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De l’Europe à l’Afrique : le repositionnement du textile marocain

Par Hajar Ben Hosain

En 2025, l’industrie textile marocaine confirme son rôle moteur dans l’économie nationale, portée par une croissance soutenue de ses exportations vers l’Europe. Face à une concurrence mondiale intense et à des standards environnementaux de plus en plus stricts, le secteur mise sur ses avantages compétitifs tout en se tournant résolument vers le marché africain, où se dessinent de nouvelles opportunités.

En 2025, les exportations du textile marocain ont enregistré une hausse de 5 %, générant un excédent de 180 millions de dirhams par rapport à 2024. Le segment des vêtements confectionnés, pilier du secteur, affiche à lui seul une progression de 7,9 %. Majoritairement tourné vers l’international, le textile marocain repose en grande partie sur la production de vêtements et de textiles destinés aux marchés étrangers.

Selon l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH), le secteur textile-habillement présente un bilan contrasté. À fin février 2025, les exportations marocaines vers l’Union européenne atteignent 426,1 millions d’euros, confirmant la 8ᵉ place du Maroc parmi les fournisseurs de l’UE — un rang gagné par rapport à 2024. L’analyse des produits révèle un changement stratégique : les exportations de pantalons (-17 %) et de pullovers (-31 %) reculent, tandis que les ventes de robes (+22 %) et de chemisiers (+2 %) progressent, illustrant une montée en gamme vers des articles à plus forte valeur ajoutée.

En outre, l’Espagne confirme son statut de premier partenaire du textile marocain, avec une hausse de 17 % des exportations en 2025, totalisant 243,1 millions d’euros. Ce marché à lui seul capte 58 % des ventes réalisées à destination des six principaux marchés. À l’inverse, certains marchés traditionnels fléchissent : les exportations vers la France reculent de 4 % (96,4 M€), tandis que le Benelux enregistre une chute marquée de 26 % (13,2 M€), en raison d’une concurrence accrue dans la fast fashion et la réorganisation des chaînes logistiques européennes.

Lire aussi : Textile : le Maroc tisse de nouveaux liens avec l’Europe du Nord

En parallèle, le Maroc s’ouvre à de nouveaux marchés en Europe du Nord. L’AMITH mise sur une stratégie ambitieuse axée sur la qualité, la proximité et la durabilité. En partenariat avec l’organisation internationale Swisscontact, elle entend renforcer la présence du Maroc dans des marchés réputés exigeants comme la Suisse et l’Allemagne, au cœur de l’Europe germanophone.

Face à des géants comme la Chine, le Bangladesh, le Vietnam, l’Inde ou le Cambodge, qui totalisent près de 94 % des parts du marché européen, le Maroc fait figure de petit acteur avec seulement 3,2 %, selon l’AMITH. Ces pays tirent avantage d’un accès direct aux matières premières, d’un écosystème industriel intégré, d’une main-d’œuvre abondante et bon marché, ainsi que d’une forte capacité d’innovation. Leur vaste marché intérieur leur confère par ailleurs une flexibilité logistique précieuse.

L’Afrique : nouveau front de croissance

L’Afrique se trouve aujourd’hui à un tournant stratégique dans l’industrie mondiale du textile et de l’habillement. Bien que le continent ne représente qu’1 % des exportations mondiales de textile et 2 % de celles de vêtements, son potentiel pour redessiner les chaînes d’approvisionnement est considérable.

Fort de sa proximité géographique avec l’Europe, le Maroc a bâti une industrie textile performante. Mais aujourd’hui, le Royaume regarde vers le sud. Malgré un potentiel évident, le textile ne représente encore que 2 % de ses exportations vers l’Afrique, loin derrière les phosphates (66 %) et l’automobile (38 %). Dans un continent où à peine 8 % des importations textiles sont d’origine africaine, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre une opportunité stratégique : stimuler la production régionale et réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’ambition marocaine — faire du textile un levier de croissance intra-africaine, en misant sur la qualité, la compétitivité et l’élargissement des débouchés.

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