Crise du modèle économique occidental

POLITIQUEMENT CORRECT

Par Gabriel BANON

Le modèle économique des pays développés occidentaux, subit une crise exceptionnelle. Les raisons sont multiples, mais on peut néanmoins voir émerger les principales causes des tensions économiques, sociétales et politiques qu’ils traversent.

La faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, avait plongé l’économie capitaliste dans sa pire crise financière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ce choc et les effets de la « Grande Récession » qui a suivi, ont exacerbé le creusement des inégalités et alimenté la montée du populisme. Le Japon, par exemple, s’est trouvé depuis, plongé dans la plus grave récession économique de son histoire. Aujourd’hui, ce modèle est dans l’impasse, aggravé par une crise démographique sans précédent. Ainsi, une des premières économies mondiales se trouve face à un système bancaire sinistré, une économie grevée par une forte contraction du crédit, une atonie persistante de la demande intérieure, une montée du chômage annonçant une possible déchirure sociale à l’occidentale.

D’autres économies occidentales sont également en crise pour plusieurs raisons comme la crise sanitaire, l’envolée des prix des matières premières, l’inflation et l’explosion des inégalités.

Comme le modèle japonais, celui de l’Occident, autrefois infaillible, est devenu, soudainement, archaïque et amplifie la crise que traversent les Européens et les États-Unis.

Le modèle politique et économique occidental ressort, de plus en plus, comme l’une des grandes victimes.

Christine Lagarde, Présidente de la Banque Centrale européenne, constate l’élargissement de « nouvelles lignes de faille », lié notamment aux « inégalités excessives, au protectionnisme et aux politiques nombrilistes ».

On entendait des critiques contre la déréglementation économique, la mondialisation, la stagnation des salaires, la montée des inégalités et l’incompétence des élites politiques bien avant l’effondrement de Wall Street, en 2008, rappelle Angelo Katsoras, analyste géopolitique à la Banque Nationale.

Les supers bénéfices des grandes entreprises, malgré la crise, le pouvoir d’achat qui s’effondre par l’inflation qui semble-il, va durer, fait gronder le peuple et multiplier les grèves. La redistribution des richesses produites ne semble pas d’actualité. Certains résument le dilemme par : A super bénéfices, super-impôts. Un CAC 40 avec des profits sans partage, c’est une montée prévisible des tensions sociales.

Dès 2008, les chiffres étaient déjà scandaleux : 82 % de la croissance des richesses mondiales a profité aux seuls 1 % les plus riches quand les 50 % les plus pauvres n’en récupéraient que des miettes. En France, les 10% les plus riches détiennent plus de la moitié de la richesse nationale quand 50% de la population n’en représente que 5%.

La réponse du politique à cet état des choses est inadaptée et inefficace, relever le salaire minimum ne concerne, en réalité, qu’une faible partie de la masse salariale. En Allemagne, jusqu’à présent, à 9,82 euros de l’heure, le salaire minimum représentait environ 48 % du salaire médian allemand mais à 12 euros annoncés, il va passer à environ 60 % du salaire médian. En France, le SMIG représente un peu plus de 60% du salaire médian et ce depuis 20 ans.

C’est dans les entreprises que se crée les richesses, c’est donc par les entreprises que se creusent les inégalités. C’est par conséquent, dans les entreprises qu’il faut intervenir. Ne faut-il pas rappeler à tout un chacun que l’entreprise est le fait de trois associés : le capital, le travail et l’État ? Le projet du général De Gaulle, qui a été complétement « stérilisé » par une application inappropriée voulait apporter une réponse et plus de justice à cette situation. L’intéressement des salariés doit être de même nature que celui des actionnaires et de l’État. La forme actuelle de compte bloquée n’est pas la juste réponse aux intérêts de cet autre associé qu’est le salarié, qu’il soit ouvrier ou cadre.

Ceci n’est qu’une partie du problème posé par l’obsolescence du modèle économique actuelle.

Si on veut échapper à une explosion sociale, il serait temps, peut-être, de réfléchir à un nouveau modèle économique en Occident.

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