administration et renforcer la transparence.

Malgré ces points positifs, le rapport met en lumière plusieurs lacunes structurelles. Dans le pilier « institutions solides », le Maroc recule à la 87e place, et dans « aider les populations à s’élever », il tombe à la 85e position. La qualité de l’éducation (97e), le taux d’emploi (109e), les services publics (103e) et les inégalités de genre (112e) y sont particulièrement pointés du doigt.

L’évaluation du pilier « lois et politiques solides » est également préoccupante. Le Royaume se situe à la 76e place, avec une transparence jugée faible (92e), révélant un manque de communication claire autour des budgets, des marchés publics et des décisions administratives.

Côté gouvernance financière, le Maroc est classé 70e. Il montre des performances acceptables en gestion des risques (58e) et en efficacité des dépenses (71e), malgré un déficit budgétaire élevé (85e). Sur le pilier « marchés attractifs », il brille dans la stabilité des lois commerciales (26e) mais reste faible en droits de propriété (83e) et en attraction d’investissements (73e).

Ce classement intervient dans un contexte mondial de défiance croissante envers les institutions. Pour l’Institut Chandler, la gouvernance constitue l’un des enjeux majeurs de notre époque. Si le Maroc dispose d’atouts stratégiques, les disparités sociales et la faiblesse des services publics restent des freins à son ambition. Le rapport interpelle ainsi les décideurs sur l’urgence de réformes structurelles pour rendre l’action publique plus équitable, plus efficace, et mieux ancrée dans les besoins de la population.

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