Confiscation du passeport diplomatique de Nacer Boudiaf, la guerre de succession s’intensifie en Algérie

A 9 mois du scrutin présidentiel en Algérie, la guerre de succession s’intensifie et vient de prendre une tournure tragique avec la confiscation du passeport diplomatique de Nacer Boudiaf, fils de feu Mohamed Boudiaf, assassiné le 29 juin 1992 à Annaba, dans des circonstances occultes.

Et pour cause, le fils du défunt président a annoncé son intention de briguer la magistrature suprême, peu après avoir commémoré l’anniversaire de l’assassinat de son père sur les terres qui l’ont vu naître : Ouled Madhi, dans la wilaya de M’sila. «À Aïn Madhi, devant une foule nombreuse parmi laquelle des moudjahidines et des médias, j’ai annoncé ma candidature pour l’élection de 2019 ainsi que mon projet national qui contient toutes les solutions à la crise provoquée par ce régime corrompu dont je rêve de débarrasser mon pays», écrit-il sur son compte Facebook.

Boudiaf, qui vient de lancer son mouvement politique «L’Algérie avant tout», soutient aussi qu’il dispose des solutions à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays. «Nous disposons de solutions pour réaliser la justice, élever le niveau de l’école, promouvoir l’économie, réaliser la démocratie et restituer la souveraineté au peuple algérien », explique-t-il.

Les observateurs estiment que cette mesure punitive est susceptible de provoquer l’ire de Boudiaf qui entend ne pas se laisser amadouer pour partir dénoncer son intimidation par les autorités algériennes pour le forcer à retirer sa candidature considérée alors comme indésirable. Certains même n’écartent pas que le fils de feu Mohammed Boudiaf connaîtra le même sort que l’écrivain Yasmina Khadra, écarté en 2014 de la course au Palais d’El Mouradia, après avoir été empêché par le pouvoir algérien de récolter le nombre de signatures requises pour se porter candidat.

Selon des sites électroniques, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, n’a rien trouvé de mieux que de priver Nacer Boudiaf du passeport diplomatique dont il disposait pour entraver sa mobilité et limiter l’impact de ses activités.

Comme la candidature de Boudiaf est jugée crédible par nombre d’observateurs, le pouvoir algérien s’emploie à la torpiller méthodiquement pour laisser le champ libre au président Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat consécutif, retiennent-ils.

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Dans un entretien au quotidien «El Watan», Nacer Boudiaf affirme avoir créé un mouvement politique appelé «L’Algérie avant tout», un mouvement inspiré par le projet de société proposé par Mohamed Boudiaf et pour lequel il a été assassiné. «C’est un projet qui veut mettre les intérêts de l’Algérie en tant que pays, peuple et nation avant les intérêts bassement matériels de personnes qui gèrent ce système qui nous gouverne depuis l’extérieur depuis 1962», explique-il.

Et d’ajouter que «le système et ses serviles servants me reprochent en fait d’être le fils de mon père, mais ils ne veulent pas qu’on leur reproche d’avoir massacré le pays, en le ridiculisant devant le monde entier». «Laissez le peuple choisir entre moi, capitalisant le passé de mon père, et le système capitalisant la gabegie de milliards de dollars détournés, dilapidés, aux dépens du peuple», lance-t-il encore.

Force est de souligner qu’avec ce énième coup de force, les tenants du pouvoir en Algérie viennent ainsi monter qu’ils sont bien décidés à faire perpétuer le statu quo et à barrer la route à toute autre candidature que celle de Abdelaziz Bouteflika pour la Présidentielle d’avril 2019.

D’ailleurs, Djamel Ould Abbès, Secrétaire général du Front de libération nationale (ex parti unique, majoritaire) et Ahmed Ouyahia, Premier ministre et patron du Rassemblement national démocratique (RND) n’y vont pas par quatre chemins. N’avaient-ils pas mis en garde : «la stabilité avec Bouteflika ou le chaos» ?.

Pour faire aboutir leur projet satanique, le gouvernement et les partis clients du pouvoir sont entrés, de leur propre aveu, en campagne anticipée pour le cinquième mandat de Bouteflika en usant de façon illégale et abusive de tous les moyens de l’Etat, (siège du gouvernement, université, moyens humains et politiques etc…), qui dans un Etat de droit et avec une justice digne de ce nom, aurait donné matière à poursuites pour actes délictueux.

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Nombreux sont ceux, d’ailleurs, qui ont mis en garde contre «le danger» qui pèse sur la cohésion sociale et la stabilité du pays, à cause de la volonté du pouvoir de maintenir le statu quo, de conforter l’alternance clanique face à l’alternative démocratique.

«Il faut une recomposition politique pour en finir avec le système hérité du parti unique qui est devenu un danger pour l’État et la nation. Le respect de la souveraineté populaire est le garant essentiel pour la défense de la souveraineté du pays. Une souveraineté populaire qui permettra de mettre en place un gouvernement responsable devant les élus véritables du peuple», affirme Louisa Hanoune, présidente du Parti des Travailleurs (PT).

Elle estime qu’il ne faut pas tromper le peuple en essayant de le convaincre qu’il est encore possible de réformer le système de l’intérieur. «Le pays est secoué par une crise multidimensionnelle, conséquence de l’immobilisme politique, économique, social et culturel», déplore-t-elle.

C’est dire que dans ce climat général de répression, d’intimidation et de coups de force, opérés par une clique acquise au système rentier, en profitant d’une démission générale des institutions pourtant impliquées dans le maintien de ce régime en décadence, les Algériens sont en droit de réagir et de refuser l’humiliation qui leur est imposée.

Par Hamid Aqerrout

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