Dépistage massif au Maroc, une éventuelle piste pour freiner la chaîne de transmission du Covid-19?

La situation épidémiologique au Maroc semble stable jusqu’à présent, le ministère de la Santé parle déjà d’un « aplatissement de la courbe », notant qu’il serait « prématuré » d’avancer des prévisions pour les prochains jours. Tandis que plusieurs experts préconisent le dépistage massif comme le seul moyen de mesurer réellement l’ampleur de l’épidémie sur le territoire national.

Au Maroc, on dénombre 735 cas positifs au coronavirus, jusqu’au moment où nous mettions en ligne cet article, alors que le nombre total des cas exclus après des résultats négatifs d’analyses effectuées au laboratoire s’élève à 2983, selon le ministère de la Santé. Un chiffre qui serait insuffisant aux yeux de nombreux experts, qui appellent au passage au dépistage massif, comme seul moyen pour lutter efficacement contre le virus.

De son côté, le Royaume commence à étendre son offre de laboratoires aux endroits les plus reculés pour ne plus recourir systématiquement aux laboratoires nationaux ou ceux des CHU.

Dans le même registre, le Maroc est aujourd’hui en train d’acquérir d’autres techniques de diagnostic plus simples que ceux des laboratoires utilisant la technique dite “PCR” (Polymerase Chain Reaction).

Récemment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé les Etats à intensifier les tests de dépistage au coronavirus (SARS-CoV-2). «Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Testez, testez, testez», alerte Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS.

Scientifiquement parlant, le diagnostic du Covid-19 au Maroc se fait comment ?

Contacté par MAROC DIPLOMATIQUE, docteur Abdelouaheb Bennani, directeur du laboratoire de biologie moléculaire à l’Institut Pasteur,  explique que « le diagnostic du SARS-CoV-2 se fait principalement par le biais de la RT-PCR en temps réel monoplexe ciblant 2 à 3 régions ou multiplexe ciblant les mêmes régions de l’ARN viral dans un seul mélange réactionnel, ou via une approche syndromique en ajoutant les amorces et sondes spécifique aux panels comprenant la vingtaine de virus respiratoires connus (Approche syndromique) ».

Il poursuit : « Des tests sérologiques sensibles et spécifiques sont également mis sur le marché comme les tests immuno-enzymatiques de type ELISA (Enzyme-linkedImmunosorbantAssay) voir même des tests rapides ou tests d’orientation diagnostic (TROD) ciblant l’antigène d’enveloppe ou les anticorps (IgA, IgM, IgG). Quoique moins sensibles que la PCR, ces tests permettent de savoir si la personne est ou a été infectée par le virus et donc donnent une vue globale sur la proportion des personnes ayant été en contact avec le virus ».

Quant aux techniques moléculaires, telle que la RT-PCR, selon la même source, « elles sont utilisées avec succès pour diagnostiquer une infection au SARS-CoV-2 ».

Interrogé sur les moyens du dépistage massif, docteur Bennani souligne qu’il s’agit de « méthodes indirectes alternatives, notamment les tests sérologiques et les TROD permettant un dépistage massif comme recommandé par l’OMS ». Ces tests constituent aujourd’hui l’unique solution pour avoir une idée sur l’impact réel de la pandémie et compléter le gap des données épidémiologiques actuelles.

Quid du dépistage massif au Maroc ?

Certains médias arabophones évoquent un nombre de 150 voire 200 tests de dépistage par jour. Toutefois, officiellement le dépistage de masse n’est pas encore effectué au Maroc, qui continue à procéder aux diagnostics ciblés via les tests moléculaires, selon le directeur du laboratoire de biologie moléculaire à l’Institut Pasteur au Maroc. « Le diagnostic par les tests moléculaires est fait de manière ciblée pour les cas suspects, les contacts des cas positifs qui, selon les chiffres ont été répertoriés mais n’ont pas été testés sinon, on aurait eu environ 9000 tests effectués à ce jour avec un taux de mortalité plus bas », souligne-t-il.

Le dépistage massif, pourrait-il freiner la propagation du virus ?

Pour docteur Bennani, « le dépistage de masse permettra de clarifier la situation épidémiologique et freiner plus rapidement la chaîne de transmission de l’infection par les porteurs non encore diagnostiqués, ainsi que de compléter les décisions stratégiques que le Maroc a adoptées pour contenir cette pandémie du siècle comme les mesures de confinement ».

Quelles sont les raisons qui seraient en train d’entraver le passage au dépistage massif au Maroc? « Cela revient au manque d’infrastructures permettant aux trois laboratoires de référence de faire un diagnostic moléculaire à plus grande échelle qui nécessite des équipements non disponibles au Maroc car l’ampleur de cette pandémie était inattendue malgré les expériences retenues à partir des épidémies précédentes, sauf pour le COVID-1 », explique docteur Bennani.

Au-delà du manque d’infrastructures, la prise de décision au Maroc semble se faire en fonction de l’évolution de la situation et chaque pays adopte la stratégie qu’il juge adéquate.

Notons que le Royaume n’a pas tardé à prendre une batterie de mesures drastiques pour endiguer le Covid-19, notamment, à travers la fermeture des écoles et des mosquées, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, la suspension des liaisons maritimes et aériennes, ainsi que la déclaration de l’état d’urgence sanitaire dans le pays.

Par ailleurs, le Maroc se place à la tête des pays ayant adopté « les mesures de confinement les plus strictes » dans leur lutte contre le coronavirus, d’après plusieurs médias à l’international.

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