Des États d’Europe centrale peu pressés d’adopter l’Euro

Des États d’Europe centrale, membres de l’Union européenne depuis mai 2004, continuent de refuser de rejoindre la zone Euro, remettant à une date ultérieure l’adoption de la monnaie unique européenne.

Si la Croatie adoptera l’Euro le 1er janvier 2023 et la Bulgarie un an plus tard (2024), la République Tchèque, la Pologne et la Hongrie refusent toujours de faire partie de la zone Euro, estimant n’avoir pas accompli totalement les conditions d’adhésion.

Interrogé à ce sujet par une radio locale, le premier ministre tchèque, Petr Fiala, nommé à la primature en mars dernier, et dont le pays assure la présidence de l’UE, a fait savoir que l’adoption de la monnaie européenne ‘’n’est pas à l’ordre du jour’’, ajoutant que ‘’la Tchéquie n’a pas encore rempli toutes les conditions nécessaires pour adopter l’euro’’. ‘’La question de la monnaie unique ne figure pas parmi les objectifs fixés par notre gouvernement’’, a-t-il estimé.

Le gouvernement tchèque, sous l’ancien Premier ministre, Mirek Topolanek, avait mis en place en 2007 un plan pour l’adoption de la monnaie européenne, mais les gouvernements successifs ont préféré le maintien de la couronne tchèque. L’introduction de la monnaie unique est réclamée depuis longtemps par de nombreux économistes ou exportateurs, a reconnu Petr Fiala, qui a annoncé que son gouvernement entendait permettre aux entreprises de tenir leurs comptes en euros.

Une majorité de la population tchèque (68%) est opposée à l’abandon de la couronne, selon les résultats d’un sondage réalisé en 2021, mais un dernier sondage en 2022 a fait changer la donne, puisque 60pc des personnes interrogées sont favorables au passage à l’Euro. Des économistes tchèques, cités par des médias locaux, affirment que l’adoption de l’Euro risque de provoquer une hausse des prix, alors que l’économie du pays subit les conséquences du conflit russo-ukrainien.

Même position de la Pologne, dont le gouvernement dirigé par les conservateurs du PiS (droit et justice), ne se presse pas à adopter l’Euro. Le vice-premier ministre et leader du PiS, Jaroslaw Kaczynski, est catégorique : Le gouvernement polonais n’adoptera pas la monnaie européenne tant que l’économie nationale n’aura pas rattrapé celle de l’Allemagne.

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Selon l’économiste polonais, Leszec Skiba, les taux de change et d’intérêt sont les éléments clés du processus d’adoption de l’euro. ‘’Rester en dehors de la zone euro est encore la meilleure solution pour certains pays’’, a-t-il déclaré à la presse, précisant que l’adhésion à la zone euro est beaucoup plus faisable pour ceux qui ont un taux de change fixe plutôt que fluctuant.

En adhérant à l’UE en 2004, la Pologne s’était engagée à adopter la monnaie unique, mais aucun délai n’avait été fixé. ‘’L’idée est que toutes les formations politiques, dont la nôtre, apportent leur garantie que la Pologne n’introduira pas l’euro avant qu’elle n’atteigne le niveau économique des pays à l’ouest de nos frontières. Notre repère, c’est avant tout l’Allemagne’’, première puissance économique européenne, a réitéré Kaczynski.

Selon un sondage, publié récemment par le quotidien Super Express, 65% des polonais se déclarent opposés à l’introduction de la monnaie européenne, contre 35% de partisans de l’adhésion à la zone euro, tandis que plus de 80% des polonais se disent cependant satisfaits de l’appartenance de leur pays à l’UE. Le bloc politique, la coalition européenne emmenée par le parti d’opposition centriste Plateforme civique (PO), plaide en faveur de l’adoption de la monnaie unique, affirmant qu’en cas de victoire aux législatives de 2023, le passage à l’Euro figurerait parmi les questions prioritaires.

La Pologne, qui est le plus grand État membre de l’UE utilisant encore une monnaie nationale (Zloty), ne devrait pas rejoindre la zone euro sous le gouvernement actuel, a affirmé Stefan Kawalec, économiste polonais et ancien vice-ministre des finances.

« Le gouvernement actuel est contre l’Euro, l’opposition y est favorable et une grande partie de l’opinion publique soutient elle aussi l’Euro, mais plus pour des raisons politiques qu’économiques’’, a-t-il indiqué.

La Hongrie, frappée cet été par une inflation exceptionnelle (15,6% en Aout dernier) emboite le pas à la Pologne et la Tchéquie, remettant à plus tard l’adhésion à l’Euro. Le gouvernement hongrois justifie ce refus par la guerre en Ukraine qui a porté un coup à l’économie puisque un euro qui coutait 350 forint avant le conflit russo-ukrainien est passé à 416 en Aout.

Selon les résultats d’un dernier sondage réalisé par eurobaromètre, relayés par des journaux hongrois, près de 70 % de la population est en faveur au passage à l’euro, alors que le gouvernement du Premier ministre Victor Orban plaide en faveur du maintien du forint pour que la Hongrie demeure maitresse de sa politique monétaire.

La Pologne, la Tchéquie et la Hongrie remplissent les critères de convergence tels qu’établis par le traité de Maastricht de 1992 et conditionnant l’entrée dans la zone euro, mais remettent à plus tard l’adhésion à la monnaie unique européenne, Bruxelles n’y fixant aucune date limite.

Avec MAP

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