Crise économique mondiale : quel impact sur le Maroc ?

Par Fadwa Moutarraji

La crise économique mondiale a mis fin à un cycle de dynamique économique exceptionnelle qui a bénéficié au monde entier pendant la première décennie du 21e siècle: jamais la croissance des pays émergents ni le développement du commerce mondial n’avaient été aussi prononcés, dans un contexte d’ouverture et d’interdépendance croissantes.

Nous venons de vivre une crise de première importance lors du krach boursier de 2008 car elle a atteint tous les rouages de la société. Il est vrai que la crise financière est particulière. Elle a bouleversé tous les systèmes établis à tous les niveaux de vie.

Et dans un contexte mondial marqué par la globalisation financière et l’interdépendance des économies, le Maroc s’est trouvé alors en pleine crise comme le reste du monde. Ceci nous amène à nous interroger sur la situation du Maroc avant la crise financière. L’objectif d’une telle réflexion consiste à identifier les espaces de vigilance et d’action à même de permettre au Maroc d’être en position favorable à la sortie de crise.

La crise économique mondiale a mis fin à un cycle de dynamique économique exceptionnelle qui a bénéficié au monde entier pendant la première décennie du 21e siècle: jamais la croissance des pays émergents ni le développement du commerce mondial n’avaient été aussi prononcés, dans un contexte d’ouverture et d’interdépendance croissantes. Mais, quelle était la situation du Maroc au niveau socioéconomique avant la crise financière 2008 ? Le Maroc n’a pas été touché par la crise financière, il n’a pas pour autant échappé aux premiers effets de la crise économique mondiale, ressentis à travers les activités les plus sensibles à la conjoncture internationale. Grâce aux réformes menées ces dernières années, notamment sur le front socioéconomique, et à une dynamique interne soutenue, le Maroc affronte ces répercussions dans une position relativement favorable.

L’essor des services

L’économie marocaine a connu d’importantes transformations au cours de ces dernières années, à la faveur d’un processus de réformes qui a permis d’accroitre son attractivité. Elle est désormais inscrite sur un nouveau palier de croissance: la croissance du PIB hors-agriculture a été de 5% en moyenne pour la période 2004-2007 contre 3,9% pour la période 1999-2003. La structure de l’économie nationale s’est progressivement diversifiée au profit de secteurs dynamiques, notamment les services qui sont devenus une force d’attraction des IDE et un relais important du commerce extérieur, compensant partiellement la dégradation quasi-structurelle de la balance commerciale.

Le marché intérieur a bénéficié d’une nouvelle dynamique, soutenue par la croissance de la consommation des ménages et par l’effort d’investissement consenti aussi bien par le secteur privé que public. Le taux d’investissement, qui a nettement augmenté ces dernières années pour atteindre 30% du PIB, est à ce titre significatif.

Cette dynamique a eu un impact sur l’emploi, avec une réduction du taux de chômage de près de 4 points en l’espace de cinq années pour se situer actuellement autour de 9,8%. La demande a été largement portée par le crédit bancaire dont l’encours a doublé de 2005 à 2008, dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, de bancarisation active et de solidité du système financier. Toutefois, malgré les évolutions enregistrées au cours des dernières années, l’économie marocaine ne s’est pas totalement affranchie de certains facteurs de fragilité qui pourraient affecter son processus de développement, particulièrement en cette période de crise mondiale.

Sur le plan social, des efforts additionnels restent à consentir pour accélérer et approfondir les réformes dans les domaines liés à la santé et à l’éducation. De plus, la persistance des inégalités constitue une menace latente sur le processus de développement et sur l’équilibre social. Sur le plan du commerce extérieur, les exportations restent à faible contenu technologique et polarisées à près des deux tiers sur les marchés de l’Union Européenne. Le Maroc ne saisit pas encore toutes les opportunités liées à la mondialisation, en raison de la faible compétitivité des exportations et leur diversification limitée.

Enfin, malgré l’atténuation de sa volatilité liée à l’aléa climatique, la croissance économique demeure insuffisante pour intégrer les nouvelles générations aspirant à l’emploi et favoriser le développement du marché intérieur. Le Maroc est aujourd’hui dans une position relativement favorable pour faire face à la crise actuelle. En effet, l’important effort entrepris ces dernières années en matière de réforme a sensiblement renforcé la capacité de l’économie marocaine à résister aux chocs. 

Le secteur bancaire épargné ?

Le principal impact de la crise sur l’économie marocaine pourrait être un ralentissement de la croissance par le biais des canaux de transmission énumérés ci-dessus. En revanche, un ralentissement de l’économie mondiale pourrait également avoir pour effet bénéfique une réduction des tensions inflationnistes.

Nous ne prévoyons pas à ce stade d’impact majeur sur le secteur bancaire, peu exposé à l’extérieur et bénéficiant de la stabilité de ses dépôts, mais nous pourrions cependant assister à un ralentissement du rythme de progression du crédit. Le renforcement de la supervision bancaire au cours des dernières années permet également d’assurer un contrôle vigilant du secteur.  En ce qui concerne la Bourse de Casablanca, la part de la capitalisation boursière détenue par les étrangers est faible, ce qui devrait minimiser les effets de l’onde de choc internationale. En outre, la base des investisseurs reste étroite, limitant les effets négatifs d’une correction boursière sur la demande intérieure.

Pour conclure, on peut confirmer que Le système financier marocain n’a pas pâti de la crise financière pour deux raisons essentielles. La première a trait au cadre réglementaire et marqué par le strict respect des règles prudentielles de Bâle II. La deuxième est liée à sa faible intégration dans la finance mondiale. La part des actifs étrangers dans le total des actifs des banques marocaines représente moins de 4%1et la part des non-résidents dans la capitalisation boursière, hors participations stratégiques, était inférieure à 1,8% à fin 2007. La sphère réelle, quant à elle, a ressentie l’impact de la récession que connaissent les principaux partenaires économiques du Maroc, notamment la France et l’Espagne. Quatre principaux domaines ont été directement impactés par la crise: les échanges commerciaux, l’activité touristique, les transferts des MRE et les flux de capitaux dont les IDE.

Au terme de ce travail, je tiens à exprimer ma profonde gratitude ainsi que mes sincères remerciements à : Madame Rachida Bouzidi mon encadrante qui est malgré les occupations et les responsabilités qu’elle assume, elle a toujours eu le temps pour m’écouter, me conseiller et me fournir la documentation nécessaire durant ma préparation de ma thèse. Que ce travail soit le modeste témoignage de ma haute considération et mon profond respect. 

Bibliographie

  • Entretien avec Wadii RHAZI le responsable du département de communication à la société générale
  • LOSSON, christian. « Pourquoi ça va plus mal ? pourquoi passe-t-on d’une crise de confiance à une crise de défiance ? », Libération, le 9 octobre 2008.
  • MAUSSION, Catherine. « La banque postale touchées par les subprimes, comme les autres », Libération, le 2 décembre 2008.
  • Nouveau Statut de la Bank Al Maghrib No. 76-03.

 

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