Christine Leang: d’une réfugiée à un coach littéraire

Réfugiée politique en France en 1980 pour fuir le régime khmer rouge au Cambodge, Christine a grandi dans un espace propice à l’émergence de talents littéraires. Entre bibliothèques et histoires, l’organisatrice des ateliers d’écriture à Casablanca, est devenue experte dans la façon d’arranger les mots pour en faire des romans, voire des livres. Maroc diplomatique est allé à sa rencontre pour une interview sur ses ateliers d’écriture non sans parler de son parcours.

Bonjour Christine Leang, merci d’avoir accepté cette interview, qu’est ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’écriture ? 

Christine Leang. Ma famille et moi sommes arrivés en France dans les années 1980 comme réfugiés politiques fuyant le régime khmer rouge au Cambodge. Notre situation matérielle et financière était plus que précaire durant les premières années. Aussi, le seul loisir auquel j’avais accès était la bibliothèque municipale gratuite de la ville dans laquelle j’ai grandi (en Seine-Saint-Denis). J’ai donc toujours baigné parmi les livres depuis que je sais lire. Enfant, je me racontais des histoires pour rendre mon quotidien en banlieue parisienne « meilleur ». En grandissant, j’ai rencontré tout au long de mon parcours des personnes qui avaient elles-mêmes des histoires fascinantes, à commencer par mes propres parents. Ce sont ces parcours de vie et mon amour pour les livres et la littérature qui m’ont naturellement amenée à l’écriture.


 Aujourd’hui vous en êtes coach et apprenez les techniques aux autres, comment s’est fait ce processus ou plutôt ce choix ? 
En 2012, j’ai suivi une formation de « creative writing », la méthode américaine d’écriture de fiction. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à acquérir les techniques pour écrire un roman. Lorsque mon livre « Embarquement pour la Chine » est sorti en 2013, plusieurs personnes m’ont demandé si j’enseignais aussi l’écriture. Il m’a paru naturel de répondre à l’enthousiasme de ces personnes et de commencer à partager le savoir dont je dispose à travers l’animation d’ateliers d’écriture et l’accompagnement personnalisé en écriture.
 
Comment se fait la formation ? Quelles sont les techniques fondamentales qu’il faudrait nécessairement à tout aspirant à l’écriture ?
 
La formation que je dispense propose une méthode avec des techniques concrètes, qui permet de guider les participants sur le chemin de l’écriture de manière théorique et structurée, tout en les encourageant à explorer leur créativité. Si les aspirants à l’écriture n’ont pas besoin de prérequis pour participer aux ateliers, je dirais qu’il est préférable de posséder un esprit ouvert et curieux, et surtout d’être prêts à travailler, car l’écriture demande beaucoup d’efforts et de travail !
 Est-ce facile ? 
Je dis souvent que l’écriture est souffrance et jubilation ! L’écriture n’est pas facile car elle demande du travail et on a souvent des moments de doute. Mais si l’on est passionné et qu’on écrit par amour des mots et des histoires, je dirais qu’on éprouve forcément du plaisir, notamment celui de s’oublier lorsqu’on est immergé dans son écriture.
Comment va l’environnement littéraire à Casablanca ? Est-ce qu’on peut dire que la vente des livres se porte bien ici ? 
Je suis encore nouvelle à Casablanca et ne connais pas encore très bien le secteur du livre ici au Maroc. J’ai toutefois visité toutes les librairies de la ville et assisté à plusieurs rencontres littéraires. J’ai eu l’honneur et la chance de rencontrer notamment Mahi Binebine et Fatna El Bouih, d’écouter Youssef Fadel, Yasmine Chami, Abdellatif Laâbi. J’ai également remarqué que les maisons d’édition locales (Le Fennec, les éditions du Sirocco) étaient très dynamiques. Malheureusement, malgré la qualité de la littérature marocaine, j’ai beaucoup entendu dire, « on ne lit pas au Maroc. » Abdellatif Laâbi, grand écrivain marocain qui a reçu le prix Goncourt de la poésie, vient de voir l’intégralité de son oeuvre poétique rééditée aux éditions du Sirocco, mais à seulement 1500 exemplaires ! Ce chiffre, dérisoire, parle de lui-même.

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