Chute des stocks de sardines : l’UNICOP réclame un plan d’urgence
Par Hajar Ben Hosain
A l’issue de son assemblée générale tenue le 10 juin 2025 à Casablanca, l’Union Nationale des Industries de la Conserve de Poisson (UNICOP) alerte sur une crise systémique qui menace l’un des piliers stratégiques de l’économie maritime marocaine. L’organisation émet trois signaux d’alerte : un effondrement dramatique des ressources halieutiques, un impact social massif, et une menace de désindustrialisation imminente.
La ressource principale, la sardine, connaît une chute vertigineuse. Selon l’Office National des Pêches, les débarquements sont passés de 965 000 tonnes en 2022 à 525 000 tonnes en 2024, soit une baisse de près de 46 % en seulement deux ans. Ce déclin brutal met en péril toute la chaîne de valeur, et avec elle des milliers d’emplois. « Une boîte de sardine n’est pas un simple produit, c’est un patrimoine industriel et le gagne-pain de dizaines de milliers de familles », rappelle Mehdi Dhaloomal, président de l’UNICOP.
Face à cette situation, l’UNICOP soutient fermement les mesures préconisées par la secrétaire d’État chargée de la pêche, notamment l’interdiction stricte de la capture des juvéniles et le renforcement de la lutte contre la pêche illégale. Elle appelle aussi à une adaptation scientifique du repos biologique et à un contrôle rigoureux dans les ports, condition sine qua non pour la survie des stocks.
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Au-delà de la ressource, c’est tout un tissu social qui vacille. La conserverie est la filière la plus pourvoyeuse d’emplois dans le secteur halieutique. Elle génère 8 fois plus de postes que la congélation et 40 fois plus que la farine de poisson, avec plus de 35 000 postes directs et 120 000 indirects menacés par la chute d’activité. Depuis deux ans, les usines ont réduit leur production de moitié, avec des conséquences dramatiques sur les heures de travail, les suspensions et même des risques de fermetures. Les villes côtières voient ainsi leur équilibre socio-économique fragilisé.
Par ailleurs, la compétitivité du Maroc, premier exportateur mondial de conserve de sardines, se délite. Les exportations vers l’Afrique, un marché crucial, ont reculé de 30 % en 2024, sous la pression combinée de la raréfaction des ressources et de la flambée des coûts, les marges des industriels s’érodent, tandis que la concurrence asiatique gagne du terrain, fragilisant la compétitivité du secteur marocain.
Pour sauver ce secteur stratégique, l’UNICOP appelle à un sursaut national structurant autour de trois axes : la préservation stricte des ressources (via l’interdiction d’exporter les volumes de sardines usinables, l’interdiction d’utiliser la sardine entière pour la farine, la limitation stricte des exportations de poisson congelé et l’interdiction de congélation de sardine en vrac pour l’alimentation animale), la protection de l’emploi (via un meilleur soutien industriel) ainsi qu’un rééquilibrage productif avec un moratoire sur l’augmentation des capacités de transformation.