De la farce des « territoires sahraouis occupés » aux autres calembredaines algériennes…

Par Hassan Alaoui

Le conflit du Sahara, outre sa dimension géopolitique bilatérale avec l’Algérie, comporte une part significative de mensonge, de falsification et de calembredaines. Né sur les décombres d’une décolonisation bel et bien achevée avec l’Accord tripartite de Madrid du 14 novembre 1975,  il a connu un processus de règlement à la fois particulier et complexe.

Le Maroc est le seul pays  à avoir connu et subi trois occupations, voire plus. Française dans le centre et le littoral, espagnole dans le nord et dans le sud, internationale avec le statut spécial conféré à Tanger. Et pour peu que l’on se projette dans le temps, ce sont cinq puissances qui, à la faveur de la sinistre conférence d’Algésiras de 1906, s’étaient acharnées à le dépecer : la France, l’Espagne, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Russie même, chacune y allant de son couplet et étalant sur la table ses ambitions impérialistes.

L’histoire nous tire par la nuque, et personne ne peut démentir cette réalité géopolitique  d’un Etat – le Maroc en l’occurrence – constitué depuis plus de 13 siècles, bien dans ses bottes et sur lequel s’est heurté et s’est cassé le nez l’empire ottoman à Oujda, lequel et d’une seule bouchée , a avalé la Tunisie, l’Algérie et j’en passe. « Empire chérifien », comme on l’appelait autrefois, le Royaume du Maroc a résisté à la vague de colonisation jusqu’en 1912 face à la France et en 1934 , lorsque la coalition franco-espagnole eut enfin raison de sa résilience . Mais, il est resté digne et insoumis. Le mouvement nationaliste marocain a démarré son combat déjà dans les années trente, bien avant ceux de l’Algérie et de la Tunisie.

Générosité de Mohammed V et cynisme algérien

En 1955, le Maroc, et presqu’en même temps que la Tunisie, a obtenu par une rude négociation son indépendance. Le traité signé en novembre de cette année par feu Mohammed V et le président du Conseil français Antoine Pinay à la Celle-Saint-Cloud , avait valeur de symbole. Il illustrait, en effet, une décolonisation par le dialogue et la discussion, exigeante et comme on dit dans un « esprit de compromis ». En 1962, le gouvernement français demanda au Roi Mohammed V s’il voulait récupérer les territoires du sud-est marocain, arrachés au moment du protectorat après 1912 et incorporés arbitrairement à l’Algérie française. Le Roi répondit qu’il « préférait attendre que l’Algérie fût libérée pour en discuter avec les frères algériens » ! Le Maroc payera cher cette générosité de cœur de Mohammed V, qui n’avait de cesse d’apporter un soutien des plus précieux, politique, militaire et financier aux combattants du FLN, installés au Maroc ou agissant en Algérie. Les territoires marocains spoliés par l’Algérie sont entre autres le Touat, Gourara, Tidikelt Saoura, Colomb-Bechar et bien sûr Tindouf. Plus tard, Mohamed Boudiaf – fondateur du FLN , exilé à Kenitra ensuite, éphémère président de la République algérienne, assassiné par l’armée à Annaba en juin 1992 – nous dira son amertume de ce « manque de parole de Boumediene, Bouteflika et autres » à l’égard du Maroc.  Moyennant quoi, il est juste d’affirmer que c’est l’Algérie qui occupe les territoires marocains du sud-est, cédés par la France et dont les documents historiques attestent l’appartenance irréversible au Royaume jusqu’en 1962…

Le Maroc, co-fondateur de l’OUA

Il convient de rappeler que le 6 juillet 1961, feu Hassan II a reçu à Rabat et en pleine guerre d’Algérie, Farhat Abbas, président du GPRA ( Gouvernement provisoire de la République algérienne) avec lequel il signa un accord officiel, bien que secret. Le texte de cet accord stipule que « le Gouvernement provisoire algérien reconnaît que le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays, trouvera sa solution dans des négociations  entre le gouvernement du Royaume du Maroc et du gouvernement de l’Algérie indépendante ». Il était dit aussi que ce texte ne serait pas renié ni opposable au Maroc. Existe-t-il clause plus explicite que celle-ci ? Pourtant, Ben Bella et Boumediene n’hésiteront pas à la violer et piétiner…allégrement. En désaccord total avec ces deux derniers , Farhat Abbas se retirera du pouvoir assistant impassiblement à la dégradation de la relation maroco-algérienne, lui qui fut pourtant un militant ardent de la fraternité entre les deux pays et un chaud partisan de la construction du Maghreb.

En janvier 1961, fut crée à Casablanca par Mohammed V le premier Comité fondateur de l’OUA ( Organisation de l’Unité Africaine), qui deviendra en 2001 l’Union africaine (UA). Les leaders qui y prirent part sont pour mémoire outre le Roi du Maroc, Kwane Nkrumah du Ghana ; Modibo Keita du Mali ; Ahmed Sékou Touré de la Guinée Conakry ; Jamal Abdel Nasser de l’Egypte ; Farhat Abbas du GPRA ( Algérie) ainsi qu’un représentant du Roi de Libye Idriss 1er. A Casablanca, furent jetées les bases de l’Organisation panafricaine et lorsque fut tenu deux ans plus tard le Sommet officiel à Addis Abeba et adoptée sa Charte constitutive , le Maroc a tenu à introduire une clause fondamentale et irréfragable à ses yeux : il exprima son opposition radicale au principe de « l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme » ou de la « décolonisation » que Ahmed Balafrej , ministre des Affaires étrangères, défendit becs et ongles…

Au 1er Sommet d’Addis Abeba, comme lors de toutes les autres rencontres continentales ou internationales, le Maroc s’en tiendra à la défense de ce principe sacro-saint . Les raisons sont que les frontières héritées de la décolonisation, imposées et dénaturées n’étaient plus celles du Maroc lorsqu’il fut occupé respectivement par la France et par l’Espagne. Ensuite l’Algérie qui s’était vu octroyer des territoires marocains entiers lors de son indépendance, reluquait encore – l’expansionnisme aidant – vers le Sahara marocain , après s’être emparée des territoires du sud est marocain et avoir tenté de convoiter Figuig en octobre 1963. Ben Bella a chassé Farhat Abbas, et Boumediene par un pronunciamiento militaire, s’est emparé du pouvoir un certain 19 juin 1965, embastillant pour des années Ahmed Ben Bella qui fut son compagnon de guerre. La « Révolution algérienne confisquée » ainsi, l’armée fondera son propre ordre à partir de 1962 et dessinera aussi une relation conflictuelle avec le Maroc.

La CIJ et l’ONU reconnaissent la souveraineté marocaine

A terme, la rivalité maroco-algérienne s’est ostensiblement transformée en conflit ouvert, avec à la clé une mauvaise foi algérienne qui est à la relation entre les deux pays ce que le ver est au fruit. Trois occupations du Maroc par des puissances étrangères entre 1844 , 1912 et 1934 , trois processus différents de négociations pour récupérer ses territoires plus ou moins définitivement entre 1956 et 1975, donnant la réelle mesure de ce que notre pays a enduré pendant plus d’un siècle…S’appuyant sur le verdict de la Cour de justice internationale de La Haye du 15 octobre 1975 ,  qui reconnaît sa souveraineté entière sur le  Sahara, feu Hassan II a organisé et enclenché la Marche verte le 6 novembre 1975. Celle-ci a abouti à l’accord tripartite de Madrid, signé le 14 novembre et entériné par l’Assemblée générale des Nations unies le 11 décembre suivant en vertu de sa résolution 3458/8.

Les faits, de jure et de facto sont là ! La propagande algérienne n’y peut rien, l’histoire du Maroc a cette particularité qu’elle est linéaire , quand bien même elle serait aussi marquée par des ruptures et des escarpements. Cependant, elle ne se réduit jamais à la périphrase fantasmatique et des logomachies du pouvoir, algérien ou autres. Le Maroc n’a jamais colonisé ou occupé quelque territoire que ce soit. Il n’a jamais opprimé des populations « sahraouies » ou autres. La démarche algérienne , dans sa forme comme dans son fond, relève de l’amphigouri, à savoir une rédhibitoire volonté de réécrire l’histoire à la manière révisionniste,  stalinienne en somme , gommant certains de ses précieux chapitres, en rajoutant de faux au gré des besoins, fourvoyant ainsi les peuples .

Mémoire et « longue durée » du Maroc

Mais c’est peu connaître le Maroc et c’est ignorer son histoire inscrite dans la lignée des dynasties, la sienne en l’occurrence remontant au minimum à 14 siècles. Quand de grandes nations, sont célébrées aujourd’hui comme de très vieilles , la Monarchie marocaine peut se prévaloir d’en être l’une des toutes premières et des plus anciennes dans l’Histoire. Elle s’inscrit dans cette « longue durée » , dont Fernand Braudel a construit son concept fétiche dans son monumental ouvrage, sa thèse en réalité :  La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque de Philippe II. C’est peu dire que les dirigeants algériens, persistant gravement dans leur méprise, voudraient effacer jusqu’aux traces profondes de l’identité marocaine. Et dans leur entreprise de destruction du Maroc, pétrodollars et campagnes hostiles aidant, ils recourent aux archaïsmes d’un langage désormais désuet ayant fleuri il y a soixante ans sur les estrades des Nations unies : celui de l’anticolonialisme qui, il est vrai, était justifié à l’époque. Or, de là à accuser le Maroc de pays occupant et colonial au Sahara, il n’y a qu’un pas désastreux que les responsables algériens ont vite fait de franchir… Avant même que la France n’accorde leur indépendance en juillet 1962 aux Algériens, le Maroc avait posé officiellement en 1956 sa revendication sur son Sahara devant les Nations unies. Soit six ans auparavant et, devant la 4ème Commission de décolonisation en 1963…

Le « peuple sahraoui » fabriqué donc par l’Algérie à partir de 1973 – dix ans plus tard – et encore moins le polisario, crée la même année à Zouérate ( Mauritanie) par le DRS algérien dirigé par Kasdi Merbah, né au demeurant à Fès, et le général Viguri , homme de main de Salazar et de Franco, n’existaient même pas. Il reste que les dirigeants du polisario , potiches et marionnettes entre les mains de l’armée algérienne, sont pour la plupart originaires du Maroc ou, au pire, d’anciens étudiants des facultés du Royaume et qui, jusqu’à leur récupération par les Services de Houari Boumediene à partir de 1973, menaient des manifestations à Lâayoune notamment pour réclamer la libération du Sahara par l’Espagne et sa restitution au Royaume du Maroc.

Jamais leur marocanité, jusque-là, n’avait été mise en doute ! L’anecdote voulait que, le colonel Kadhafi, se rendant impromptu au Maroc un certain mois de Ramadan de 1984 ait rencontré, grâce au Roi Hassan II, les parents de certains membres du polisario, marocains jusqu’aux ongles et partagé avec eux le ftour, échangé longuement avec et, dans la foulée, découvert la supercherie algérienne ! Il était revenu dans son pays convaincu des mensonges algériens et décida de mettre fin au soutien impressionnant – militaire et financier – qu’il accordait au polisario…Un tournant était manifestement opéré et le gouvernement algérien s’est vu ainsi contraint , mais à quel prix, de prendre en charge ce même polisario dont les dépenses et les frais dilapident les richesses du peuple algérien.

Les dirigeants algériens se « foutent le doigt dans l’œil », à coup sûr, en persistant à croire qu’ils sont les dépositaires des « droits des peuples », en particulier celui du Sahara. Celui-ci, dans sa quasi-totalité, vit au Maroc et jouit de sa liberté totale. En revanche, les dirigeants algériens maintiennent des familles de leurs frères dans une détresse abominable, les parquant dans les camps de Tindouf , privées de médicaments en temps de Covid, de moyens d’existence décents, de liberté, avec un statut de « réfugiées » alors qu’elles sont séquestrées. Ni plus, ni moins, qui plus est le gouvernement algérien bloque depuis toujours les visites du HCR ( Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU) dans les camps pour les identifier…

La mascarade du « peuple sahraoui » fabriquée à des fins de pure propagande trouve là ses limites…

Hassan Alaoui

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