Ces jeunes dont on tue l’élan

Ils sont âgés de 15 à 34 ans, ils se comptent à 11 millions et représentent un tiers de la population, pourtant ils sont marginalisés voire oubliés de la croissance. Tel est le constat alarmant du Conseil économique, social et environnemental du Maroc. Leur insertion dans la société reste un défi majeur à relever surtout qu’elle doit passer par l’emploi. A voir les chiffres atterrants du rapport annuel de 2017 du CESE, le moins que l’on puisse dire est que la situation est vraiment critique et inquiétante.

Le décrochage scolaire concerne deux jeunes marocains sur trois, le taux de chômage avoisine les 20%, la moitié de ceux qui travaillent occupent des postes à bas salaires et 75% n’ont aucune couverture sociale, dans un pays porté par une croissance favorable de 4% (contre 1,2% en 2016). Une situation bien alarmiste pour les jeunes ayant un faible niveau d’instruction et qui vivent en milieu rural, indique le rapport. Ainsi, le sentiment de frustration et de marginalisation ressenti engendre la tentation de quitter le pays pour d’autres horizons dans les meilleurs cas, autrement c’est la délinquance, la criminalité et l’extrémisme qui tendent leurs tentacules. Et comble de désarroi, le rapport officiel du Conseil avise qu’un jeune sur cinq souffre de troubles psychologiques causés par des fléaux comme l’addiction aux drogues, le tabagisme et le suicide mais aussi par des dérives qu’impliquent les réseaux sociaux et leur utilisation abusive.

C’est dire que nos jeunes souffrent d’un mal-être désespérant qui tisse sa toile dans un terreau où non seulement la formation et l’emploi font défaut, mais où l’ouverture d’esprit et l’épanouissement intellectuel ne trouvent pas de place. C’est ainsi que cette catégorie de compatriotes sombre dans la précarité dès son jeune âge. D’ailleurs, le Haut-commissariat au plan qui a tiré la sonnette d’alarme sur la situation des jeunes au Maroc, a signalé que plus de deux millions de jeunes marocains âgés entre 15 et 24 ans ne font rien au quotidien, n’ont ni formation, ni travail.

Un système éducatif à fabriquer des chômeurs

«Nous ne devons plus accepter que notre système éducatif fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs», des diplômés qui «peinent énormément à intégrer le marché de l’emploi» souligne S.M le Roi dans l’un de ses discours. Cela dit, faut-il rappeler que le système éducatif marocain s’est transformé en un appareil à produire des diplômés en décalage avec les besoins réels d’une économie en plein essor ? Force est de constater que l’enseignement dispensé à ces jeunes n’est souvent pas en adéquation avec leurs attentes ni en phase avec les besoins du marché de l’emploi. Si l’université et l’école produisent donc l’analphabétisme et l’exclusion, comment peut-on espérer qu’elles feront émerger des forces vives aptes à prendre le relais ?

Sans oublier que cela handicape l’économie marocaine et empêche les jeunes de profiter des retombées de ses performances, par ailleurs, incontestables. De fait, ces jeunes se trouvent orientés vers un avenir abstrait et chimérique.

Aussi est-il urgent d’ « offrir du concret » à ces jeunes qui ont perdu tout espoir et confiance en l’avenir. Et là, on ne peut ne pas penser au service militaire et à la décision de sa restauration pour les jeunes marocains avec tous les sens et valeurs que cela implique à savoir le vivre-ensemble, la citoyenneté et l’amour de la patrie. Or l’esprit d’appartenance ne peut avoir lieu dans un contexte où les jeunes se sentent marginalisés et laissés pour compte. Pourtant chaque citoyen, quel que soit le milieu dont il est issu, a droit aux mêmes opportunités et aux mêmes chances d’accès à un enseignement de qualité et à un emploi digne.

Notre jeunesse qui est notre vraie ressource est malheureusement notre grand mal. On passe le temps à faire des diagnostics mais qui restent sans appel au lieu de prendre cette problématique à bras le corps et passer à des mesures concrètes.

Il est impérieux donc que les acteurs et responsables concernés se penchent, sérieusement, sur cette grande problématique pour prendre d’urgence les mesures qui s’imposent afin de remédier, de façon efficiente, à ce problème épidémique et arrêter les dégâts qui risquent d’être encore plus dévastateurs. En conséquence, les grands remèdes sont nécessaires et doivent cibler une meilleure harmonisation entre la formation et les exigences du marché du travail. Réduire, de manière significative, le chômage des jeunes, leur donner une perspective de vie et un espoir d’évolution sont le défi à relever pour les rassurer et leur donner un espoir de transformation pour l’avenir en les mettant au cœur des préoccupations de tout le pays et du nouveau modèle de développement.

Nos jeunes sont l’avenir et le salut du pays. C’est pourquoi il faut leur ouvrir les portes de l’espoir, lancer des initiatives, penser à des solutions nouvelles et adéquates, bref, formuler des résolutions pratiques pour leur épargner le chômage qui constitue désormais la phobie de toute une catégorie de la société qui ne se donne plus le droit de rêver tellement l’avenir est flou.

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