Dialogue social : quels résultats du programme SOLID ?

Par Lina Ibriz

Grâce aux avancées du dialogue social, le Maroc a pu franchir une grande étape en matière de la consolidation des droits socio-économiques des travailleurs, même si tout n’est pas rose. Cependant, le Maroc fait son chemin. Une réussite, bien que parfois controversée, qui positionne le Maroc en tant qu’acteur régional clé dans ce domaine. Le travail n’est tout de même pas fini, et si l’on reproche beaucoup de choses à l’Exécutif actuel, le manque d’ambition n’en est pas une. Une ambition qui retentissait beaucoup plus fortement de l’autre côté de la méditerranée, grâce à un programme bien SOLID !

La tenue à Marrakech de la 5e ministérielle de l’Union pour la Méditerranée (UpM) sur l’emploi et le travail, à quelques jours de l’adoption de l’Accord social est vêtue d’une symbolique, bien que peut-être pas voulue, mais indéniable. Le Maroc continue à travailler dans un esprit de coopération et de partage. Leader régional dans plusieurs domaines, l’expérience marocaine pourrait servir de modèle en matière de dialogue social pour les pays du voisinage méditerranéen, notamment après les récentes avancées réalisées.

Ce n’est donc guère une coïncidence que l’Union européenne ait choisi de lancer la première phase de son programme South Med Social Dialogue (SOLID), un programme qui vise à promouvoir le dialogue social multilatéral dans la rive sud de la méditerranée au Maroc, en Tunisie et en Jordanie.

Le programme SOLID est déployé sur quatre phases : stimuler et consolider le dialogue social dans les pays cibles, soutenir les efforts des pays bénéficiaires pour un dialogue social multipartite, inclusif et structuré, traduire le programme en des plans d’action nationaux dans les pays du Sud de la méditerranée et enfin élargir la portée du projet à l’échelle régionale pour inclure trois nouveaux pays, à savoir la Palestine, le Liban et l’Algérie.

Il se base ainsi sur des études des pays ciblés afin de déterminer les besoins de chaque pays ainsi que les contraintes qui leur sont spécifiques, des visites de terrain, des séminaires et des ateliers impliquant les différents acteurs économiques et des sociétés civiles.

→ Lire aussi : Charte nationale du dialogue social: le gouvernement entame une nouvelle phase de confiance avec les syndicats

Déjà, les actions menées à ce jour au Maroc, en Tunisie et en Jordanie ont permis d’élaborer une charte qui pourrait servir de feuille de route pour les autres pays. Lors de son intervention, à l’occasion de la ministérielle de l’UpM sur l’emploi, le secrétaire général de l’UpM, Nasser Kamel, a reconnu la Charte comme un résultat majeur du programme SOLID-Dialogue social sud-méditerranéen, qui donne déjà des résultats tangibles en Jordanie, en Tunisie et au Maroc. Il a souligné que « la Charte consolide clairement la culture du dialogue social entre les parties sociales en vue d’institutionnaliser le dialogue et d’améliorer les conditions de travail dans la région, en vue d’atteindre l’objectif primordial d’une croissance économique inclusive et responsable« .

La première phase s’étant étalée sur trois ans (2016-2019), un budget de 3,75 millions d’euros, financé à 80 % par l’Union européenne et à 20 % par la Confédération syndicale internationale a été mobilisé pour la mise en place de ce programme.

Cette première phase a ainsi permis dans les pays ciblés de mettre en place les bases d’économies sociales et circulaires en se basant sur un échange d’expériences inter-méditerranéen, a indiqué lors de la 5e ministérielle pour l’emploi tenue le 17 et 18 mai à Marrakech, le le Commissaire européen en charge de l’emploi et des droits sociaux, Nicolas Schmit. Elle a ainsi permis de doter les parties prenantes du programme de développer des programmes de requalification professionnelle et de compétences focalisés notamment sur les secteurs porteurs et durables tels que le digital et l’écologie.

Par la même occasion, Schmit a réitéré l’engagement de l’UE à soutenir les pays sud-méditerranéens dans les domaines de formation, d’éducation et d’entreprenariat, aussi bien à travers le financement qu’à travers l’accompagnement et le partage d’expériences.

Dans ce cadre, il avait déclaré que : « Le chômage des jeunes est une préoccupation majeure dans la région euro-méditerranéenne. Nous devons continuer à promouvoir ensemble des politiques fortes qui aident les jeunes à accéder au marché du travail, afin qu’ils puissent prendre confiance et réaliser leur potentiel professionnel et leurs aspirations personnelles. Il est essentiel de fournir aux jeunes les compétences dont ils ont besoin pour soutenir les transitions verte et numérique, renforcer la participation des femmes à l’économie et aider les travailleurs de l’économie informelle à accéder à un emploi formel et à bénéficier d’une protection sociale adéquate« .

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