Coronavirus : l’Etat-nation nécessaire

Par Charles Saint-Prot 

Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques

L’épidémie actuelle due au Covid 19, a au moins le mérite de rappeler le rôle indispensable du service Public. Médecins hospitaliers, infirmiers, aides-soignants, pompiers, éboueurs, enseignants (qui, contrairement à ce qu’affirme  Sibeth la bien nommée, continuent à travailler), autres agents publics sont désormais encensés par  la population qui redécouvre leur rôle essentiel. 

Aux yeux de beaucoup, il est clair que, loin de protéger les nations, l’union européenne précipite leur abaissement parce que ses réalisations ne sont que le reflet de l’idéologie libérale dont elle est issue  : la déréglementation  ; la privatisation des missions de service public, y compris les plus régaliennes comme la sécurité confiée à des entreprises privées employant des personnels à la compétence douteuse  ; la  concurrence conçue comme un dogme sacro-saint et finalement le champ laissé libre à la «  finance anonyme et vagabonde  ». C’est ainsi que s’instaure la dictature des forces financières au détriment du plus grand nombre, et aux dépens du bien commun car il existe une antinomie cruciale entre l’idéologie libérale et le bien commun.

Dans ces conditions, la question n’est évidemment pas de transférer les pouvoirs de l’Etat à des entités dénuées de toute légitimité. Elle n’est pas d’avoir moins d’Etat mais mieux d’État  ; c’est-à-dire  un État plus fort et disposant de plus de moyens dans ses missions vitales de service publique, de sécurité, de défense, de diplomatie, d’enseignement, de bâtisseur d’avenir, de planification des grandes étapes du redressement économique…

La crise sanitaire démontre que la mondialisation-globalisation a conduit au pire, notamment en encourageant des délocalisations scandaleuses de secteurs entiers de production stratégique, par exemple les produits pharmaceutiques. Ce qui est en cause est la recherche du profit à tout prix et l’idée fausse que la modernité condamnerait en Occident la production industrielle au profit d’activités post-industrielles – les services, le tourisme…C’est surtout l’idéologie libérale source de tous les vices  : mondialisation, européisme, propagande anti-Etat. Pourtant, rien n’est inéluctable.

La présidence de Donald Trump, le Brexit, maints autres événements en Europe, démontrent  qu’un peu partout, les peuples se réveillent du long engourdissement qui leur a été imposé par les discours lénifiants de la bien-pensance mondialiste, c’est-à-dire la grande coalition contre les nations formée par les soixante-huitards, passés «  du col Mao au Rotary  », et les ultra-libéraux, de Cohn-Bendit et Bernard-Henri Lévy à Alain Minc et Emmanuel Macron. Bref tous ceux qui s’affligent du réveil des peuples qu’ils qualifient de «  xénophobie  », de «  passéisme  », ou, horresco referens, de «  souverainisme  », mais qui n’est que la volonté inépuisable de résister à la mort.

En somme, il reste une lueur d’espoir, celle d’un véritable renouveau impliquant une véritable transformation de systèmes politiques à bout de souffle

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