Délais de paiement : les entreprises en font les frais

L’année 2016 a été déplorable pour les entreprises marocaines. C’est ce que le spécialiste de l’assurance-crédit, le Groupe Coface, a révélé lors d’une conférence de presse, le 3 mai à Casablanca.

Si en 2016, la situation des entreprises marocaines en matière de comportement de paiement était difficile, depuis janvier 2017, elle se présente comme critique. En effet, les impayés se multiplient dans tous les secteurs.

En effet, 4 sur 10 des TPE glissent les clés sous le paillasson à cause de ces délais de paiement. 40% des défaillances d’entreprises sont causées par l’allongement des délais clients. Celles-ci ont ainsi bondi de 25% par rapport à 2015, touchant près de 7.500 entreprises. Cette tendance s’est accélérée d’octobre 2016 à janvier 2017 avec un pic de 52% d’augmentation des défaillances le premier mois de cette année, selon Coface.

Les habitudes de paiement des entreprises et les proportions de retard dans les transactions qu’elles enregistrent sont un bon indicateur de la santé d’une économie. Toutefois, l’allongement des délais de paiement révèle non seulement la mauvaise santé financière d’une entreprise mais elle est susceptible d’entraîner des réactions en chaîne sur l’ensemble de ses fournisseurs. Ainsi, l’année 2017 s’annonce difficile pour l’économie marocaine qui fait face à un ralentissement de l’activité en raison des mauvaises performances.

D’ailleurs, on n’est pas là dans une relation fournisseurs ou clients, mais on est à la fois fournisseurs et clients. Donc plus le délai est court, mieux c’est pour le client et pour l’économie marocaine.

Par effet domino, sans respect des délais de paiement, l’entreprise n’a pas de trésorerie, et dans ce cas, cela voudrait dire qu’au niveau de ses marges, elle n’est pas en mesure de les assurer aussi cela impliquerait-il que demain elle ne peut pas investir et donc ne pourra pas embaucher.

« Pour 60% des entreprises, le délai moyen de paiement se situait au-delà de 60 jours en 2016 contre 50% l’année précédente, il s’agit clairement d’une dégradation d’une situation qui était déjà mauvaise » confie à l’Economiste, Frédéric Louat, directeur général de Coface Maroc.

« L’allongement des délais de paiement a été alimenté, à la fois, par la lenteur de règlement des donneurs d’ordre publics et par les tensions de trésorerie du secteur de la construction, mais aussi le commerce.… Le fait nouveau est que nous avons vu de très grandes entreprises commencer à payer avec retard. La crise de trésorerie a touché des entreprises que l’on croyait protégées jusque-là » explique –t-il. En effet, les grandes entreprises accumulent les retards de paiement les plus longs. Il s’agit de celles issues des secteurs de la construction et des services aux entreprises.

Beaucoup d’entreprises sont parfois inquietes d’aller vers le marché public parce qu’elles pensent que les délais de paiement sont des éléments extrêmement difficiles et peuvent éventuellement être péjoratifs.

Pour Frédéric Louat une crise de liquidité survenue en octobre dernier a accéléré les retards de paiement des donneurs d’ordre public « il est probable que l’absence de gouvernement en soit à l’origine » rapporte l’Economiste.

 

 

C.O

 

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