Cop 27 à Charm-al-Cheikh : Faut-il garder son optimisme ?

Tribune

Par Abdelhak Zegrari (*)

Le retour de la guerre sur le sol européen a provoqué une onde de choc mondiale, avec une crise énergétique et alimentaire, dans un contexte déjà tendu par la pandémie du covid19, la guerre a conféré un nouveau sentiment d’urgence aux projets de transformation.

La Russie n’était pas considérée comme ennemie, et certains leaders politiques persistent à le croire, que ce soit par idéologie u par intérêt personnel. Et l’erreur résidait dans le fait qu’à l‘Ouest, depuis la guerre froide, on pensait que c’était à l’Est de changer, mais pas l’Ouest !

Désormais, la transition vers les énergies renouvelables est reconnue comme une question de sécurité nationale. L’indépendance vis-à-vis des énergies fossiles figure désormais en tête des priorités stratégiques de souveraineté. Longtemps, on a omis de voir la réalité en face, parce que l’énergie était bon marché. Que de temps perdu !

Aujourd’hui, nous sommes dans une situation différente : l’énergie n’est plus bon marché, elle n’est même plus disponible, certains pipelines ne fonctionnent plus. Nous ne pouvons pas continuer à avancer comme nous le faisions avant. Pour les écologistes européens, « l’Union européenne a été fondée comme l’Union du charbon et de l’acier, maintenant elle devrait devenir l’Union des énergies renouvelables et indépendante.Le changement climatique est moins cher à combattre que la guerre contre le terrorisme et plus coûteux à ignorer. Et les pays occidentaux sont assez riches pour le faire. Nous fournissons des subventions pour aider 🇪🇺 à payer les factures d’énergie mais nous ne faisons rien pour le reste du monde ».La seule source d’énergie fiable est celle des énergies renouvelables, car elle est indépendante des aléas des humeurs des dirigeants des pays exportateurs de gaz et de pétrole.Dans ce contexte de crise, les pénuries d’énergie pourraient être un moment décisif pour les mouvements populistes dans plusieurs pays, car les gens ont le sentiment de perdre ou d’être distancés.

Dans un monde en surchauffe, on a pensé à tort que la mondialisation conduirait à une coopération et une gouvernance plus étroite ; or, devant les tensions géopolitiques, la pandémie et les bouleversements environnementaux, on a assisté à un repli sur soi-même. Les grandes puissances se disputent toujours la domination économique et militaire, mais jamais la question du changement climatique n’a été posée de façon aussi cruciale !

L’urgence climatique peut-elle créer la nécessité d’un nouvel ordre mondial ?

Les réunions de la Conférence des Parties (COP) des Nations Unies sont des occasions essentielles de négociation, mais elles n’ont pas produit de multilatéralisme contraignant à la hauteur de l’urgence climatique. L’avertissement des scientifiques pour le non-respect de l’Accord de Paris, a aiguisé la déception des citoyens, qui dénoncent le cynisme et le manque de courage des gouvernements. Le Fonds vert pour le climat, officiellement créé lors de la COP16 à Cancún en 2010 pour aider les pays les plus vulnérables, peine toujours à atteindre le montant convenu de 100 milliards de dollars.

Dans un monde instable. La Chine et les États-Unis en particulier sont en état de « paix froide » et les démocraties illibérales prospèrent. La Chine proclame son ambition d’être une puissance verte tout en intensifiant ses offensives territoriales et économiques. La conscience écologique s’accroît, mais la menace de conflit demeure, les ambitions hégémoniques s’affichent pleinement et l’incertitude prévaut. L’UE se trouve dans une situation différente de celle des États-Unis ou de la Chine, mais elle doit néanmoins tenir compte du contexte international.En septembre 2020, devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président chinois Xi Jinping a annoncé que son pays s’était fixé deux objectifs : atteindre le pic des émissions de CO2 « avant 2030 » et parvenir à la neutralité carbone « avant 2060 ».

En 2021, au même forum, le président chinois a confirmé ces choix, s’engageant cette fois à mettre fin au financement de nouvelles centrales à charbon à l’étranger.Il est vrai que la Chine reste le premier pollueur au monde et que l’État chinois a souvent du mal à imposer ses décisions aux provinces. Mais la détermination de la Chine à développer les énergies renouvelables reste impressionnante, et elle tire des bénéfices importants de ses exportations.

Les enjeux climatiques échappent à la vision géopolitique classique car ils sont par essence sans frontières, même si les personnes – et plus largement les êtres vivants – sont affectés différemment selon les sociétés, les lieux et les écosystèmes dans lesquels ils vivent.

D’où la notion de « responsabilité partagée mais différenciée » dans les négociations mondiales sur le climat. Cette idée reconnaît le caractère universel du dérèglement climatique ainsi que les spécificités de l’histoire, des moyens financiers et de la puissance, de la situation géographique et économique de chaque pays. Cependant, les engagements des Etats n’échappent pas aux contradictions d’ordre économique, à savoir, les arbitrages entre croissance, consommation et sobriété de l’énergie et des ressources.

Dans cette perspective, et au-delà des tensions entre les intérêts nationaux et l’impératif écologique, le Sud pourrait peser sur les prochaines négociations de Charm-al-Cheikh qui se présentent come l’opportunité de la dernière chance, après la déception de la COP26 de Glasgow !

(*)- Abdelhak ZEGRARI est économiste, chercheur, United Nations Network on Migration

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page