David Serero :  » Mes origines marocaines m’ont guidé toute ma vie »

Excellent baryton et acteur dévoué, portant l’humour comme une deuxième nature, David Serero ne peut s’empêcher de dire des notes pleines d’humour à tout moment ! Cet homme à multiples casquettes (qu’il préfère appeler des tarbouches !), originaire du Maroc, est né en France en 1981.

Aujourd’hui, sa carrière est en pleine expansion à l’international. Sa première devise dans la vie : « rester fidèle à soi-même » !

Entretien

MD_ On connaît le brillant baryton que vous êtes et qu’on ne présente plus d’ailleurs. On aimerait plus connaître l’homme aux multiples casquettes que vous êtes.

David Serero : J’ai la chance de porter plusieurs répertoires et plusieurs styles en même temps. Dans un même concert, je peux passer de l’opéra à la comédie tout en improvisant avec le public. Dans une même saison, je fais 3 opéras, 3 pièces de théâtre dont classiques et créations, plusieurs films et séries, et je produis plusieurs événements dont des festivals de films et de musiques. J’aime créer et travailler avec les gens.

Je suis chanteur d’opéra, mais de plusieurs répertoires à la fois, parce que je suis animé par l’envie de découvrir de nouvelles musiques.  Il y a des opéras magnifiques, et d’autres que j’aime moins, il y a aussi des comédies musicales de Broadway, qui pour moi sont aussi importantes que des opéras.

Je joue beaucoup au théâtre. Je suis devenu producteur, car il y avait des œuvres que j’avais vraiment envie de faire, de travailler avec certains acteurs et chanteurs, et de rassembler les gens que j’aime.

En revanche, cette casquette de producteur s’est rajoutée naturellement ! A New York, j’ai la chance d’avoir des théâtres qui viennent vers moi et me donnent les clés en me disant : « faites-en ce que vous  voulez » !

Pour moi, c’est une façon d’exprimer mon amour envers les gens, que ce soit par le jeu d’interprétation, le chant ou bien des projets qui me passionnent.

MD_ Quels sont vos opéras préférés ?

D.S. : Parmi mes opéras préférés, il y a : Don Giovanni, Figaro, Carmen et ceux de Verdi et Puccini.

En tant que chanteur d’opéra, je fais toute chose avec passion, parce que j’ai un grand respect pour l’opportunité qu’on vous donne.

Le travail et le fait que quelqu’un puisse croire en moi, ou penser à moi m’est sacré car j’ai toujours eu cette image quand dans le monde du spectacle, c’est un peu comme dans le Sahara, où on est comme un grain de sable qu’on choisit. Travailler est une bénédiction. Chaque opportunité qui m’est offerte est la plus importante.

MD_ Vous puisez régulièrement dans vos origines judéo-marocaines pour adapter les classiques de la littérature aux temps modernes. Pourquoi ce besoin ?

D.S. : J’aime tout ce qui est singulier et unique. Au début, j’ai fait les classiques tels qu’on les connaît, comme Cyrano de Bergerac et Shylock du Marchand de Venise, mais petit à petit, j’ai commencé à modifier ces classiques et à y mettre ma créativité.  Par exemple, Cyrano, je l’ai adapté avec des standards de Jazz et Romeo et Juliette, je l’ai adapté en mode juif où il y avait une famille ashkénaze contre une famille séfarade. Othello dans un style marocain avec de la darbouka et des mélodies marocaines.

MD_ On sent que derrière le personnage que vous êtes, il y a une pluralité identitaire. Quel impact cela a-t-il sur votre travail ? 

D.S. : Il y a une phrase que je dis toujours : soyez-vous-même parce que les autres sont déjà pris. Je considère que c’est une telle chance d’être soi-même. Mes origines marocaines m’ont guidé toute ma vie et durant ma carrière aussi. Je m’en suis réellement rendu compte il y a à peine 5 ans.

D’ailleurs, j’ai envie de rendre hommage à ce pays et à la jeunesse marocaine, c’est pour cette raison que je fais beaucoup de concerts  au profit des orphelins. J’ai une collection d’art qui relève du patrimoine judéo-marocain, que j’ai donnée au musée juif de Casablanca.

Plus récemment, j’ai signé un partenariat avec le Conservatoire de Casablanca pour créer, et monter des opéras et classiques de théâtre avec de jeunes élèves marocains. Je suis très fier de réaliser un mouvement pareil au Maroc.  J’estime qu’il y a beaucoup de générosité dans l’opéra et les Marocains sont connus pour cette qualité.

Pour moi, le Maroc est le seul pays qui ne fait pas de distinction entre juifs ou musulmans. Au Maroc, on est marocain et tous les pays du monde peuvent apprendre du Maroc.

MD_ Etes-vous devenu chanteur par hasard comme la majorité des artistes à qui on pose la question ?  

D.S. : Le chant est venu vraiment par accident ! Je suis pianiste de Jazz à la base et un jour, alors que je m’étais cassé le poignet droit, je ne pouvais plus jouer, donc, j’ai commencé à chanter la mélodie et c’est ainsi que l’envie de chanter est venue.

Ensuite, l’opéra était vraiment un coup de hasard ! J’étais à New York, en train de faire les comédies musicales et on m’a dit que j’avais une voix d’opéra. Alors que pour moi, l’opéra durait huit heures, chanté en allemand, et que les chanteurs pesaient 300 kg ! Un soir, je découvre un opéra qui me plaît, c’est l’opéra Turandot de Puccini au Metropolitan Opera de New York, un vrai coup de foudre ! Le lendemain je retourne à l’opéra et annonce à la personne qui m’a vendu un ticket la veille au guichet : Je veux devenir chanteur d’opéra, que faire ? C’est comme ça que mon aventure a démarré…

MD_ Chanteur, acteur, producteur,… Vous avez plusieurs cordes à votre arc, mais, dans lequel de ces champs, David Serero est plus dans son élément ?

D.S. : J’aime les deux en fait, c’est ce qui est beau, avoir la chance de faire tout cela à la fois ! Pour moi, le fait d’être dans une discipline et de revenir vers une autre après, est vraiment génial et un excellent exercice !

MD_ Votre histoire avec le Maroc…  

D.S. : L’Histoire a démarré en 1892, je venais d’acheter deux pyramides au Caire,… ! (Éclat de rire)

Plus sérieusement, mon père est né à Fès et mon arrière-grand-père était le chef des Rabbins du Maroc, Haim David Serero (1883-1967). Je peux dire que j’ai grandi dans une tradition marocaine très forte. Dans ma famille, nous avons toujours eu des liens très serrés avec les Marocains.

MD_ Qu’est-ce que cela vous fait de chanter en solo à Casablanca?

D.S. : J’en suis très content ! D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que je joue au studio des arts vivants, la dernière fois, date d’une année.

En tout cas, c’est un bonheur de retrouver le public casablancais, qui a une grande connaissance musicale, parce qu’on est dans un pays de traditions musicales, culinaires, de mode, etc. Donc, j’ai envie de célébrer ces traditions.

MD_ Est-ce que vous aimeriez jouer aux côtés d’autres artistes marocains ?

D.S. : Absolument ! D’ailleurs, l’une de mes idoles est Gad Elmaleh, que je tiens à saluer !

J’aimerais aussi jouer aux côtés de Jamal Debbouze et Arthur, et pourquoi pas collaborer avec des Hommes d’affaires marocains. Ces gens qui font la fierté du Maroc et qu’on a envie de promouvoir et montrer à l’étranger, pour dire que le Maroc ne se limite pas au couscous…

Je trouve que la culture ne réside pas dans le fait de connaître tous les compositeurs de musique classique. Elle peut-être simplement un voyage ou une rencontre… Pour moi, chacun est porteur de sa propre culture.

MD_ Dernier mot à vos fans marocains…

D.S. : Je tiens à dire à tous les Marocains du monde que je les aime et que j’ai une admiration inconditionnelle pour eux et pour elles !

Je suis tellement fier aussi de cette nouvelle génération, qui s’est ouverte à l’extérieur, aux nouvelles technologies et au monde. Je suis aussi fier de cette jeunesse qui garde un pied dans la tradition et un pied dans la modernité, sans jamais oublier ses valeurs, l’éducation des parents et l’amour de la patrie !

Mon cœur et ma main sont ouverts à tous les Marocains !

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