Crise de l’électricité en Afrique du Sud: L’industrie automobile dans la tourmente

Les opérations de coupure du courant, actuellement en vigueur à travers l’Afrique du Sud, a plongé l’industrie automobile dans une profonde incertitude avec des menaces réelles de sabrer des ventes déjà affaiblies par un ralentissement économique qui dure depuis des années.

«Les délestages électriques sont un véritable désastre», a lancé Andrew Kirby, président-directeur général de Toyota-Afrique du Sud.

«Jusqu’à présent, nous avons pu éviter un arrêt total de la production. Mais si vous entrez dans notre usine, les lumières et la climatisation sont éteintes et certaines lignes sont arrêtées», ajoute Kirby, qui est également à la tête de l’Association nationale des constructeurs automobiles d’Afrique du Sud.

Les propos du patron de Toyota-Afrique du Sud traduisent l’ampleur de la crise dans laquelle l’industrie automobile est plongée depuis le début des coupures du courant en février dernier.

La compagnie sud-africaine de l’électricité, Eskom, a été obligée de mettre en œuvre ces délestages, en raison des graves dysfonctionnements et défaillances dans sa capacité de production.

Ces coupures, qui se sont intensifiées depuis la semaine dernière suite à la rupture des importations de l’électricité du Mozambique voisin frappé par le cyclone Idai, interviennent sur fond d’une grave crise financière affectant Eskom, dont la dette s’élève à environ 30 milliards de dollars.

De ce fait, Eskom s’appuie désormais sur le délestage dans l’ensemble du pays pour éviter un crash total du réseau.

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Les éléments essentiels de tous les jours, allant de la connectivité Internet aux réseaux de téléphonie mobile, en passant par les feux de signalisation et les services bancaires par Internet, sont en panne pendant des heures, ce qui entrave les activités commerciales.

Par ailleurs, WesBank, le plus important bailleur de fonds du secteur automobile sud-africain, a indiqué, mercredi, que le délestage a entraîné une dégradation des ventes de voitures en février. Ces ventes de véhicules neufs ont terminé le mois avec 43.251 unités, en baisse de 6,5 pc par rapport à la même période l’an dernier.

«Bien que nous prévoyions des ventes lentes au premier semestre de 2019, le marché a sans doute été bouleversé par l’impact du délestage», déclaré Ghana Msibi, directeur exécutif de WesBank, ajoutant que cette situation a affecté la confiance aussi bien des consommateurs et que des entreprises.

D’autres rapports suggèrent que les ventes de voitures d’occasion se sont également affaiblies, les concessionnaires faisant preuve de plus en plus de prudence en raison de l’incertitude qui caractérise le marché.

«Le ralentissement de la demande des consommateurs, comme en témoigne le recul de 14,4 pc des ventes de voitures particulières via le réseau de distribution, est préoccupant», a noté Mme Msibi.

Ces préoccupations devront s’accentuer dans les prochaines semaines avec l’incapacité déclarée du gouvernement sud-africain de fixer une date pour la fin des coupures du courant.

S’exprimant lors d’une conférence de presse, mardi à Johannesburg, le ministre des Entreprises publiques, Pravin Gordhan, a indiqué qu’il faudrait au moins deux ans pour résoudre le problème.

«Nous comprenons la frustration. Nous n’avons pas de formule magique», a dit le ministre, en charge du dossier d’Eskom.

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